- 10 Mai 2011 - Insectarium : Champions de la nature
Une plante qui fait office de "buffet" pour plusieurs insectes, un voisinage qui se crée au cœur d'une plante... Les insectes forment des communautés complexes et diversifiées où ils vivent en relation avec leur milieu, s’influencent mutuellement et dépendent les uns des autres. Préserver ce milieu contribue à maintenir leur diversité biologique.
Profiter d'une plante insectivore
La sarracénie pourpre (Sarracenia purpurea) est une plante qui pousse principalement dans les tourbières du Québec. Ses feuilles, en forme d’urne, retiennent l’eau de pluie et ont un intérieur couvert de poils rigides dirigés vers le fond de la coupole.
Ce sont des pièges efficaces puisque l’insecte, attiré par l’odeur sucrée de la plante, s’y aventure, tombe dans l’eau, se débat, s’épuise et s’y noie. Son corps est ensuite digéré par les enzymes de la plante. Curieusement, cette plante n’entraîne pas la mort de tous les insectes. Certains, dont un moustique, un moucheron et une mouche, pondent leurs œufs dans la feuille et, à l’éclosion, les larves trouvent dans le liquide les éléments essentiels à leur développement. Mieux encore, chacune des larves exploite un niveau d’eau différent à l’intérieur de la feuille! Ainsi, la larve du moucheron habite la partie inférieure de la colonne d'eau et se nourrit des corps morts qui tombent au fond de l’urne. La larve du moustique filtre les particules en suspension dans l’eau et celle de la mouche, très vorace, attaque les insectes flottant à la surface de l'eau. Tout se passe comme si chaque insecte accédait à une même salle à manger, mais festoyait à trois tables différentes!
Dix insectes pour une plante
L’asclépiade commune (Asclepias syriaca) pousse généralement sur des terrains vagues. Ses feuilles sont la seule source de nourriture de la chenille du papillon monarque. En fait, on compte plus d’une dizaine d’espèces d’insectes qui exploitent différentes parties de la plante. Ainsi, les feuilles sont dévorées aussi par une chenille d’arctiide (un papillon de nuit) et par les adultes de trois types de coléoptères : une chrysomèle, un longicorne et un charançon. La larve de ce charançon mange les rhizomes de la plante alors que celle du longicorne se nourrit de l’intérieur des tiges.
Par ailleurs, la larve d’une minuscule mouche mange l’épiderme de la feuille, trois espèces de pucerons en sucent la sève et deux espèces de punaises se nourrissent des graines. Ici, ce bon voisinage se compare plutôt à un groupe d’amis faisant des allées et venues autour d’une même table pour goûter un mets apprêté de différentes façons.
Pourquoi desservir la table?
La diversité de la vie est comme une grande table garnie qui permet la continuation et le renouvellement de la vie. L’homme dépend de cette diversité et c’est en décortiquant toutes sortes de phénomènes naturels qu’il a acquis les connaissances nécessaires à son bien-être et sa survie. Nous ne savons pas aujourd’hui quelles espèces inspireront les innovations de demain. Si une plante disparaît, c’est peut-être un nouveau médicament qui part avec elle, mais c’est aussi de nombreux êtres vivants, dont des insectes, qui disparaîtront eux aussi.