- 26 Juin 2018 - Biodôme : Portrait d'animal
Connaissez-vous la marmette? Peu connue du grand public, c’est pourtant une espèce très importante de l'avifaune marine du golfe du Saint-Laurent et de toute la côte Est canadienne. Outre le Biodôme, l’île Bonaventure s’avère être le site idéal pour l’observer dans son habitat naturel. À condition de respecter certains conseils…
Les pingouins et les manchots
Le Guillemot marmette (que l'on appelle généralement et plus simplement marmette) fait partie des alcidés, une famille méconnue d'oiseaux marins des eaux froides de l'hémisphère Nord. Seules certaines espèces de cette famille méritent le terme de pingouin. L’usage français courant qui associe le terme « pingouin » aux manchots (sphéniscidés), est erroné, ces derniers provenant de l’hémisphère Sud. En effet, bien qu’il y ait certaines ressemblances entre les deux familles, elles n’ont aucun ancêtre commun et ces similitudes sont plutôt le résultat d’une convergence évolutive. Chaque famille s’est adaptée à un environnement et des ressources semblables dans les deux hémisphères.
L’île Bonaventure, le meilleur site d’observation des marmettes au Canada
La marmette (Uria aalge) n'est pas un oiseau facile à observer puisqu'il passe de 8 à 9 mois en haute mer. On peut toutefois assister à des spectaculaires rassemblements au moment de sa reproduction, près des côtes. Les marmettes se retrouvent alors par dizaines de milliers en colonies, soit dans des falaises insulaires, soit sur des terrasses rocheuses d'îles éloignées des côtes. Ils partagent souvent leur aire de reproduction avec d'autres oiseaux marins, comme c'est le cas à l'île Bonaventure (parc national de l'île-Bonaventure-et-du Rocher-Percé). Il s'agit d'ailleurs du meilleur site d'observation de marmette dans le golfe Saint-Laurent et même au Canada. Outre le fait que ce site abrite la plus importante colonie de marmette du golfe Saint-Laurent (plus de 30 000), on peut également y voir d'autres espèces d'oiseaux marins qui viennent nicher par milliers (les petits pingouins et les mouettes tridactyles mais surtout les 120 000 fous de bassan). D’autre part, le site est très accessible par le réseau routier et les infrastructures du parc national (navettes batelières, sentiers et naturalistes de parc) permettent d’avoir des conditions d’observation optimales.
Quelques conseils pour bien observer les marmettes à l’île Bonaventure
- Évitez la navette directe et privilégiez celle qui vous permettra de faire le tour de l'île car les marmettes sont difficilement visibles à partir de l'île. Elles nichent toutes dans les falaises.
- Assurez-vous d'être tôt en saison (jusqu'à la troisième semaine de juillet environ), car les poussins ne restent pas plus de trois semaines au nid.
Un départ précipité
Les poussins marmettes quittent le nid alors qu'ils ne font que 250 g (25% de leur poids adulte). Le départ se fait toujours au crépuscule et ils quittent à peu près tous le même soir afin de réduire la prédation par les goélands (goélands argentés et goélands marins). Le phénomène est toujours assez saisissant et est bien connu des bateliers et des naturalistes du parc. Un jour, des milliers de marmettes s'activent dans les falaises, autour des bateaux et en mer, le lendemain, au même endroit, il ne reste que le spectacle, éblouissant certes, des fous de bassan et les passages piailleurs des mouettes tridactyles, mais il manque les notes noires et blanches de ces petits oiseaux au vol rapide. De grands pans de falaises semblent s'être vidés de leurs locataires, laissant des espaces vides. Le spectacle de la colonie a alors perdu une de ses voix qui rendaient la symphonie si harmonieuse.
À suivre dans mon prochain billet : Pourquoi les marmettes sont-elles si pressées de quitter leur lieu de nidification ?
Merci à Jean-François Rail du Service canadien de la Faune et à Mélanie Sabourin et Rémi Plourde du parc national de l'île-Bonaventure-et-du Rocher-Percé pour leurs contributions.