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La châtaigne d’eau : exotique, envahissante et sournoise

Début d’une colonie de châtaignes d’eau (Trapa natans) dans un herbier aquatique – Pointe-au-Sable 2020
Credit: Espace pour la vie (Pascale Maynard)
Start of a water chestnut (Trapa natans) colony in an aquatic plant community – Pointe-au-Sable, 2020
  • Start of a water chestnut (Trapa natans) colony in an aquatic plant community – Pointe-au-Sable, 2020
  • Two water chestnut (Trapa natans) rosettes well concealed among Brasenia plants – Ile Jones, 2020
  • Dense mat of water chestnut (Trapa natans) – Baie de Carillon, 2020
  • Water chestnut (Trapa natans) rosettes bearing nuts in the fall – Voyageur Provincial Park, Ontario, 2013
  • Water chestnut (Trapa natans) rosette with fruits (nuts) developing – Baie de Carillon, 2020
  • Nuts, submerged leaves and floating rosette of the water chestnut (Trapa natans) – Voyageur Provincial Park, Ontario, 2007
  • Nuts of the water chestnut (Trapa natans) – Voyageur Provincial Park, Ontario, 2013
La châtaigne d’eau : exotique, envahissante et sournoise

Ces belles petites rosettes de feuilles flottantes paraissent inoffensives, et pourtant! Comme de nombreuses espèces aquatiques envahissantes, la châtaigne d’eau (Trapa natans) prolifère rapidement, se répand aisément et colonise à grande vitesse les lacs et cours d’eau. Cette espèce exotique s’installe sournoisement et peut, en un rien de temps, dominer la végétation indigène au détriment des habitats naturels.

L’intruse

Originaire d’Eurasie, la châtaigne d’eau a été introduite comme plante ornementale aux États-Unis vers la fin des années 1870. Elle s’est d’abord propagée dans les États du nord-est. En 1998, elle a été repérée de ce côté-ci de la frontière dans la rivière du Sud, un affluent de la rivière Richelieu. Depuis, on la retrouve au Québec à différents endroits, dont le long de la rivière des Outaouais.

Une plante facile à repérer

Si vous observez la châtaigne d’eau sur un lac, vous ne pouvez pas vous méprendre! Cette plante est facilement reconnaissable grâce à sa rosette flottante caractéristique qui peut atteindre plus de 30 cm de diamètre.

Ses petites feuilles triangulaires, formant la rosette, sont munies de renflements spongieux qui lui servent de flotteurs. En juillet, cette plante annuelle produit de petites fleurs blanches qui donneront naissance à des fruits appelés « noix » ou « châtaignes ». Ces fruits, qui n’ont rien en commun avec la châtaigne d’eau utilisée en cuisine asiatique, mesurent de 3 à 4 cm et portent quatre épines très pointues leur donnant une allure menaçante.

Une championne de la dispersion

La propagation de cette plante aquatique exotique est d’une redoutable efficacité!

Chaque plant issu d’une noix peut produire jusqu’à 15 rosettes. Chacune peut à son tour produire 15 à 20 noix. Donc, avant la fin de la saison, une seule plante peut potentiellement produire jusqu’à 300 noix qui lui permettent de survivre à l’hiver.

De plus, lorsqu’une des rosettes est séparée du plant mère, elle poursuit sa croissance et se fixe à son tour dans les sédiments.

À la fin de la saison, les rosettes flottantes se détachent et partent à la dérive, entraînant les noix au gré des vents et des courants.

Les pêcheurs et plaisanciers participent bien malgré eux à sa dispersion. Les longues tiges de la châtaigne d’eau s’empêtrent dans le moteur des embarcations et les noix se prennent dans les cordages ou l’équipement des pêcheurs.

La plante est une « adversaire » coriace : ses noix peuvent rester dans les sédiments pendant 12 ans avant de germer! On comprend pourquoi le combat risque de s’avérer très long si une infestation n’est pas contenue rapidement.

Des impacts dévastateurs

La châtaigne d’eau est loin d’être inoffensive! En formant des tapis flottants excessivement denses, la plante réduit la biodiversité végétale et animale et rend les activités comme la navigation, la pêche et la baignade pratiquement impossibles. De plus, les noix dures et épineuses présentes au fond de l’eau ou sur le rivage peuvent blesser les baigneurs.

Quelques moyens pour la contrer

  • Apprenez à la reconnaître.
  • Ne la plantez pas dans un jardin aquatique.
  • Évitez de naviguer dans les secteurs où on la retrouve.
  • Inspectez et nettoyez toujours votre embarcation et votre équipement à la sortie d’un cours d’eau et avant de les remettre à l’eau. Ne rejetez jamais la plante à l’eau.
  • Si vous observez quelques plants, ramassez-les. Si la colonie est importante, avisez la municipalité ou la MRC et inscrivez votre observation sur l’outil Sentinelle.
  • Participez aux corvées d’arrachage de votre région.

Pour en savoir plus :

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