L’été a finalement cédé sa place à l’automne, et dans l’air frisquet d’octobre, deux éclipses doivent se produire : une éclipse totale de la Lune à l’aube, et une éclipse partielle de Soleil en fin de journée. Les planètes sont aussi présentes : Mars et Saturne sont visibles au crépuscule, Jupiter se lève après minuit, et à la fin du mois, Mercure apparaît à l’aube. Vénus, par contre, est noyée dans l’éclat du Soleil.
Les saisons d’éclipses
Deux éclipses au cours du même mois peut sembler inhabituel, mais en fait les éclipses de Soleil et de Lune sont reliées : l’une ne va jamais sans l’autre. De plus, elles ne sont pas aussi rares qu’on le pense : au moins deux éclipses de Soleil et deux éclipses de Lune, partielles ou totales, ont lieu à quelque part sur Terre chaque année. Ce qui est vraiment rare, toutefois, c’est qu’une éclipse totale de Soleil soit visible depuis un endroit donné : il s’écoule en moyenne 375 ans entre deux passages de l’ombre de la Lune sur un lieu précis… ce qui explique pourquoi les chasseurs d’éclipses doivent parcourir la planète pour assister à ce phénomène! Mais avant d’aller plus loin, examinons pourquoi nous avons des éclipses.
Les éclipses solaires ne peuvent se produire qu’à la nouvelle lune, lorsque la Lune se trouve entre le Soleil et la Terre. Les éclipses lunaires ne se produisent qu’à la pleine lune, lorsque la Terre passe entre le Soleil et la Lune. Mais une autre condition doit être remplie : la Terre, la Lune et le Soleil doivent tous se trouver sur une même ligne. Ce n’est que lors d’un tel alignement que la Lune peut passer devant le Soleil, ou dans l’ombre de la Terre. S’il n’y a pas d’éclipse à chaque mois, c’est parce que l’orbite de la Lune est inclinée de 5 degrés par rapport à celle de la Terre. La plupart du temps, la nouvelle Lune passe au-dessus ou en dessous du Soleil; et de la même manière, la pleine Lune passe au-dessus ou en dessous de l’ombre de la Terre. Mais durant les saisons d’éclipses, qui reviennent à tous les 5 ¾ mois, l’alignement est favorable : deux fois par année, il y aura une éclipse lunaire suivie d’une éclipse solaire, ou vice versa.
Comme le diamètre de la Terre est environ 4 fois plus grand que celui de la Lune, son ombre est beaucoup plus vaste : les éclipses totales de la Lune sont donc plus fréquentes que les éclipses totales de Soleil, et elles sont observables de partout où la Lune est visible. Les éclipses solaires, quant à elles, ne sont visibles que de régions bien précises du globe.
Au cours de la présente saison d’éclipse, nous aurons droit à une éclipse lunaire totale et une éclipse solaire partielle. Au Québec, cependant, les deux phénomènes se dérouleront près de l’horizon.
Une éclipse lunaire pour débuter…
Le 8 octobre, à la fin de la nuit et à l’aube, se déroulera la deuxième éclipse totale de la Lune cette année. Cette éclipse sera observable du Québec, mais dans des conditions pour le moins frustrantes. Les premières phases partielles débutent à 5h14 HAE et seront visibles sous un ciel encore noir. Mais à mesure que l’éclipse progresse, l’aube se fait de plus en plus présente. Lorsque la totalité commencera à 6h25, on doit s’attendre à perdre de vue la Lune tandis qu’elle descend sur l’horizon ouest. Alors que la mi-éclipse a lieu à 6h54, le Soleil se lève à 7h01 à Montréal, et la Lune disparaît sous l’horizon à 7h07. Dans l’ouest de l’Amérique du Nord, on pourra assister à l’ensemble du phénomène sous un ciel noir. Cela dit, toute éclipse vaut la peine d’être vue, malgré les circonstances défavorables : pour optimiser vos chances d’observer celle-ci, assurez-vous que votre horizon ouest soit parfaitement dégagé.
Normalement, pendant une éclipse lunaire totale, la Lune prend une teinte rouge orangé plus ou moins sombre, conséquence du passage de la lumière solaire à travers l’atmosphère et qui colore la surface lunaire aux couleurs d’un coucher de Soleil. Cette fois, la clarté du jour qui se lève réduira le contraste et rendra le rougissement difficile à détecter.
