Notre Soleil suit un cycle d'activité dont la durée moyenne d'un maximum à l'autre est de 11 ans. La variation totale de l'énergie émise par notre étoile est cependant très faible : environ un dixième d'un pour cent. Et bien que nous approchions rapidement d'un nouveau maximum solaire, prévu au courant de l'année 2013, la hausse d'activité du Soleil n'a rien à voir avec le printemps hâtif que nous avons connu en mars. Par contre, cette hausse se traduira inévitablement par une augmentation du nombre de taches et d'éruptions solaires, ce qui laisse présager un retour en force de spectaculaires aurores boréales.
Les aurores polaires se manifestent dans deux zones elliptiques centrées sur les pôles magnétiques Nord et Sud, lorsque des électrons apportés par le vent solaire interagissent avec les gaz raréfiés de la haute atmosphère terrestre. Ces particules chargées électriquement s'échappent continuellement du Soleil à des vitesses approchant les 750 kilomètres par seconde : en deux jours, elles arrivent au voisinage de notre planète, où le champ magnétique terrestre les guide vers les pôles. Les électrons se déversent alors dans la haute atmosphère : entre 50 et 300 kilomètres d'altitude, ils excitent les atomes d'oxygène et d'azote, ce qui fait briller l'air raréfié comme une enseigne au néon. La couleur des aurores dépend à la fois du type d'atomes excités et de l'altitude à laquelle cette excitation se produit : l'oxygène émet du vert et du rouge, à des altitudes allant jusqu'à 250 km; l'azote produit du bleu et du violet à une hauteur d'environ 100 km.
Dans les légendes cries et inuites, les aurores sont les esprits des disparus, qui dansent dans le ciel boréal. Mais la science d'aujourd'hui nous apprend que les ondulations de ces rideaux lumineux proviennent plutôt d'interactions entre des forces électriques et magnétiques, qui réagissent entre elles en suivant des motifs complexes et mouvants, très haut dans l'atmosphère terrestre.
De nombreuses anecdotes font état de sifflements ou de crépitements associés aux aurores, mais aucun son provenant d'une aurore n'a jamais été enregistré. En fait, la plupart des scientifiques demeurent sceptiques quant à la possibilité qu'on puisse entendre les aurores boréales : d'une part, aux altitudes où les aurores se produisent, entre 50 et 300 kilomètres au-dessus du sol, l'air est trop raréfié pour conduire le son; d'autre part, cette distance implique qu'il y aurait un long délai entre ce qui est vu et ce qui est entendu. Cependant, certains travaux de recherche étudient l'idée selon laquelle ces sons « auroraux » se produisent dans la tête des témoins, littéralement : le cerveau réinterprèterait une partie du stimulus visuel sous forme de son. Une manière de vérifier cette hypothèse serait de fermer les yeux, si jamais vous « entendiez » des aurores, et de remarquer si le son disparaît.
Vénus et Jupiter au crépuscule
En avril, Vénus et Jupiter illuminent le ciel en direction ouest au crépuscule, et puisqu'il s'agit des deux plus brillantes planètes, impossible de les manquer. Vénus, l'Étoile du Soir, brille de mille feux : le 3 avril, l'éclatante planète se trouve à seulement un demi-degré de l'amas des Pléiades, dans la constellation du Taureau. Jupiter est deux fois moins lumineuse que Vénus et nous apparaît plus près de l'horizon ouest. La situation demeure semblable tout au long du mois, avec Vénus qui gagne encore un peu de hauteur au fil des soirs, tandis que Jupiter descend de plus en plus vers l'horizon. Au milieu du mois, Vénus se couche juste avant minuit, plus de quatre heures après le Soleil ! Quant à Jupiter, la planète géante disparaît dans les lueurs du soleil couchant vers la fin du mois.
Un croissant lunaire extrêmement fin, âgé de moins de deux jours, se trouvera juste sous Jupiter le soir du 22 avril : balayez l'horizon ouest à l'aide d'une paire de jumelles et vous trouverez ce duo dans les lueurs du crépuscule. Deux jours plus tard, le 24 avril, le croissant aura rejoint Vénus : admirez la lumière cendrée qui éclaire doucement la face sombre de la Lune. Une telle rencontre entre la Lune et Vénus au crépuscule est assurément l'un des plus beaux spectacles qu'on puisse admirer dans le ciel.
Mars se couche avant l'aube
Déjà bien haut en direction sud-est à la tombée de la nuit, Mars brille dans la constellation du Lion, juste à la gauche de Régulus. La planète rouge, qu'on peut reconnaître à sa teinte caractéristique, est en mouvement rétrograde depuis le 25 janvier dernier; cette situation prend fin le 15 avril, lorsque Mars reprend son mouvement direct vers l'est parmi les étoiles et recommence à s'éloigner de Régulus. La Lune gibbeuse se trouvera sous Mars le soir des 3 et 30 avril.
Saturne visible toute la nuit
Nous sommes au cœur de la meilleure période pour observer Saturne : le 15 avril, la planète aux anneaux est à l'opposition, ce qui signifie qu'elle se lève à l'est au coucher du Soleil, culmine au sud au milieu de la nuit, et se couche à l'ouest au lever du jour. Saturne se trouve actuellement à proximité de Spica, la brillante étoile bleutée de la constellation de la Vierge, et demeurera dans cette région du ciel pour les mois à venir. Ses anneaux sont à présent inclinés vers nous d'environ 14 degrés, ce qui fait de Saturne une cible de choix pour les petits télescopes d'amateurs. La pleine Lune sera voisine de Saturne et Spica les 6 et 7 avril, ce qui vous permettra de confirmer l'identification de la planète.
Bonnes observations !