- 11 Décembre 2018 - Jardin botanique : Coups de cœur
Lorsqu’on pense à l’agriculture, on imagine souvent des champs à perte de vue. Cette vision pourrait bientôt changer grâce à une méthode qui allie écologie et économie : l’agroforesterie.
L’agroforesterie consiste en l’association intentionnelle d’arbres et d’arbustes à des cultures ou des élevages dans le but d’en récolter des bénéfices économiques, écologiques et sociaux. Elle est pratiquée dans de nombreux pays à travers le monde.
Certaines approches existent au Québec depuis des années alors que d'autres sont plus récentes. Ici, on voit surtout des haies agroforestières — de longues bandes d’arbres le long de champs ou de cours d’eau. Les systèmes agroforestiers intraparcellaires — où l’on intercale des plantations d'arbres avec des cultures — et les systèmes sylvopastoraux — où l’on place des arbres dans des prés voués au pâturage — sont encore rares, mais risquent de devenir plus populaire pour tempérer les effets des changements climatiques.
Plusieurs experts croient, en effet, que l’on devrait miser davantage sur cette pratique. Les importants bénéfices qu’on en retire expliquent pourquoi.
D’abord pour la qualité des sols et de l’eau. Les arbres ralentissent le vent et retiennent la terre, ce qui limite l’érosion éolienne et hydraulique des champs et des berges. Leurs racines vont aussi récupérer des engrais plus profondément dans le sol que les plantes, ce qui protège les nappes phréatiques.
Ensuite, c’est rentable. On économise rapidement différents coûts, comme le chauffage des bâtiments, le déneigement des allées et l’entretien des fossés qui peuvent s’endommager lors de forts épisodes pluvieux. De plus, l'agroforesterie abrite les cultures contre des conditions climatiques extrêmes comme les vents violents et la sécheresse en aidant à maintenir l’humidité ambiante. Les arbres peuvent rapidement grandir et représenter une source de bois de qualité à haute valeur et certains produisent des fruits et des noix, ce qui permettrait de diversifier les sources de revenus des agriculteurs.
Et il ne faudrait surtout pas oublier que ces plantations sylvicoles favorisent la biodiversité utile aux cultures (oiseaux, pollinisateurs, autres insectes prédateurs) et la qualité de vie dans les régions rurales.
Devant tous ces bénéfices, on est en droit de se demander pourquoi la pratique n’est pas plus répandue. C’est que si les avantages sont clairs à long terme et pour l’ensemble de la collectivité, ceux pour les entreprises individuelles, surtout concernant la rentabilité annuelle, sont moins assurés. Il faut donc continuer à offrir des programmes d’aide aux agriculteurs afin de favoriser l’adoption de pratiques agroforestières et profiter de tous les dividendes qu'elles peuvent générer.