- 13 Août 2011 - Biodôme : Portrait d'animal
Les oiseaux de proie ne sont pas représentés dans les écosystèmes du Biodôme, mais sont tout de même un élément essentiel des écosystèmes forestiers. Je profite donc de l'occasion pour faire le point sur les oiseaux de proie diurnes caractéristiques de l'érablière des Laurentides.
Les faucons
De la vitesse sur piste dégagée
Ce ne sont pas tous les oiseaux de proie qui sont adaptés pour la chasse en milieu forestier. Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) effectue des piqués fulgurants, à une vitesse entre 130 et 180 km/h, mais qui peut dépasser, occasionnellement, les 300 km/h, fondant sur sa victime insouciante comme des oiseaux de la taille du pigeon. Ses ailes étroites et pointues sont parfaitement adaptées à la très grande vitesse, ce qui est donc idéal pour surprendre et capturer des oiseaux en vol. Cette technique de chasse est parfaite en milieux ouverts (champs, clairières, marais), mais totalement inappropriée dans les forêts denses des érablières du sud du Québec. Pourtant, on rencontre le Faucon émerillon (Falcon columbarius)en milieu forestier, mais il vit plus au nord (par exemple dans la réserve faunique de La Vérendrye) dans des forêts largement ouvertes de conifères.
Les buses
Vol plané et chasse à l'affut
Les buses se caractérisent pour leur aptitude à utiliser les courants d'air ascendant pour tournoyer. On les voit alors, les ailes bien tendues, sans le moindre battement, qui effectuent des cercles serrés au sein de ces bulles d'air chaud. Certaines buses, comme la Buse à queue rousse (Buteo jamaicensis), chassent en milieux ouverts. Elle se choisit un perchoir, par exemple la branche haute et dégagée d'un grand arbre, isolé ou en bordure d'un boisé, comme point d'observation et base de lancement lorsqu'une proie est repérée. Cette technique de chasse se prête aussi bien à la capture de rongeurs et autres mammifères, qu’aux oiseaux au sol. La Buse à queue rousse est une espèce qui a su profiter des perturbations générées par l'homme (champs, bords de route, coupes forestières). Son aire de répartition s'est largement agrandie et sa population est actuellement en hausse. Certaines buses sont essentiellement forestières. C'est le cas de la Buse à épaulette (Buteo lineatus) et de la Petite Buse (Buteo platypterus). La Petite Buse est de loin la plus nombreuse des deux. Elle plane souvent très haut au-dessus de la cime des arbres en formant des cercles. Elle passerait facilement inaperçue si elle ne produisait pas ce cri distinctif qui semble dire: "tit buuuuse". Selon le Cornell Lab of Ornithology, ses déplacements au dessus de la cime des arbres auraient pour but de délimiter son territoire.La Petite Buse utilise, tout comme la Buse à queue rousse, la chasse à l'affût. Sur son perchoir forestier, elle attend le passage d'un tamia rayé, d'une musaraigne ou même d'un crapaud. La Petite Buse est en effet friande de batraciens, voilà pourquoi on l'aperçoit souvent dans les forêts près d'un milieu humide (rivière, lac, marais). Au Cornell Lab of Ornithology, on suggère que le goût de la Petite Buse pour les amphibiens (animaux à sang froid) expliquerait qu'elle soit parmi les premiers rapaces à entreprendre la migration à l’automne. C'est aussi notre rapace qui effectue la plus longue migration vers le sud et le seul d'entre eux à aller passer l'hiver dans la forêt tropicale humide (jusqu'en Colombie).
Les éperviers
Courses à obstacle en forêt
Les champions de la chasse en forêt sont les éperviers. Ici, dans les forêts de feuillus du Québec, vivent le petit Épervier brun (Accipiter striatus) et le puissant Autour des palombes (Accipiter gentilis). L’Épervier de Cooper (Accipiter cooperii), qui est aussi une espèce typique de cet habitat, est de taille intermédiaire et beaucoup plus rare. Leurs ailes courtes et, surtout, leur longue queue étroite, donne aux éperviers une manœuvrabilité de vol incomparable à travers les troncs et les branches du sous-bois. Voilà l’élément-clé qui font d'eux des chasseurs d’oiseaux forestiers hors pair. Si la victime s'envole et tente une fuite, l'épervier est capable de soutenir une poursuite très serrée. L’Épervier brun peut ainsi s’alimenter de toute la gamme des petits oiseaux de l’érablière des Laurentides comme les parulines, les bruants, les grives et le merle d’Amérique. L’Autour des palombes préfère des repas plus copieux de gélinotte huppé ou de lièvre d’Amérique. Il ne dédaignera pas non plus l’écureuil ou le geai bleu, histoire de se mettre en appétit. Les éperviers sont encore plus discrets que la Petite Buse, sauf si on passe près de leur nid au moment de la nidification (aussi tôt que le mois avril pour l'Autour des palombes). Ce sont des oiseaux qui deviennent alors très agressifs. L’Autour des palombes est le plus gros et le plus agressif des éperviers. Dans la fiche d'information sur les éperviers du Service canadien de la faune, il est fait mention que l’Autour des palombes ne laissera rien ni personne approcher à moins de 1 km de son nid au cours de cette période!!! Est-ce exagéré? Je peux personnellement vous assurer que non! Heureusement qu’il choisit des zones reculées au sein de forêts peu fréquentées pour installer son nid.
Prédateurs de haut niveau
Les oiseaux de proie font partie du groupe sélect qui est au sommet de la pyramide alimentaire de l'érablière des Laurentides. Les prédateurs de haut niveau doivent patrouiller de grandes superficies de l'écosystème pour trouver assez de nourriture pour eux et leur progéniture. Ils ne peuvent donc jamais être très nombreux. L’observation d'oiseaux de proie est toujours fascinante et offre des moments privilégiés qu'il faut savoir apprécier, car nous ne savons jamais quand surviendra le visiteur inattendu.
bravo Daniel! toujours agréables ces animations...