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La philosophie du « chez soi » humain

Meneham (Finistère Nord, France)
Credit: CC Stuart Mudie - Flickr
Meneham (North Finistere, France)
La philosophie du « chez soi » humain

On associe à chaque espèce animale un type d’abris bien précis. Mais qu’en est-il d’Homo sapiens? Des philosophes et géographes se sont penchés sur cette question. Voici ce que trois d’entre eux en pensent.

Petite histoire de l’habitation

Dans « Histoire de l’habitat idéal, de l’Orient vers l’Occident », paru en 2010, le philosophe français Augustin Berque détaille comment nos villes et villages se sont assemblés au cours des 3000 dernières années. Il en arrive à un constat paradoxal. Les humains ont aujourd’hui adopté l’habitation individuelle comme modèle, mais cherchent à se rapprocher de la nature en même temps. Or, pour construire les routes et les villes qui soutiennent ce modèle, ils la détruisent.

Selon lui, ce mode de vie individualiste, qui s’appuie sur la surconsommation des ressources, ne saura être viable à long terme.

36 maisons

Le géographe Jacques Pezeu-Massabuau remet aussi en question notre mode de vie dans son essai «Trente-six manières d’être chez soi », publié en 2014.

L’auteur y souligne d’abord l’importance pour un humain de pouvoir désigner un lieu comme étant son « chez-soi ». Un endroit où on se réfugie. Il démontre ensuite comment ce « chez-soi » est devenu pluriel pour certains : il prend tantôt la forme d’un appartement, d’une voiture, d’une chambre d’hôtel, etc.

Selon lui, en se construisant autour de la voiture et des autres modes de transport, la société a fait en sorte de multiplier les lieux que l’on habite.

Un peu de poésie

Cette façon de vivre basée sur de multiples déplacements n’avait pas lieu d’être au début du 19e siècle lorsque le poète allemand Friedrich Hölderlin publia l’essentiel de son œuvre sur la question. Ses réflexions demeurent toutefois bien actuelles.

Fuyant le matérialisme, ce philosophe avait placé des considérations autres qu’économiques au centre de son existence. Selon lui, ceux qui accordent de la valeur aux biens qui meublent leur environnement passent à côté de l’essentiel. La vraie richesse, selon lui, se trouve dans les éléments de beauté que la nature a à présenter.

Il avait d’ailleurs suggéré que cette façon d’accorder de l’importance à la nature amènerait la société à s’intéresser plus à la préservation de l’environnement.

Comme le soulignent les auteurs, la richesse associée à un « chez-soi » n’a pas d’importance aux yeux de ses habitants, qu’ils habitent une hutte ou un palais. L’important, c’est d’avoir un endroit à soi. Reste que selon eux, ce besoin a aujourd’hui conduit à des dérives qui éloignent l’humain de la nature…

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