- 10 Octobre 2014 - Insectarium : Champions de la nature
Des 2 700 papillons qu’on retrouve au Québec, plus de 95 % font partie de ce qu’on appelle les papillons de nuits. Les lépidoptères nocturnes, contrairement à la croyance populaire, peuvent être très colorés et pourvus de plages de couleurs accentuées servant de moyens dissuasifs lorsque confrontés à des prédateurs. On retrouve dans la très grande famille des Noctuelles, les ambassadeurs de ce type de moyen de défense; les Catocalas communément appelé likénées.
Passer « incognito »
Les likénées sont de véritables trésors cachés de la faune entomologique du Jardin botanique de Montréal. Ces papillons de grande taille fascinent depuis toujours les entomologistes. Personne ne reste indifférent devant leur beauté. La première réaction est souvent l’émerveillement face à la précision et la subtilité de sa technique de camouflage quand il est au repos. Il est pratiquement invisible à l’œil non avisé. Cette réaction initiale est accompagnée d’un étonnement à coup sûr lorsque le papillon déploie ses ailes supérieures et dévoile les plages colorées en parfait contraste avec son environnement. Ces signaux servent à effrayer, dissuader ou encore perturber les nombreux prédateurs potentiels.
Les likénées sont des papillons mythiques, leur comportement et leur vol erratique donnant l’impression d’un stroboscope par le contraste entre les ailes supérieures ternes et inférieures souvent flamboyantes. Ce vol est perçu comme étant fantomatique lui donnant la réputation de spectre de la nuit.
Une belle diversité de likénées au Jardin botanique
La faune québécoise comporte une quarantaine d’espèces dont 15 peuvent être observées au Jardin botanique. Certaines sont très rares (Catocala judith Stkr,Catocala briseis Edw, Catocala innubens Gn) d’autres font partie des plus belles (Catocala cara Gn, Catocala unijuga Wlk, Catocala relicta Wlk). Personne ne reste indifférent à la coloration très rare et très intense de nos papillons québécois.
Comment, où et quand les observer
Malgré leur cryptisme (capacité de se confondre avec leur environnement), les observateurs à l’œil avisé sauront détecter les likénées sur les troncs d’arbre décidus tels que le saule, le bouleau, le peuplier, le frêne et plus. Plusieurs espèces viennent à la lumière le soir venu et se posent sur des façades d’immeubles par exemple, pouvant ainsi être observées jusqu’au matin. Par contre, il faut être plus astucieux pour observer d’autres espèces n’étant pas attirées par la lumière. Les entomologistes plus curieux opteront alors pour le miellé, un heureux mélange à base de vinaigre de vin, de levure, de fruits mûrs et de sucre tel que la mélasse ou la cassonade. Ce mélange fermenté devient l’appât idéal, lorsqu’appliqué sur les troncs d’arbres à l’écorce rugueuse. On peut ainsi observer plusieurs espèces de très près à sa guise, moment privilégié pour l’amateur de photos.
N’hésitez pas à venir prendre le temps de vivre votre première expérience avec les likénées souvent bien cachés sur les troncs des frênes ou des caryers du Jardin botanique.