- 4 Janvier 2023 - Planétarium : Expérience
Mary Jackson a joué un rôle important dans la course à l’espace dans les années 60. Mathématicienne de talent, elle est la première femme afro-américaine à devenir ingénieure à la NASA, malgré la ségrégation raciale qui régnait à cette époque aux États-Unis.
Mary Winston, de son nom de jeune fille, naît à Hampton en Virginie le 9 avril 1921, dans une Amérique marquée par la ségrégation raciale. Au cours de ses études secondaires, elle excelle en mathématiques et en sciences. Elle décroche son baccalauréat en mathématiques et en sciences physiques à l’Université de Hampton en 1942. Elle enseigne ensuite les mathématiques dans une école noire du comté de Calvert dans le Maryland.
Après avoir occupé quelques emplois, la carrière de Mary prend un nouveau départ lorsqu’elle est embauchée au centre de recherche Langley de la NACA (National Advisory Committee for Aeronautics), l’ancêtre de la NASA, comme ordinateur humain en 1951.
Devenir ingénieure
Deux ans plus tard, l’ingénieur Kazimierz Czarnecki lui propose de travailler dans son équipe de la soufflerie du centre de recherche Langley. Ayant rapidement remarqué son potentiel, Czarnecki encourage ensuite Mary à s’inscrire à un programme de formation lui permettant d’obtenir le diplôme d’ingénieure.
Malheureusement, l’institution d’enseignement qui offre les cours appropriés, le Hampton High School de l’Université de Virginie, est réservée aux Blancs. Cette difficulté n’arrête pas Mary, qui dépose une demande à la municipalité de Hampton pour obtenir une autorisation spéciale afin de fréquenter le Hampton High School. Après de nombreuses démarches, la ville accorde à Mary une dérogation lui permettant d’entamer sa formation d’ingénieure au printemps 1956.
En 1958, Mary décroche son diplôme et devient la première femme afro-américaine à être nommée ingénieure à la NASA. La même année, elle signe avec Czarnecki un premier rapport technique en aéronautique.
Au cours de sa carrière à la NASA, Mary Jackson rédige ou corédige plus d’une douzaine de publications portant principalement sur le comportement de l’air autour des avions. Elle apportait à son travail une compréhension des phénomènes physiques qui allait au-delà des calculs.
Aider les femmes et les minorités à faire carrière à la NASA
Malgré la qualité de son travail, Mary n’a jamais pu accéder à un poste de direction à la NASA. Elle décide en 1979 de quitter ses fonctions d’ingénieure et de subir une rétrogradation en acceptant le poste de responsable du programme fédéral des femmes à Langley. Cet emploi lui permet de favoriser le recrutement et la promotion des femmes et des personnes provenant des minorités dans les postes de la NASA.
De nombreux hommages posthumes
Mary Jackson a pris sa retraite de la NASA en 1985. Ce n’est qu’après ce moment que son travail et son dévouement ont été reconnus. Elle a reçu de nombreuses distinctions, dont le Apollo Group Achievement Award en 1969 pour sa contribution aux programmes spatiaux de la NASA. Elle s’est éteinte le 11 février 2005 à l’âge de 83 ans.
En 2016, l’autrice Margot Lee Shetterly écrit un livre sur la vie de ces femmes exceptionnelles intitulé Les figures de l’ombre. L’histoire est adaptée au cinéma la même année avec le film réalisé par Theodore Melfi.
En 2019, le Congrès des États-Unis lui remet à titre posthume la médaille d’or du Congrès, ainsi qu’à ses collègues, Katherine Jackson, Dorothy Vaughan et Christine Darden.
Finalement, en 2021, le siège social de la NASA à Washington est nommé le Mary W. Jackson. Ce bâtiment est situé sur la rue Hidden Figures à Washington.
Tout au long de sa carrière, Mary Jackson s’est battue contre la ségrégation raciale. Sa persévérance et la grande qualité de ses travaux lui ont permis de percer le plafond de verre qui régnait à la NASA. Elle a été et demeure encore aujourd’hui une inspiration pour les jeunes femmes et les gens issus des minorités qui souhaitent faire carrière à la NASA et en science.
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