- 17 Juin 2021 - Biodôme : Actualités environnementales, Recherche scientifique, Secrets du Biodôme
Des efforts soutenus depuis 1999
SEM’AIL, un programme voué à l’éducation, la conservation et la restauration de l’ail des bois au Québec, a été créé au Biodôme en 1999. De 2000 à 2004, plus d’un million de graines d’ail des bois ont été distribuées aux propriétaires d’érablières intéressés à introduire de nouvelles colonies chez eux pour assurer la survie de l’espèce. Depuis les 20 dernières années, plus de 500 000 bulbes récoltés illégalement et saisis par les agents de la faune ont été replantés par les participants du programme SEM’AIL.
En 2010, année internationale de la biodiversité, un volet scolaire a été développé. Avec SEM’AILjr, les élèves de 3e et 4e année du primaire étaient invités à joindre l’escouade du F.B. AIL pour réaliser une mission secrète : établir une nouvelle colonie dans leur communauté. En 10 ans, SEM’AILjr et son réseau de partenaires en région ont formé plus de 2 500 jeunes ; de véritables acteurs en conservation de la biodiversité !
Une grande colonie d’ail des bois menacée de destruction
En février dernier, nos collègues du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) nous ont sollicités, car un boisé visé par un développement autoroutier abritait une colonie d’ail des bois. Soucieux d’éviter la perte de tous ces plants, nous avons proposé d’organiser une corvée de transplantation impliquant les participants de SEM’AIL.
Un appel a été lancé aux participants résidant dans un rayon de 80 km à venir récolter de l’ail des bois afin de la replanter dans leur érablière. Une cinquantaine de propriétaires ainsi que huit groupes de conservation ont répondu présents. C’est le 17 avril dernier que l’opération de sauvetage s’est déroulée.
Plonger dans l’habitat naturel
Soucieux de respecter les mesures sanitaires, l’arrivée des participants a été étalée, créant ainsi un climat propice aux échanges. Les participants, appelés à prélever eux-mêmes leurs plants d’ail au sein d’une colonie naturelle, ont pu voir de près tous les éléments qui constituent un habitat typique abritant de l’ail des bois :
- une forêt dominée par l’érable à sucre, accompagné le plus souvent du frêne, du tilleul et du hêtre ;
- les plantes compagnes : trilles blancs, trilles rouges, érythrones d’Amérique, caulophylles faux-pigamon, dicentres, uvulaires à grandes fleurs, hépatiques, etc. ;
- un sol forestier riche et meuble ;
- une microtopographie qui révèle l’affinité de l’ail des bois pour les secteurs humides, mais pas inondés.
Une meilleure connaissance de tous les aspects qui constituent l’habitat naturel de l’ail des bois permet ensuite de mieux sélectionner le site de transplantation ; un aspect clé de la réussite ! Aussi, les plants matures transplantés pourront produire des graines dès l’an prochain, permettant d’agrandir plus rapidement la nouvelle colonie établie.
Une opération d’envergure pour sauver des plants d’ail des bois
Tous les efforts déployés pour déterrer précautionneusement les plants d’ail des bois ont été fructueux : les gens sont repartis heureux, avec des lots de 250 à 350 bulbes à planter chez eux. Lorsque des plants d’ail fraîchement prélevés sont replantés rapidement dans un habitat compatible, la transplantation connaît habituellement un bon succès.
Cette opération aura permis de sauver plus de 14 000 plants d’ail des bois. Ainsi, une soixantaine de nouvelles colonies ont été créées dans des habitats propices.
Malgré le fait que la relocalisation représente un dernier recours parmi les stratégies déployées en conservation d’espèces menacées et vulnérables, l’opération de sauvetage réalisée ce printemps par les participants à SEM’AIL a permis d’illustrer l’intérêt du public pour la conservation de la biodiversité.
Cette opération a été rendue possible grâce à l’étroite collaboration établie entre les Amis du Biodôme, le MELCC et le ministère des Transports. Merci à tous !