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Le hocco à corps étrangers…

Hocco à pierre
  • Hocco à pierre
  • Le sou noir digéré
  • L'équipe de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal
Le hocco à corps étrangers…

Fier et grand, le hocco à pierre ne laisse aucun visiteur du Biodôme indifférent. Cet oiseau à la démarche altière qu’on distingue grâce à son casque bleu gris a donné toute une frousse à notre équipe vétérinaire. Voici l’histoire de son sauvetage peu ordinaire!

Le hocco à pierre, omnivore invétéré

Le hocco à pierre passe ses journées à fouiller et fourrager pour trouver des fruits et des graines tombés des arbres, des bourgeons, des feuilles, mais aussi des insectes et des petits mammifères. Il mange un peu de tout, sauf que sa nature fouineuse lui cause parfois quelques tracas! Plusieurs d’entre nous savent que les canards peuvent ingérer des plombs de chasse ou de pêche en pensant que c’est du gravier, et ensuite être atteints de saturnisme (intoxication au plomb). De la même façon, notre hocco biodomien a naturellement tendance à ingérer du gravier pour aider au broyage de ses aliments. En captivité, cependant, il va parfois se tromper, et avaler des objets fabriqués par l’homme, soit des corps étrangers. C’est ce qui lui est arrivé. Au début septembre 2013, l’animalier des oiseaux tropicaux a noté une faiblesse dans la démarche de notre hocco. À la suite d’examens et de radiographies, nous avons rapidement constaté qu’il avait quelque chose d’anormal dans le gésier. Nous pouvions affirmer que c’était probablement un morceau de métal qui avait l’apparence d’un treillis, mais quoi exactement? C’était encore un mystère.

Aux petits soins

La prochaine étape du diagnostic et du traitement était d’aller chercher le corps étranger par endoscopie. Comme en médecine humaine, nous pouvons introduire oralement une caméra qui atteindra l’estomac. L’endoscope est un équipement spécialisé requérant les services d’un expert de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal à Saint-Hyacinthe. En moins de 36 heures, nous avions un rendez-vous et l’oiseau se faisait anesthésier pour la procédure. Nous avons réussi à retirer l’objet métallique : un sou noir digéré! Nous avons également récolté une bille de collier, un morceau de bois et d’autres menus objets. Il mange vraiment de tout!

Échappé belle

Grâce au retrait du sou noir et à des traitements à la clinique, le hocco l’a échappé de justesse. Des analyses sanguines ont permis de diagnostiquer une intoxication sévère au zinc qui, sans traitement, est fatale. Il s’agissait donc d’un sou noir produit entre 1997 et 1999. S’il avait été fabriqué avant ou après cette période, nous aurions eu affaire à une intoxication au cuivre. Nombreux sont les animaux qui vont ingérer des corps étrangers. Ils ne savent pas faire la différence entre ces objets et ceux de leur environnement avec lesquels ils ont évolué depuis des milliers d’années. Citons simplement l’exemple de la tortue marine qui va mourir pour avoir confondu un sac de plastique flottant dans l’océan avec une méduse, sa diète principale. C’est alors que nous nous rendons compte qu’un geste aussi banal pour l’humain qu’échapper un sou ou jeter un sac de plastique dans l’environnement peut être une question de vie ou de mort pour les animaux.

Le hocco à quoi?

Quand on entend son nom pour la première fois, on se demande si un moine naturaliste dénommé Pierre l’aurait affublé de son prénom à la suite d’une découverte pendant une mission en Amérique du Sud. Pas du tout! Le hocco à pierre (Pauxi pauxi) doit son nom à son joli casque (protubérance bulbeuse) bleu gris qu’il arbore au-dessus de son bec. Digne représentant de l’ordre des galliformes (des poules, quoi!), il vêt un plumage presque entièrement noir qui contraste avec son bec bien rouge et ses pattes rosées. Il pèse de 2,5 à 3,5 kg, le mâle étant plus imposant que la femelle. Il habite le sous-bois des forêts subtropicales nébuleuses de montagne, dans l’est des Andes au Venezuela et en Colombie. Il a une prédilection pour les gorges humides situées entre 1000 et 1500 mètres d’altitude, où il passe ses journées à fouiller pour de la nourriture.

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