- 29 Avril 2020 - Jardin botanique : Actualités horticoles, Coups de cœur, Coulisses du Jardin
La température qui se réchauffe, la neige qui fond, les oiseaux migrateurs qui effectuent leur retour, voilà autant de signes annonciateurs du printemps. Chez les arbres feuillus, l’éclosion des bourgeons, ou débourrement, est un phénomène discret, mais essentiel. Ce stade signifie la fin de la période de dormance et le début de la période végétative.
Bien se protéger de l’hiver
Les arbres ont développé des stratégies pour survivre aux rigueurs de l’hiver. Les jeunes feuilles et les fleurs qui émergent tôt au printemps ont été formées à la fin de l’été précédent. Afin de survivre à la période de froid hivernal, ces structures doivent passer l’hiver en dormance, bien protégées par les écailles des bourgeons.
La dormance débute à l’automne avec l’arrivée des jours plus courts et des températures froides. Progressivement, la division des cellules s’arrête. Puis, par différents processus métaboliques, les végétaux ligneux parviennent à abaisser le point de congélation de l’eau à l’intérieur des cellules. Ceci permet d’éviter que les bourgeons ne soient endommagés sous l’effet du gel durant l’hiver.
La dormance, une étape à la fois
Afin d’éviter que les bourgeons ne débourrent trop tôt au printemps et se trouvent endommagés par le retour du gel, ceux-ci sont soumis à deux types de dormance : l’endodormance et l’écodormance.
L’endodormance, qui inhibe toute croissance cellulaire, est régulée par des facteurs physiologiques à l’intérieur des bourgeons. Pour que celle-ci soit levée, l’arbre doit d’abord cumuler des unités de froid, ou heures de froid. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un arbre des régions tempérées, privé de froid, ne débourrera pas au printemps.
Une fois ces besoins en froid comblés, les bourgeons entrent dans la phase d’écodormance durant laquelle la croissance est limitée par les conditions environnementales. À ce moment, c’est l’accumulation de chaleur qui enclenche le processus menant au débourrement.
Le débourrement, tôt ou tard…
Au retour du beau temps, avec l’accumulation de chaleur, la dormance est levée. La croissance reprend lentement et imperceptiblement à l’intérieur des bourgeons. Ceux-ci gonflent et écartent les écailles protectrices permettant aux jeunes feuilles et aux fleurs de se déployer doucement.
Chaque plante ligneuse a sa propre période de débourrement. Celle-ci dépend principalement de la chaleur cumulée, donc du climat de la région où l’arbre se trouve. Elle varie aussi en fonction de l’espèce, car d’autres facteurs, comme la photopériode ou l’organisation des vaisseaux conducteurs dans le bois, peuvent également influencer la période de débourrement des bourgeons. Au Québec, les saules, les érables, les peupliers et les bouleaux sont des espèces hâtives, alors que les frênes, les chênes, les caryers et les noyers débourrent tardivement.
Fleurs ou feuilles, à qui l’honneur?
Pour certaines espèces, telles que l’érable argenté et les saules, ce sont les fleurs qui vont apparaître en premier lors de l’éclosion des bourgeons. Pour d’autres, ce sont les jeunes feuilles qui se déploieront. Chez les arbres dont la pollinisation se fait par le vent, ce sont généralement les bourgeons floraux qui s’ouvrent en premier, permettant au pollen de circuler librement avant l’apparition des feuilles.
Note : Au Jardin botanique, dès le mois de mars, on peut observer les fleurs de l’hamamélis (H. x intermedia), les chatons des saules et les fleurs d’érables argentés. Et très bientôt, les forsythias puis les magnolias suivront.