- 16 Juin 2021 - Jardin botanique : Expérience, Coups de cœur, Secrets des plantes
Le Jardin botanique de Montréal se distingue dans le monde entier par l’expertise de ses chercheurs en phytotechnologies, cette science qui utilise les plantes pour solutionner des problèmes environnementaux. Au cours des dernières années, le Jardin botanique a eu l’idée d’établir des stations de phytotechnologies, une série de stations permettant à la fois de régler un problème auquel nous sommes confrontés, mais en même temps en faire un élément d’éducation et de démonstration pour expliquer le fonctionnement et la portée de la solution phytotechnologique utilisée. En 2019, le Jardin botanique a inauguré une première station laquelle permet de traiter les eaux du Jardin aquatique. En 2021, nous levons le voile sur une deuxième station. Cette fois-ci, le Jardin s’est intéressé au problème des plantes envahissantes qui sévissait dans le secteur situé à proximité de la Maison de l’Arbre Frédéric-Back. Au fil des années, le petit étang qui devait apporter une touche de fraîcheur et de beauté à cet endroit particulier s’est fait envahir de plantes indésirables, notamment par le roseau commun (Phragmites australis). Combattre les plantes envahissantes déjà bien installées représente un défi très complexe, et encore plus lorsque la lutte doit se faire dans un milieu aquatique. C’est pour cette raison que le Jardin botanique a opté pour une solution plus radicale en restaurant complètement ce milieu pour en faire un projet exemplaire pour la maîtrise des plantes envahissantes.
Ainsi, la construction de ce nouvel étang intègre de nombreux éléments qui sont utiles pour limiter l’intrusion de plantes envahissantes.
Des plantes indigènes comme barrière aux végétaux envahissants
La présence d’une zone densément occupée par des plantes indigènes tout autour de l’étang constitue la première barrière à l’implantation de végétaux envahissants. Cette zone apporte non seulement une riche diversité végétale qui laisse peu de place aux plantes indésirables, mais elle agit aussi comme un biofiltre qui limite le lessivage de nutriments apportés par le ruissellement des eaux de pluie. Ailleurs, on a misé sur la présence d’arbustes qui peuvent ombrager l’étang. Cela a pour effet de conserver la fraîcheur de l’eau et de nuire à l’établissement de plantes, comme notre fameux roseau, qui ont besoin de lumière pour se propager.
Des îlots végétalisés ou, si vous préférez, des matelas faits de plantes, ont aussi été installés. Cette phytotechnologie originale permet d’ajouter des éléments filtrants qui se déplacent sur l’étang au gré des vents. C’est joli, mais c’est également efficace pour rendre plus difficile le développement de plantes envahissantes qui nécessitent du soleil pour croître.
Et un peu d’ingénierie
De par sa conception, le nouvel étang devrait aussi limiter l’intrusion de plantes envahissantes. Les berges sont plus abruptes et l’eau est oxygénée par la présence d’une cascade qui comporte des filtres de sable aidant à retenir le phosphore.
Autre fait à souligner, l’eau de cet étang circule en circuit fermé. Elle se déverse dans un petit ruisseau qui coule à la frontière du jardin ombragé puis elle est pompée jusqu’à la cascade pour revenir à son point d’origine.
Au cours des prochaines années, ce nouvel équipement fera l’objet d’échantillonnages et d’analyses par l’équipe de recherche du Jardin botanique. Ces interventions devraient permettre de suivre son évolution et d’apporter des corrections si nous le jugeons nécessaire.