- 16 Octobre 2018 - Insectarium : Champions de la nature, Diversité des insectes
Les fulgoridés, que l’on nomme communément fulgores porte-lanterne, sont de grands insectes spectaculaires et colorés. Avec leurs formes extravagantes, ils sont parés de mille légendes. Pourtant, contrairement à ce que leur nom vernaculaire laisse sous-entendre, ils ne peuvent pas émettre de la lumière.
Des porte-lanternes qui n’éclairent pas
Les fulgores forment une grande famille d’insectes (Fulgoridae) appartenant à l’ordre des Hémiptères (Homoptera). Il s’agit principalement d’insectes piqueurs-suceurs qui se nourrissent de sève. Il existerait plus de 132 genres, pour environ 865 espèces décrites à ce jour. Certaines espèces sont considérées comme des pestes des cultures, dont une espèce asiatique récemment introduite aux États-Unis.
Après avoir lu les récits et vu les dessins de la naturaliste Maria Sibylla Merian (1705) sur la lumière qu’émettent les fulgores, le naturaliste suédois Linné (1758) a décrit plusieurs espèces avec des noms évocateurs comme laternaria, candelaria et phosphorea. Des études récentes prouvent toutefois que les fulgores sont incapable d’émettre de la lumière !
Des têtes excentriques et une biologie presque inconnue
La tête de plusieurs fulgores se prolonge par une excroissance allongée, plus ou moins recourbée dont la véritable fonction est encore inconnue. On sait que plusieurs espèces portent des faux-yeux, ou ocelles (Fulgora sp.), alors que d’autres arborent des épines (Cathedra serrata) qui sont fort probablement des moyens de défense contre d’éventuels prédateurs. D’autres encore ont la forme d’un petit lézard (Odontoptera sp.) ou possèdent de longs filaments de cire (Alarusa sp.). Certains ressemblent à s’y méprendre à un morceau d’écorce, en la coloration et la forme (Calyptoproctus sp.), ce qui les rend presque invisibles alors que d’autres, au contraire, ont des couleurs vives pour effrayer des prédateurs (coloration aposématique).
La biologie de ces insectes est encore inconnue pour la plupart. Certains auraient des mœurs diurnes, tandis que d’autres seraient nocturnes. Ils vivent de manière solitaire, bien que l’on retrouve parfois des agrégations de plusieurs individus. Ils volent généralement bas et sont souvent difficiles à capturer. Ils se nourriraient sur plusieurs plantes hôtes différentes.
Des légendes incroyables
Parmi les légendes reliées aux fulgores, certaines sont encore rependues en Amérique latine, comme « la piqûre d’un Fulgora serait mortelle ». Une autre variante est que la personne piquée par un Fulgora doit avoir une relation sexuelle dans les 24 heures sinon elle risque de mourir. Bien sûr, il s’agit encore une fois de légende. On décrit encore de nos jours des nouvelles espèces et il reste beaucoup à découvrir sur la biologie, l’écologie ainsi que les mœurs de ces fascinants insectes.
Références
- Hogue (Charles), 1993 – Latin American insects and Entomology, Berkeley, University of California Press, U.S.A., 558 p.
- Porion (Th.), 1994 - Fulgoridae 1. Catalogue illustré de la faune américaine, Sciences Nat, Venette, 72 p., 14 planches en couleurs
- Porion (Th.) & Bleuzen (P.), 2004 - Fulgoridae 1. Supplément 1. Nouveaux Fulgoridae néotropicaux, Hillside Books, 22 p., 4 planches en couleurs
- Porion (Th.) & Nagai (S.), 1996 - Fulgoridae 2. Catalogue illustré des faunes asiatique et australienne, Sciences Nat, Venette, 80 p., 20 planches en couleurs
- Porion (Th.) & Nagai (S.), 2002 - Fulgoridae 2. Supplément 1. Nouveaux Fulgoridae d’Asie du Sud-Est, Hillside Books, 14 p., 2 planches en couleurs
- Porion (Th.) & Nagai (S.), 2004 - Fulgoridae 2. Supplément 2. Nouveaux Fulgoridae d’Asie du Sud-Est, Hillside Books, 12 p., 2 planches en couleurs