- 19 Juillet 2013 - Insectarium : Actualités entomologiques
Cette année, l’état de New York est témoin de l’émergence massive des trois espèces de cigales périodiques qui ont un cycle de vie de 17 ans. Il y a quelques semaines, je me suis rendu sur la côte est des États-Unis pour observer ce phénomène unique et magique. Dans ce premier billet, je vous rapportais mes observations. Dans celui-ci, voici quelques explications sur cette émergence qu’on ne reverra que dans 17 ans!
Il existe sept espèces de cigales dites périodiques : quatre espèces ont un cycle de 13 ans, alors que les trois autres en ont un de 17. On nomme également ces cigales « cigales 13 ans » ou « cigales 17 ans ». En 1928, un dénommé William T. Davis, alias « l’homme cigale », a changé le nom du genre de ces espèces de Tibiceni à Magicicada. Ce printemps, les trois espèces de « cigales 17 ans » ont émergé simultanément (Magicicada septendecim, Magicicada septendecula et Magicicada cassini).
Un développement bien discret
Ces cigales se développent sous terre pendant 17 ans : ni vues ni connues. Ce qui se produit cette année de la Caroline du Nord au Connecticut, c’est l’émergence ou la sortie du sol des nymphes qui s’y développaient depuis 1996. Les femelles de l’époque ont pondu des œufs sur les branches des arbres, à l’intérieur d’encoches qu’elles auront elles-mêmes pratiquées. Après quelques semaines, il y a eu l’éclosion de minuscules nymphes. Elles se sont laissées tomber au sol pour s’y enfouir à une profondeur d’environ 30 cm. De là, elles ont entrepris leur croissance en se nourrissant de la sève au niveau des racines. Pendant ces 17 ans, elles ont traversé cinq stades de développement avant d’être finalement prêtes à la dernière mue au stade adulte.
Une reproduction qui ne passe pas sous silence
Lorsque la température grimpe au-dessus de 17 °C, les nymphes commencent la fabrication de cheminées d’émergences par lesquelles elles sortiront du sol. Parfois, elles sont des milliers en même temps! Elles grimpent rapidement sur un substrat (tronc d’arbre, branche ou autre), pour s’immobiliser et effectuer la dernière mue dite imaginale. L’adulte nouvellement transformé restera immobile de quatre à six jours : c’est ce qu’on appelle stade ténéral. Par la suite, commence la cacophonie! Une fois le stade ténéral passé, les mâles fonctionnels entreprennent leur cour. À l’aide de deux timbales situées sous leur abdomen, ils produisent un son caractéristique dans le but d’attirer une femelle de leur espèce. Une femelle réceptive le laissera paraître en produisant un clic. Ce clic, à son tour, engendre un deuxième chant du mâle qui signale ainsi son approche. Un deuxième clic de la femelle engendrera un troisième chant du mâle signifiant qu’il passe à l’action. Ce qu’il y a de spectaculaire, c’est que le chant d’un seul individu peut atteindre près de 100 décibels. Imaginez quand des milliers décident de s’unir pour chanter!
Mission accomplie
Les mâles peuvent s’accoupler plus d’une fois, alors que les femelles ne s’accouplent qu’à une seule occasion. Après avoir fécondé une femelle, le mâle obstrue son orifice avec un bouchon, afin que seuls ses gènes soient distribués dans la nature. Ensuite, il partira à la recherche d’autres femelles à féconder. Les femelles, qui peuvent produire jusqu’à 600 œufs, entreprendront la recherche de différents sites de pontes. En quelques semaines, les mâles fécondent le plus de femelles possible et ces dernières pondent le plus d’œufs qu’elles le peuvent. Une fois la chose faite; c’est mission accomplie. La prochaine chorale produite par cette descendance sera en 2030. C’est un rendez-vous!