- 4 Avril 2014 - Espace pour la vie : Ambassadeurs
En créant le Camp de base de la mission 1 000 jours pour la planète, Espace pour la vie a lancé un mouvement pour la biodiversité. Les ambassadeurs, des gens qui ont décidé d'afficher un geste qu'ils posent pour la planète, sont si inspirants que nous voulons partager avec vous leur histoire. Qui sait, peut-être serez-vous inspiré et deviendrez-vous à votre tour un ambassadeur!
Charlotte a douze ans. La ruelle qui l'a vu grandir est un lieu d'échange. Entre la 17e et la 18e Avenue, dans Rosemont, les voisins forment une communauté, et une dizaine de familles se troquent leurs vêtements au fur et à mesure que poussent leurs enfants.
Des trésors qu'on s'échange
Dans le logis de la famille Fournier-Sauvé flotte une odeur sucrée. Aurèle, le petit frère de Charlotte, est affairé à surveiller la cuisson des biscuits qu'il a confectionnés le soir de l'entrevue. Alice, sa petite sœur, enchaîne d'une explication : « Ce sont des biscuits qu’on donnait aux soldats en Australie quand ils partaient en expédition, au cas où ils se perdent ». Décidément, aider son prochain est une valeur bien ancrée chez ces trois mousses allumés. Guillaume, leur père, me raconte que la naissance du mouvement de partage de vêtements a eu lieu alors que sa copine et une amie d'université étaient enceintes, à un peu plus d'un an d'intervalle. Les échanges de vêtements de maternité se sont métamorphosés en dons de vêtements pour bébé. Puis, l’idée est sortie des bancs d'école pour devenir contagieuse auprès des familles de la ruelle qui commençaient à se connaître. Depuis, la venue de la prochaine poche de linge est attendue comme si un trésor était déposé sur le balcon avant la rentrée scolaire. Dans le logement de la 17e Avenue, ce moment festif est synonyme d'excitation. On fouille d’abord pour trouver la perle rare, puis on parade ses nouveaux morceaux. « Les échanges se font naturellement », m'explique Charlotte. « Quelqu'un arrive chez nous sans rendez-vous, avec un sac de vêtements. »
Effet boule de neige
Ce moment est celui qui marque le début de la vague! Le premier don génère le signal qu'il est temps de constituer la poche de linge à offrir avant que les autres familles n'aillent magasiner des vêtements neufs. Puis, il y a les déchirements : les morceaux tant adorés dont on se départit avec difficulté. « Ce chandail, je l'aimais tant. Je ne voulais pas le donner. Puis, je me suis dit que ça allait faire le bonheur de quelqu'un d'autre. Lorsque j'ai vu la personne qui le portait ensuite, j'ai trouvé ça beau! », ajoute joyeusement Charlotte. Lorsqu'un enfant à un besoin particulier, il peut également écrire un courriel au groupe pour s'informer de la disponibilité. « C'est l'fun de donner et de recevoir, mais surtout de se sentir à l'aise de demander ». C'est à la suite d'une visite au Camp de base/1000 jours pour la planète que Charlotte a eu l'idée de rassembler ses copains au cœur de la ruelle enneigée afin d'immortaliser sur photo l'action des membres du groupe. Ambassadrice de toute la bande, elle a décidé d’afficher ce geste qu'elle juge important sur le plan environnemental : « Ça réduit le nombre de vêtements achetés, donc la consommation. C'est aussi moins cher! »
Plus profondément, le partage semble habiter la gamine. Elle commence à réfléchir à un métier, comme celui d'enseignante, qui lui permettrait de continuer à être entourée de gens, tout en communiquant à d'autres sa passion pour l'apprentissage. Avant tout, c'est parce que les familles de la ruelle ont appris à se connaître, à coup d'apéros et de fêtes de ruelle, qu'il est maintenant possible pour elles de donner au prochain aussi naturellement. Et si la joie d'investir son quartier en compagnie de ses voisins est un remède à l'isolement urbain?