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Mieux comprendre la migration printanière du monarque

Monarque ayant entamé une migration printanière. On devine que celui-ci provient du Mexique par l'usure de ses ailes.
Credit: Espace pour la vie (André-Philippe Drapeau-Picard)
Mieux comprendre la migration printanière du monarque
Mieux comprendre la migration printanière du monarque

Plusieurs personnes nous ont contactés durant l'été pour nous demander comment se porte la population monarque. Certains nous mentionnent qu'ils ont croisé très peu de monarques jusqu'à maintenant. D'autres ont noté que les adultes semblent être arrivés plus tard qu'à l'habitude. Sommes-nous en présence d'une plus petite population de monarques cette année, ou est-ce que les monarques ont-ils simplement tardé à arriver sous nos latitudes? Avant de tirer certaines conclusions, voici quelques éléments à connaître par rapport à la migration printanière du monarque.

Les différentes stratégies du monarque durant le printemps

L'étude et la compréhension du phénomène de migration du monarque en Amérique du Nord sont toutes deux relativement récentes. Bien que le papillon monarque fut décrit pour la première fois par le taxonomiste Carl von Linné en 1758, ce n'est qu'en 1976 que la communauté scientifique a documenté pour la première fois les aires d'hivernage du papillon dans le centre du Mexique (Urquhart 1976). Ce n’est qu’après cette « découverte » qu’il a été possible de mieux comprendre comment se déroule la "re-colonisation" annuelle du monarque en Amérique du Nord, sa migration printanière.

Grâce à une étude publiée par Miller et ses collègues en 2012, il est maintenant convenu par la communauté scientifique que les monarques utilisent différentes stratégies lors de cette migration. La stratégie utilisée par la majorité des monarques hivernant au Mexique (90%) consiste à migrer jusqu'au sud des États-Unis, à pondre des oeufs en chemin, puis mourir, laissant ainsi leur progéniture recoloniser l'aire de reproduction estivale située plus au nord. Cette stratégie implique que des "générations successives" migrent à travers le territoire nord-américain durant le printemps. Toutefois, une faible portion des monarques ayant hiverné au Mexique (10%) vont quant à eux migrer jusqu'aux Grands Lacs, déposer des oeufs sur leur passage, et réaliser ainsi un "balayage unique" de leur aire de reproduction, sans arrêt au centre des États-Unis, comme les autres monarques.

Les autres facteurs pouvant influencer la migration nordique du monarque

Outre les différentes stratégies que peut utiliser le monarque lors de sa migration printanière, d'autres facteurs peuvent influencer le parcours, le moment et la durée de cette migration.

D'une part, les monarques se posent et cessent momentanément leur voyage vers le nord si les conditions de vent ne sont pas propices à la migration. La progression vers le nord peut donc varier légèrement d'une région à l'autre.

D'autre part, le taux d'émergence des plants d'asclépiades et la qualité de ces derniers peuvent varier à travers le territoire. Ainsi, il est possible que les femelles décident de ne pas s'arrêter pour pondre si elles jugent que les plants ne sont pas de "bonne qualité". Ceci peut expliquer pourquoi il arrive de voir des adultes dans certaines régions, sans pour autant voir d'oeufs ou de chenilles.

La variation de taille de la population hivernant va aussi influencer l'ampleur de ce phénomène migratoire: le nombre de monarques qui se trouvent au Mexique au début du printemps va déterminer le nombre de monarques que l'on risque d'apercevoir au printemps. À ce sujet, nous savons que la taille de la population hivernant au Mexique a malheureusement diminué de 53% par rapport à l'année dernière.

Quant au moment où débute la migration et la durée de celle-ci, des variations importantes furent  notées année après année. Il semblerait que certains facteurs environnementaux influencent significativement ce phénomène migratoire, toutefois, il n'existe toujours pas d'études spécifiques à ce sujet.

Comment peut-on documenter la migration des monarques?

Jusqu'à maintenant, les principales études sur la migration printanière du monarque étaient de courte durée et réalisées à des endroits spécifiques le long des corridors de migration aux États-Unis et dans la région des Grands Lacs. Afin de mieux comprendre ce phénomène migratoire, il faut des programmes à grande échelle qui compilent des données à long terme. Voilà où la science participative entre en ligne de jeu! Déjà, des programmes tel Journey North ont permis de mieux comprendre ce phénomène printanier. Mission monarque a aussi sa part à jouer, car ce programme permet aussi de documenter l'arrivée du monarque dans son aire de reproduction le plus au nord!

Pour conclure, il n'est pas toujours possible de donner des réponses concises aux très intéressantes questions qui nous sont adressées. Cependant, une chose est sûre, participer activement à Mission monarque aidera la communauté scientifique  à étudier ce magnifique phénomène migratoire, et à mieux le comprendre.

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5 Commentaire(s)
Portrait de Carole Bessette
Carole Bessette

Bien que la quantité d'asclépiades est à plusieurs centaines chez moi, dû à la sècheresse les plants étaient de piètre qualité. J'ai pu observer seulement une dizaine de monarques et aucune chenilles, pourtant l'an dernier j'ai eu 6 chrysalides. En espérant que l'an prochain sera plus favorable.

Portrait de Yolaine Rousseau
Yolaine Rousseau

J'ai vu 6 papillons monarques à Victoriaville (deux femelles et 4, sexe indéterminé). C'est beaucoup moins qu'à l'été 2019. La femelle aime pondre sur les petits plants d'asclépiades se trouvant aux abords de la piste cyclable. Comme on coupe régulièrement l'herbe haute de chaque côté de la piste, j'ai cueilli les œufs qui se trouvaient sur des plants dans la zone qu'on coupe afin d'élever la chenille à naître. Jusqu'à présent, 43 papillons en santé on émergé de leur chrysalide. J'ai encore plusieurs chrysalides et chenilles. Je peux dire que tous ces papillons sont des rescapés de la faucheuse. Il y a plusieurs milliers de papillons qui ne peuvent naître à chaque été au Québec à cause de la tonte faite aux abords du parc linéaire. J'ai contacté la ville et les médias. Il y aura un projet pilote pour l'an prochain. Je ferai partie de ce projet.

Portrait de Thierry
Thierry

En effet, je me suis rendu compte que les villes coupaient les bandes herbacées, précisément quand les plants d'asclépiade sont à leur meilleur. j'avais immédiatement pensé à tous ces monarques potentiellement éliminés, même si je me dis qu'une chenille pouvait se déplacer un peu, il n'y a plus de plan d'asclépiade de disponible dans un bon rayon autour du passage de la faucheuse.

Portrait de Rénald St-Onge
Rénald St-Onge

L’an passé en date du 09 septembre ma compilation sur mon terrain. Repéré 47 chrysalides, ont eu lieu 27 naissances, restait 15 chrysalides à naître, et 7 chenilles.
Cette année en date du 09 septembre ma compilation sur mon terrain. Repéré 21 chrysalides, ont eu lieu 14 naissances, reste 5 chrysalides à naître et 4 chenilles.
Il y a eu plusieurs pucerons jaunes (épédémie) sur les plants. Et aussi du noir sous les feuilles.

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