- 31 Juillet 2018 - Espace pour la vie : Rencontres humain-nature
Espace pour la vie se penche cette année sur la notion de l’habitat. En ce sens, l'organisme met sur pied des Rencontres humain-nature, occasions uniques d’entrer en contact avec notre environnement et de mieux comprendre avec qui nous le partageons. Accompagnées des spécialistes Jean-Philippe Gagnon, biologiste et ornithologue passionné, Catherine Guastavino, chercheure spécialisée en psychoacoustique, Romain Dumoulin, acousticien et Marika d'Eschambeault, biologiste, une cinquantaine de personnes ont vécu la « Promenade à l’aube » le 14 juillet dernier, où le sens de l’ouïe était à l’honneur.
Arrivés avant le lever du jour, les participants ont été invités à se déconnecter de leurs appareils électroniques dès l’accueil sur le site du Jardin botanique avant d’entreprendre leur périple. « L’accueil était important, souligne Jean-Philippe Gagnon, parce qu’il fallait se prédisposer à ce que l’on proposait. On invitait les gens à déconnecter pour connaître une expérience enveloppante et intime. »
Au cours d’une marche qui aura duré près de deux heures, les participants se sont déplacés entre huit stations où ils pouvaient découvrir différents paysages acoustiques. « On leur demandait de se concentrer sur trois différentes sources de sons », poursuit Jean-Philippe Gagnon.
« La première, ce sont les bruits de la nature, comme le chant des oiseaux ou des grenouilles par exemple. Ce sont des bruits générés volontairement, le plus souvent par des animaux. Il y a ensuite les sons d'origine physique, comme celui que provoque le vent dans les branches d’un arbre ou le ruissellement d’un cours d’eau. On ne parle pas ici de sons produits par une volonté, mais plutôt du résultat de l’interaction entre différents éléments de la nature. Puis, il y a ceux faits par les humains, que ce soit par la voix, les machines, la ville.»
Au cours de leur déambulation, chacun était appelé à expérimenter la capacité de l’oreille humaine à positionner les sons dans l’espace, à apprécier les nuances des sons qu’il entendait et à mieux comprendre comment les caractéristiques physiques de l'endroit où l’on se trouve influent sur les sons. En débutant la marche à la noirceur, on pouvait très bien entendre l’évolution des sons en lien avec le niveau de lumière. Par exemple, les oiseaux chantent plus fort lorsqu’il fait nuit et les humains, eux, parlent plus doucement comme ont pu le constater les participants !
«L’avantage d’être accompagné par des professionnels, c’est qu’on pouvait diriger l’écoute des gens vers des sons auxquels ils n’auraient pas nécessairement porté attention. On peut percevoir plus loin que nos alentours immédiats. Quand on demande à quelqu’un d’écouter le chant d’un cardinal ou d’un chardonneret qu’il n’arrive pas à voir et qu’ils finissent par l’entendre, c’est un sourire assuré.»
Les participants ont beaucoup apprécié leur expérience. Certains ont pris conscience des différents types de bruits qui nous entourent et ont exprimé la volonté de faire quelques changements dans leur environnement pour épurer un peu les « bruits » du quotidien. En suivant ainsi la levée du jour en tendant l’oreille, d’autres participants ont dit ressentir une grande détente. Peut-être parce que l’exercice s’ancre tellement dans le moment présent et que la levée du jour se fait tout en douceur… On dit que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, c’est peut-être vrai !
Quelques trucs pour écouter la nature
Vous avez manqué cette aventure, mais vous aimeriez prendre le temps d’écouter la nature? Voici quelques trucs proposés par Jean-Philippe Gagnon.
1) Se préparer : mettez-vous dans un état propice à l’écoute en étant le plus silencieux possible.
2) Fermez les yeux : notre cerveau a tendance à nous faire percevoir les sons qui proviennent de ce que l’on regarde. En fermant les yeux, on réussit davantage à entendre tout autour de nous.
3) Partez de bonne heure : la nature s’éveille tôt! Aussi, cela vous permet de profiter d’un environnement sonore qui n’est encore pas trop perturbé par les voitures et le brouhaha humain.