Alors que les nuits s’allongent considérablement pour notre plus grand plaisir astronomique, les planètes géantes Jupiter et Saturne demeurent très accessibles pour l’observation en soirée. Cependant, la planète Mars, qui était restée discrète jusqu’à présent, ne peut plus être ignorée. Son éclat écarlate embellira nos nuits, alors qu’une splendide éclipse totale de Lune étoffera la gamme des rouges le matin du 8 novembre.
Les planètes géantes restent en bonne posture
Dès le coucher du Soleil, les géantes Jupiter et Saturne se détachent rapidement du ciel qui s’assombrit. Au début de novembre, Saturne culmine au-dessus de l’horizon sud lorsque la nuit s’installe, et bien que sa position décline lentement de semaine en semaine, elle reste bien visible en début de soirée tout au long du mois. Jupiter quant à elle continue de dominer le ciel nocturne. Son éclat intense trône très haut dès l’arrivée de la noirceur et nous accompagne jusqu’en milieu de nuit.
La Lune rendra visite aux planètes géantes deux fois en novembre. On retrouve d’abord la Lune gibbeuse croissante 4 ½ degrés sous Saturne en début de soirée le 1er novembre, tandis qu’elle glisse tout juste 3 degrés sous Jupiter dans la soirée et la nuit du 4 au 5. En fin de mois, c’est sous forme de croissant que la Lune repose 6 degrés sous Saturne le soir du 28 novembre, tandis que sa phase aura évolué jusqu’à gibbeuse lorsqu’elle s’approchera à 2 ½ degrés de Jupiter le 1er décembre.
Mars domine l’Hexagone d’hiver
Depuis le début de l’année 2022, la planète Mars a préparé son retour en force. La progression de la planète rouge sur son orbite nous a permis de la voir se lever de plus en plus tôt alors que son éclat augmentait graduellement. À quelques jours de son opposition, qui se produira le 7 décembre, Mars est d’ores et déjà en mesure d’offrir une grande satisfaction aux observateurs, à l’œil nu comme au télescope. Dans le ciel, Mars apparaît sous la forme d’un point rouge-orangé intense qui ne scintille pas, dont la magnitude inférieure à –1 rend l’identification évidente. Bien que l’opposition de la planète rouge se produise début décembre, la distance minimale qui la sépare la Terre est atteinte une semaine plus tôt, le 30 novembre, à 0,544 unités astronomiques, ou 81,4 millions de kilomètres de nous. Mars brille alors à magnitude –1,8, plus que toutes les étoiles au firmament. Pour révéler des détails de sa surface au télescope, il est préférable d’attendre le milieu de la nuit, afin qu’elle s’approche du méridien et soit à son plus haut dans le ciel.
Près de son opposition, le mouvement apparent de Mars est relativement lent. La planète rouge commence le mois entre les deux étoiles à l’extrémité des cornes du Taureau, Elnath et Tianguan (Zeta Tauri), puis glisse lentement vers l’ouest en direction des Pléiades pour une distance totale parcourue de 7 degrés seulement. Pour les prochains mois, Mars reste ainsi facilement identifiable dans la partie supérieure de l’Hexagone d’hiver, dans une zone circonscrite par le triangle Capella-Aldébaran-Bételgeuse.
La Lune viendra également parader dans cette région du ciel. Du 8 au 11 novembre, la Lune gibbeuse décroissante parcourt une ligne qui s’étend du cœur du Taureau aux pieds des Gémeaux, se faufilant ainsi sous les Pléiades (le 8), au-dessus des Hyades (le 9) et enfin au-dessus de Mars (le 10).
Une éclipse photogénique
Au petit matin du 8 novembre, alors que la pleine lune s’approche de l’horizon ouest pour y disparaître jusqu’au lendemain, elle se glissera dans l’ombre de la Terre pour en adopter la teinte rougeâtre créée par la réfraction de la lumière du Soleil par notre atmosphère. Cette éclipse totale de Lune promet d’être spectaculaire pour les observateurs de l’est du Canada, non pas pour ses caractéristiques astronomiques, mais plutôt pour ses conditions d’observation. Au Québec, de façon générale, elle se déroule peu avant le coucher de la Lune, et donc très bas à l’horizon ouest. À Montréal, la Lune se couche à la toute fin de la totalité.
La pleine lune nous semble toujours beaucoup plus grosse et imposante lorsqu’elle est proche de l’horizon. En effet, notre cerveau n’évalue pas sa taille de la même façon lorsqu’elle se trouve haut dans le ciel, perdue parmi les autres astres, que lorsqu’elle est à proximité d’autres éléments dont la taille est connue. Si notre cerveau peut mettre la Lune en relation avec un arbre, un bâtiment, la silhouette d’une montagne ou d’un relief quelconque, il interprètera sa taille différemment et nous trompera sur son véritable diamètre apparent.
Dans le contexte de cette éclipse totale de Lune, notre satellite ne manquera pas de superbe par sa couleur et sa taille apparente. Bien que la fin de la totalité de l’éclipse risque de nous échapper alors que la Lune descendra à l’horizon et que le ciel deviendra de plus en plus clair à l’approche du lever du jour, cet évènement restera un rendez-vous spectaculaire, à observer à l’œil nu ou à photographier.
Les circonstances particulières de l’éclipse sont les suivantes : la Lune commence à entrer dans le cône d’ombre de la Terre à 4h09 heure normale de l’Est, la totalité débute à 5h16, culmine à 5h59 et se poursuit jusqu’à 6h41. La Terre sort ensuite progressivement du cône d’ombre de la Terre pour s’en extirper complètement à 7h49. À Montréal, toutefois, la Lune se couche à 6h50; le Soleil, lui, se lève à 6h43, et l’aube civile aura commencé à 6h12. Malgré les difficultés, ce sera un rendez-vous à ne pas manquer, la prochaine éclipse totale de Lune visible en entier depuis le Québec ne se produisant qu’en mai 2025.
Bonnes observations !