- 20 Mai 2016 - Biodôme : Portrait d'animal
Au début de l’été, les femelles de certaines espèces de chauves-souris se regroupent en colonie dans des maternités pour la mise bas. Dans ces grottes ou mines abandonnées, le nombre de chauves-souris peut facilement doubler et compter des milliers d’individus. Comment une femelle peut-elle alors reconnaître son bébé?
Une étape à la fois
Les chauves-souris habitant dans de grosses colonies utilisent divers indices pour repérer leurs jeunes : la mémoire spatiale, le son, l’odeur, le toucher et la vue.
Repérer son petit dans l’espace
Dès son arrivée dans la grotte, la chauve-souris utilise sa mémoire spatiale. Elle sait si son petit est près de l’entrée ou au fond, à gauche ou à droite. Elle se dirige donc vers cette zone.
Vocaliser pour s’apprivoiser
Viennent ensuite les indices auditifs. Les jeunes chauves-souris sont comme les humains : elles font du bruit. Dès la naissance, le jeune babille et sa mère lui répond par diverses vocalisations. Mère et bébé apprennent très tôt à se reconnaître l’un l’autre par ce que l’on appelle un cri d’isolement. Pour localiser son petit dans la grotte, la femelle émet un cri de direction (ou d’attraction). Dans la cohue d’une colonie très dense, un bébé peut reconnaître sa mère à une distance d’un mètre juste par le son. Il répondra par un cri d’isolement, ce qui favorise le rapprochement parent-juvénile. On observe ce comportement chez deux de nos chiroptères : la petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus) et la grande chauve-souris brune (Eptesicus fuscus).
À chaque chauve-souris son odeur
Finalement, dans les derniers instants, des indices olfactifs assurent la reconnaissance du petit. En fait, les femelles et les jeunes ont de nombreuses glandes odoriférantes. Chez certaines espèces, la glande sous-mandibulaire croît de 25 % en quelques jours, après l’accouchement. Lorsqu’elle quitte la grotte, la mère frotte cette glande contre le visage de son bébé, ce qui facilite son repérage au retour. Là encore, l’odeur est légèrement différente d’une chauve-souris à une autre.
Enfin, chez notre petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus) et chez notre pipistrelle de l’Est (Pipistrellus subflavus), la mémoire tactile est importante. Juste avant de quitter son bébé, la femelle procède à son toilettage (grooming), et elle fait la même chose à son retour. Un comportement qui stimule la reconnaissance des individus, mais qui facilite aussi la défécation et la miction chez le jeune.
En fait, les chauves-souris sont comme nous. Elles se servent de leur mémoire et de leurs sens. Pour nous, ces cris ne sont qu’un mélange de bruits cacophoniques, mais pour elles, il s’agit bien d’une forme de communication.