Peut-être avez-vous remarqué la présence d’un papillon d’une grande beauté l’été dernier... Il est difficile à manquer : le grand porte-queue est le plus grand papillon diurne d’Amérique du Nord.
Une équipe de chercheurs dont fait partie Maxim Larrivée, le directeur de l'Insectarium, vient de démontrer qu’en raison des changements climatiques et du réchauffement du climat, ce papillon a augmenté la limite nord de sa répartition plus rapidement qu’aucune autre espèce de papillons. Un article publié au début du mois de mars 2021 démontre qu’en 18 ans la répartition géographique du grand porte-queue s’est agrandie de 324 km vers le nord. Un phénomène remarquable en soi, car il s’agit d’une vitesse 27 fois supérieure à la vitesse de déplacement habituelle d’un organisme affecté par les changements climatiques.
Des problèmes de reproduction à l’horizon pour ce papillon
Toutefois, si le climat est maintenant favorable à la survie de ce papillon plus au nord, il n’en va pas de même pour sa plante-hôte, le frêne épineux, dont se nourrissent les chenilles. En effet, le frêne épineux ne se déplace pas comme le grand porte-queue. À moyen terme, cela pourrait même devenir un problème d’adaptation aux changements climatiques pour ce papillon et toute autre espèce, dont les plantes-hôtes ne s’adaptent pas au même rythme.
Une première découverte du grand porte-queue en 2012 au Jardin botanique
Dès 2012, au moment de l’expansion vers le nord du grand porte-queue, l’équipe de l’Insectarium avait découvert quelques spécimens dans l’enceinte même du Jardin botanique. Six chenilles avaient été retrouvées et s’étaient métamorphosées. Cette nouvelle sur la présence au Québec du plus grand papillon d'Amérique du Nord avait alors fait le tour du monde.
Le grand porte-queue est depuis établi au sud du Québec. Chaque été, les Québécois.es peuvent l’observer. Sa taille et sa beauté ne laissent personne indifférent. Certains grands porte-queues ont même été observés en Abitibi et en Gaspésie, régions situées bien au-delà de la répartition du frêne épineux et donc sans possibilité pour le papillon de compléter son cycle de vie.
Un projet de recherche impossible sans la science participative
Les données de l’étonnant voyage du papillon ont été récoltées grâce à la participation de citoyennes et citoyens passionnés de papillons. En effet, les informations utilisées pour cette étude viennent en grande partie du projet de science participative eButterfly.
L’article « Climate Change and Local Host Availability Drive the Northern Range Boundary in the Rapid Expansion of a Specialist Insect Herbivore, Papilio cresphontes » a été publié le 2 mars 2021 dans le journal scientifique Frontiers.
Où trouvent-on les frênes épineux au jardin botanique de Montréal et sont-ils attaqués par l'agrile du frêne ?
Merci
Où peut-on se procurer des graines ou plantes de frêne épineux, pour en planter le long des berges du Saint-Laurent à Verdun ? (et peut-être ailleurs au Québec)
Il faut souligner que le frêne épineux n'est pas nécessairement une plante que l'on veut avoir près des maisons... Il produit des huiles photo-toxiques qui peuvent causer des brulures importantes, en plus d'avoir des épines très dures qui ne pardonnent pas lorsque l'on entre dans un bosquet!
Est-ce qu’on doit informer si on en voit? J’en ai vu à 3 reprises dans mon jardin depuis le début du mois d’août. Il est magnifique et ne cesse jamais de battre des ailes quand il butine mes phlox et mes echinacés
Bonjour Guylaine, vous pouvez soumettre vos observations via le projet de science participative eButterfly: https://www.e-butterfly.org/fr
Aujourd’hui le 15 août, je vois ce magnifique spécimen logé sur une feuille d’érable où il s’est posé et je l’observe depuis 20 minutes!