- 20 Octobre 2021 - Biosphère
On sait qu’avec le temps, les musées sont devenus une partie intégrante de nos vies et de notre identité culturelle. Chose certaine, il n'est pas banal qu’un musée devienne le symbole d’une ville! Surtout quand ce musée, la Biosphère, en est un qui se dévoue aux rapports entre société et environnement - un musée qui évolue avec et pour les citoyens et citoyennes depuis ses origines.
Coopérer
Si le public aime les musées, c’est en partie parce que ces derniers se sont bien intégrés dans la communauté en devenant des acteurs sociaux incontournables. C’est certainement le cas de la Biosphère.
Récemment, on pouvait lire dans ce billet d'Isabelle Saint-Germain que le musée poursuivait sa réflexion sur les manières d’avoir un impact social encore plus important tout en se rapprochant des citoyens et citoyennes. Dans ce contexte, une approche citoyenne devient un processus transformateur pour l’institution comme pour les visiteurs et visiteuses.
La Biosphère a toujours été un lieu propice pour tisser des liens avec la population. L'institution se soucie de son impact social depuis les débuts. Le musée permet d’obtenir des connaissances et des points de vue experts sur les enjeux environnementaux. C’est également un endroit accueillant qui contribue à accroître notre sentiment d’appartenance communautaire. En effet, sans parler de l’effet positif d’un espace où l’on se sent chez soi, les animations misent sur le dialogue dans un esprit d’ouverture.
Participer
La muséologie citoyenne s’est popularisée au pays au cours des dernières années, mais la Biosphère a été une institution pionnière en la matière. Il s’agit d’une approche globale qu’empruntent les musées qui s’engagent auprès de leurs communautés et qui les servent de manière inclusive, significative et avant-gardiste. L’idée est d’élargir son public, de le diversifier et de l’écouter. Une bonne partie des discussions entourant la nouvelle définition de “musée” sous l’égide du Conseil international des musées (ICOM) fait belle place à cette approche.
Participation et consultation citoyenne sont au rendez-vous sous le dôme géodésique depuis les premiers jours. Les activités de la Biosphère sont axées entre autres sur le public de proximité et ceci s’exprime notamment par l’échange que le musée favorise entre ce public et des scientifiques, des éducateurs et éducatrices ou des artistes engagé.e.s.
La tradition se poursuit. La Biosphère est engagée, avec toutes les institutions d’Espace pour la vie, dans une évaluation d’impact social assortie d’indicateurs de progrès. C’est une expérience très pertinente et peu fréquente dans le monde des musées. Espace pour la vie souhaite participer pleinement à la nécessaire transition socio-écologique en accroissant son impact dans la communauté, une démarche qui s'inscrit dans la réalisation du Plan stratégique Montréal 2030.
Connecter
Quand le musée ouvre en 1995, une visioconférence est organisée avec l’institut océanographique de Brest en France. Les participants et participantes pouvaient discuter en direct avec des scaphandriers qui nageaient au fond d’un aquarium. On se « connectait » déjà au monde pour faire face au changement environnemental global. Et souvenons-nous que l’on commençait à peine à communiquer par courriels à l’époque! Dès les débuts, le musée cherchait à mobiliser des segments de la population qui ne sont pas habituellement des visiteurs et des visiteuses de musées, mais qui le deviennent quand naît un sentiment d’appartenance.
La salle Connexions (1995-2015) devient un lieu de rencontres et d'échanges. Cette salle offrait une expérience multiforme : un spectacle multimédia à grand déploiement qui pouvait se métamorphoser en trois scènes propices aux animations scientifiques. Ces activités permettaient par exemple l’exploration des moyens de veille qui étaient mis de l’avant par le musée: monitorage des moules zébrées, observation des pathologies de poissons, recensement des mammifères marins, etc. La salle permettait aussi d’organiser des conférences et des ateliers. Déjà, plusieurs moyens muséographiques recueillaient le savoir et l'opinion de différentes franges de la population. Le musée jouait enfin l’entremetteur entre son public et des organismes œuvrant sur le terrain. Grâce au musée, on pouvait entrer en relation avec un organisme non gouvernemental ou une municipalité afin de participer à une initiative de science participative ou de conservation de la nature.
Rêver
Dès la conception du pavillon américain pour l’Exposition universelle de 1967, le duo d’architectes Fuller-Sadao n’avait pas qu’un dôme géodésique en tête. Initialement, on avait imaginé le pavillon américain comme étant l’hôte du « Jeu de la Paix mondiale ». Fuller rêvait d’une immense installation interactive permettant aux visiteurs et visiteuses de planifier l’utilisation éthique des ressources planétaires. La coopération étant selon lui la stratégie de survie optimale, il considérait ce jeu comme un outil destiné à l’humanité pour lui permettre d’accroître ses connaissances tout en générant des comportements solidaires. Et cela nous ramène au symbole de Montréal: un musée né d’une grande idée, celle de l’espoir en une société meilleure dans laquelle tout le monde est invité à participer. Ne se rapproche-t-on pas du rêve de Fuller?