Au premier coup d’œil, on pourrait confondre les phases partielles avec un croissant lunaire. Mais un examen plus attentif révèlera que la courbure du « terminateur » (la démarcation entre la partie éclairée et la partie sombre) est plus aplatie que pour les phases lunaires mensuelles : ce qu’on voit en fait, c’est la silhouette de la Terre.
…puis une éclipse solaire
Le 23 octobre, à la fin de l’après-midi, la deuxième éclipse partielle de Soleil en 2014 sera visible depuis certaines parties de l’Amérique du Nord. À Montréal, le phénomène commence à 17h38 HAE — 15 minutes seulement avant le coucher du Soleil — alors qu’une partie de la Lune commence à empiéter sur le disque solaire, de droite à gauche. Vers 17h52, lorsque le Soleil touche l’horizon ouest-sud-ouest, la silhouette de la Lune couvre 8 % de la surface de notre étoile. Le résultat : le Soleil couchant apparaîtra comme si on lui avait pris une bouchée! Encore une fois, pour bien profiter de cette éclipse, il faudra bénéficier d’une vue bien dégagée sur l’horizon. Plus à l’est, le déroulement de l’éclipse est interrompu encore plus tôt par le coucher du Soleil. À Québec, par exemple, l’éclipse commence à 17h37; lorsque le Soleil touche l’horizon, 3 minutes plus tard, moins de 2% de sa surface est cachée par la Lune!
Attention : l’observation du Soleil, à l’œil nu ou à travers un instrument d’optique, nécessite l’utilisation de filtres spécialement conçus à cette fin. La prudence s’impose, et en cas de doute il vaut mieux s’abstenir. Pour des conseils judicieux, consultez les clubs d’astronomes amateurs de votre région, ou voyez notre page sur le sujet.
Du côté des planètes
Mars et Saturne ont passé la dernière partie de l’été à briller en tandem au crépuscule, parmi les étoiles de la Balance, au-dessus de l’horizon sud-ouest. Mais puisque la période orbitale de Mars est bien plus courte que celle de Saturne, la planète rouge a depuis laissé la planète aux anneaux derrière elle. Mars s’est rapidement déplacée vers l’est à travers le Scorpion et, au début d’octobre, on la retrouve dans le Serpentaire; le 21, elle entre dans le Sagittaire, où elle termine le mois. Grâce à son déplacement rapide vers l’est par rapport aux constellations, Mars réussit présentement à conserver un certain écart avec le Soleil : c’est pourquoi on retrouve la planète rouge sensiblement au même endroit soir après soir, au-dessus de l’horizon sud-ouest, une heure après le coucher du Soleil. Saturne n’a toutefois pas la même chance : la planète aux anneaux poursuit son inexorable descente vers l’horizon et disparaît après la mi-octobre, engloutie dans les lueurs du Soleil couchant. Le soir du 28 octobre, le croissant lunaire reposera à 8 degrés au-dessus de Mars à la fin du crépuscule.
Jupiter se lève en direction est-nord-est vers 2h30 du matin au début d’octobre. La planète géante brille parmi les étoiles du Cancer jusqu’au 15, après quoi elle passe dans le Lion. Au fil des jours, elle apparaît de plus en plus tôt : à la fin du mois, elle se lève avant une heure, et on la retrouve à bonne hauteur au sud-est à l’aube. Si vous en avez la chance, jetez un coup d’œil sur Jupiter dans un petit télescope : ses bandes nuageuses sombres et ses lunes galiléennes en perpétuel mouvement offrent toujours un spectacle fabuleux. La Lune décroissante reposera à droite de Jupiter le matin du 17 octobre, et sous la planète le 18.
Mercure est noyée dans l’éclat du Soleil pour la majeure partie du mois. En fait, la petite planète se trouve en conjonction inférieure (entre le Soleil et la Terre) le 16 octobre. Mais au cours de la dernière semaine d’octobre, Mercure gagne en hauteur et en brillance alors qu’elle s’écarte rapidement du Soleil; c’est le début de sa meilleure apparition de l’année dans le ciel du matin. À la fin du mois, la petite planète se trouve à 18 degrés d’écart du Soleil, ce qui la rend relativement facile à détecter : recherchez-la à l’aube, 45 minutes avant le lever du Soleil, au-dessus de l’horizon est-sud-est. Des jumelles vous faciliteront la tâche.
Bonnes observations !