Des échanges internationaux de semences

Chaque année, la Fête des semences de Montréal est un événement incontournable pour celles et ceux qui sont passionnés par les plantes. C’est une excellente opportunité de mettre en valeur le travail colossal effectué par les semenciers et semencières locaux, qui œuvrent à préserver la diversité génétique d’une foule d’espèces et variétés végétales. C’est aussi l’occasion de revisiter l’importance que nous attribuons aux semences au sein de nos vies.

Du côté de l’équipe de gestion des collections du Jardin botanique de Montréal, on peut dire que l’importance attribuée aux semences est très grande. On les affectionne, car elles nous permettent entre autres de diversifier nos collections de plantes autant dans les jardins extérieurs que dans les serres d’exposition. Dès le mois de décembre, et jusqu’en mars, nous recevons des centaines d’Index seminum provenant majoritairement d’Europe, mais aussi d’un peu partout à travers le monde.

Qu’est-ce qu’un Index seminum?

Index seminum est le terme latin pour désigner une liste de semences. Elle est dressée par des institutions scientifiques, tels un jardin botanique ou une université. Un peu dans le même ordre d’idées qu’un catalogue de semences offert par les différents semenciers et semencières du Québec. Toutefois, contrairement aux catalogues conventionnels destinés au grand public, ces Index sont dépourvus d’images et de conseils de culture. De façon générale, tout ce qu’on y trouve est le nom latin de la plante ainsi que son origine (prélevée en nature ou non). Les Index seminum sont au cœur d’un programme informel d’échange de semences au niveau mondial, mis en place avec la création des premiers jardins botaniques il y a plusieurs décennies. Le tout premier Index seminum du Jardin botanique a vu le jour en 1936, quelques années après la fondation du Jardin en 1931!

Un programme d’échange de semences en deux volets

Les échanges de semences se font dans un esprit de coopération et d’entraide entre les différentes institutions botaniques à travers le monde et se font uniquement à des fins éducatives, de collection, de conservation et/ou de recherche et n’ont aucune valeur commerciale. Au Jardin botanique, nous nous occupons de la réception de nombreux Index seminum internationaux ainsi que de la production de notre propre Index.

Les institutions botaniques participantes se conforment au code de conduite et aux règles de l’IPEN (Réseau international d’échange de plantes), notamment en respectant l’interdiction de vendre du matériel végétal obtenu par le biais des Index seminum.

Les différents échanges à travers le monde

Les Index seminum permettent un accès privilégié à la flore mondiale. Les Index reçus au Jardin botanique sont mis à la disposition de l’équipe d’horticulture qui effectue leurs commandes en fonction des collections sous leur responsabilité. Ces échanges, à but non commercial, constituent un moyen avantageux de développer nos collections végétales. De plus, il s'agit souvent de l’unique accès à des espèces sauvages impossibles à trouver sur le marché.

Les Index seminum contribue à l’implantation des trois objectifs de la Convention sur la diversité biologique, soit “la conservation de la diversité biologique; l'utilisation durable des éléments de la diversité biologique ainsi que le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques”. ¹

L’Index du Jardin botanique de Montréal

La grande récolte de semences indigènes du Québec prend place aux deux ans et sert à alimenter notre Index seminum. Cette liste est constituée de semences indigènes du Québec récoltées en milieux naturels. La production de notre Index implique plusieurs tâches : récolte, identification, nettoyage, conservation, enregistrement et envoi de centaines de sachets de semences dans différents pays (République tchèque, Espagne, Norvège, Allemagne, Géorgie, Ukraine, Corée du Sud, Bulgarie, Italie, etc.). Ces envois vont uniquement à des institutions scientifiques participant au programme d’échange de semences dans une optique de recherche, d’éducation et de conservation.

Les semences, bien que toutes petites, détiennent un grand rôle dans la conservation de notre patrimoine végétal. En plus, jardiner à partir de semences est un défi qui procure une satisfaction dont on ne devrait pas se passer.

Référence :

¹ Gouvernement du Canada, Convention sur la diversité biologique: https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/organisation/affaires-internationales/partenariats-organisations/convention-diversite-biologique.html