Mercure a la réputation d'être difficile à repérer. Il est vrai que la petite planète n'est pas aussi brillante que Vénus ou même Jupiter, et qu'elle n'émerge que rarement des lueurs de l'aube ou du crépuscule. Mais les circonstances font parfois en sorte que Mercure nous donne un fameux spectacle : la première moitié de décembre est justement l'une de ces occasions. Au début du mois, Mercure se lève en direction est-sud-est près de deux heures avant le Soleil! Mais avant que vous ne parveniez à voir la fugace planète, patientez une bonne demi-heure, le temps qu'elle s'élève au-dessus de l'horizon. Vers 6 heures du matin, balayez l'horizon est et vous y trouverez Mercure qui brille parmi les étoiles de la Balance : à l'heure actuelle, elle est même plus brillante que Véga, qu'on peut observer au nord-est au même moment.
Le 4 décembre, Mercure atteint sa plus grande élongation à l'ouest du Soleil : les deux astres seront alors séparés de 25 degrés, ce qui fait de cette apparition de Mercure la meilleure de 2012. La fenêtre d'observation de Mercure se prolonge jusqu'au 21 décembre, après quoi la planète replonge vers le Soleil et disparaît dans les lueurs de l'aube. Pour confirmer la validité de vos observations, notez que l'éclatante planète Vénus se trouve plus haut et sur la droite de Mercure, tout au long de cette période.
Vénus, l'Étoile du matin, se trouve elle aussi dans la Balance au début du mois et brille de mille feux au-dessus de l'horizon sud-est avant l'aube. La resplendissante planète se lève deux heures et demie avant le Soleil et brille entre Mercure (plus bas à sa gauche) et Saturne (plus haut et à droite). Ne manquez pas le mince croissant de Lune, qui s'ajoutera à la scène le matin du 11 décembre : il brillera à deux degrés seulement sous Vénus. Les conjonctions entre Vénus et le croissant lunaire comptent parmi les plus beaux spectacles célestes qui soient; ne manquez pas celle-ci ! Avec la fin de l'année 2012, l'Étoile du matin se rapproche du Soleil et se lève une heure plus tard qu'au début du mois.
Saturne se lève en seconde moitié de nuit, quelques heures avant le Soleil. La planète aux anneaux brille parmi les étoiles de la constellation de la Vierge, où elle se trouve depuis maintenant trois ans. Mais la situation est sur le point de changer : le 7 décembre, Saturne quitte la Vierge et franchit la frontière de la Balance. Saturne est facile à repérer : tracez une ligne entre Mercure et Vénus et prolongez-la vers le haut. Saturne est le prochain astre brillant d'apparence stellaire que vous croiserez. Afin de vous assurer de son identification, notez que le croissant lunaire lui rendra visite le matin du 10 décembre. Les anneaux de Saturne sont toujours aussi spectaculaires lorsqu'on les observe à l'oculaire d'un petit télescope; tous vos efforts en ce sens en vaudront la peine !
Tout au long du mois, Mars apparaît au crépuscule à environ 6 degrés au-dessus de l'horizon sud-ouest, et se couche environ deux heures après le Soleil. La planète rouge semble faire du sur-place, mais il s'agit d'une illusion : Mars bouge actuellement vers l'est de 2/3 de degrés par jour par rapport aux étoiles, alors que celles-ci se déplacent vers l'ouest. Au final, Mars nous donne l'impression d'être stationnaire par rapport à l'horizon. La planète rouge se trouve présentement de l'autre côté du Soleil, presque à sa distance maximale de la Terre; elle nous apparaît donc petite et faible, ce qui en fait une cible peu intéressante au télescope. Cherchez le mince croissant lunaire qui passera au-dessus de Mars le soir du 15 décembre.
Jupiter brille actuellement près de l'amas des Hyades, dans le Taureau. Ce mois-ci, la planète et l'amas d'étoiles apparaissent dans le même champ de jumelles : un panorama spectaculaire. Et la scène sera encore rehaussée le soir du 25 décembre, alors que la Lune gibbeuse passera à seulement un degré sous la planète géante, et à quatre degrés au-dessus d'Aldébaran, une étoile supergéante rouge dans le Taureau — un événement à ne pas manquer !
Jupiter arrive à l'opposition le 3 décembre : elle sera alors à l'opposé du Soleil dans le ciel et visible toute la nuit. Une configuration qui se répète à tous les 13 mois environ, mais cette opposition de Jupiter sera la plus rapprochée de la Terre jusqu'à celle du 20 août 2021. Cette proximité exceptionnelle de Jupiter offrira aux utilisateurs de petits télescopes une excellente occasion d'observer le cycle de ses lunes galiléennes et de scruter ses bandes nuageuses en perpétuel changement.
Les météores de décembre
Les Géminides constituent sans nul doute la pluie d'étoiles filantes la plus abondante et la plus spectaculaire. Bon an mal an, son taux maximum de 120 météores à l'heure surpasse même celui des fameuses Perséides ! Il s'agit là d'une limite calculée pour des conditions idéales, mais on peut raisonnablement s'attendre à un taux réel de 60 à 80 météores à l'heure dans un ciel dépourvu de pollution lumineuse.
Les Géminides sont moins connues que les Perséides du mois d'août simplement parce qu'elles atteignent leur pic d'activité autour du 14 décembre, à une période beaucoup plus froide de l'année. En 2012, la Lune sera nouvelle le 14 décembre, ce qui laissera le champ complètement libre aux météores les plus faibles. Il n'en tient qu'à vous d'en profiter : éloignez-vous des villes et de leur pollution lumineuse, apportez chaise longue, couvertures et chocolat chaud, et surtout, habillez-vous chaudement ! Allongez-vous, balayez le ciel à l'œil nu (les jumelles ne vous seront d'aucune utilité pour cet exercice) et comptez les étoiles filantes…
Cinq planètes et une pluie de météores devraient éveiller l'intérêt de l'astronome amateur qui sommeille en vous. Bonne chance et…
Bonnes observations !