Pour bien des amoureux du ciel et de plein air, août est synonyme d’étoiles filantes. L’édition 2020 de la fameuse pluie des Perséides, qui bat son plein vers le milieu du mois, ne se déroule pas dans les meilleures conditions possibles. Mais peu importe, puisque ce sont les planètes qui voleront la vedette au cours de ces magnifiques nuits d’été!
Lune contre Perséides
Les météores, ou étoiles filantes, sont les brèves traces lumineuses que laissent de petits grains de poussière en plongeant à plusieurs dizaines de kilomètres par seconde dans l’atmosphère terrestre. L’énergie de mouvement de ces débris cosmiques se transforme en chaleur et en lumière par friction sur les molécules d’air. De temps à autre, la Terre croise sur son orbite des concentrations de ces poussières, répandues par des comètes au fil de leurs passages répétés au voisinage du Soleil. C’est à ce moment qu’on assiste à des pluies de météores. Puisque la Terre repasse au même point de son orbite sensiblement aux mêmes dates d’une année à l’autre, ces pluies reviennent donc de manière périodique. Par exemple, les fameuses Perséides se produisent chaque année vers la mi-août lorsque la Terre rencontre le sillage de poussières parsemées sur l’orbite de la comète Swift-Tuttle.
La qualité du spectacle offert par les pluies annuelles de météores dépend d’une multitude de paramètres. La plupart sont intrinsèques à l’essaim de particules lui-même : sa richesse et sa densité, la taille moyenne des poussières qui le composent, sa position par rapport à l’orbite de la Terre, le nombre d’années écoulées depuis le dernier passage de la comète-mère, etc. Il existe aussi des facteurs externes qui entrent en ligne de compte : certains, comme la météo, sont imprévisibles à long terme, tandis que d’autres peuvent être déterminés bien à l’avance. Le plus important est sans doute la phase de la Lune, qui nous permet de juger si sa présence sera nuisible pendant les nuits où une pluie atteint son maximum. Car au final, c’est une lutte à finir entre la lumière que déverse la Lune dans le ciel et la pâle trace que laissent les étoiles filantes les plus faibles : seules les plus brillantes, moins nombreuses, arriveront à percer ce voile de lumière.
Cette année, la pluie des Perséides atteindra son maximum d’activité quelque part entre 4 et 17 heures le 12 août, soit pendant le jour au Québec. À priori, la nuit du 11 au 12 s’annonce donc comme la meilleure, puisque plus proche de ce maximum théorique. Par contre, il faut tenir compte de la Lune, qui sera au dernier quartier le 11 août : on devra profiter de la fenêtre de ciel « noir » qui se présente entre la fin du crépuscule astronomique et le lever de la Lune, c’est-à-dire entre 22 heures et 1 heure du matin. Cela nous prive malheureusement des heures les plus favorables pour les Perséides, juste avant l’aube. Sous un ciel sans pollution lumineuse, loin des agglomérations urbaines, on peut s’attendre à compter une trentaine de météores à l’heure; en zone péri-urbaine, ce sera moitié moins.
Bien que le nombre de Perséides décroît rapidement à mesure qu’on s’éloigne de la nuit du maximum, vous aurez peut-être la chance d’en apercevoir quelques-unes entre la fin-juillet et la troisième semaine d’août, période où cette pluie est active à faible intensité.
Jupiter et Saturne à leur meilleur
Si la Lune, la météo ou la pollution lumineuse ont raison de vos plans pour l’observation des Perséides, les planètes vous en mettront plein la vue tout au long du mois d’août. Jupiter et Saturne sont les deux premières à apparaître au cours de la soirée : on peut apercevoir ce duo remarquable au-dessus de l’horizon sud-est dès la tombée de la nuit, et il culmine au sud vers 22 h 30 au milieu du mois. Les deux géantes gazeuses se trouvent présentement dans la partie est de la constellation du Sagittaire, à gauche de l’astérisme de la Théière; le soir du premier août, la Lune gibbeuse croissante repose sous Jupiter et dessine un triangle avec Saturne. La Lune repasse dans la même région dans la nuit du 28 au 29 et effectue un rappel.
Jupiter, à droite, est la plus brillante des deux planètes. N’importe quel petit télescope vous montrera facilement ses quatre plus grandes lunes, qui changent de configuration d’un soir à l’autre. Vous pourrez également remarquer quelques-unes des bandes nuageuses plus ou moins larges qui strient l’atmosphère de la planète parallèlement à son équateur. Avec un instrument de meilleure qualité, et lorsque les conditions d’observation sont particulièrement stables, on pourra distinguer des détails plus fins, comme des volutes et des festons, à la frontière entre chacune de ces rayures.
Au télescope, l’atmosphère de Saturne nous apparaît nettement moins dynamique que celle de sa voisine. En fait, ce sont surtout ses célèbres anneaux qui captent notre attention. Quel spectacle! Cette année, ils sont inclinés d’environ 22 degrés en direction de la Terre : les propriétaires de télescope de bonne dimension auront ainsi le loisir d’en examiner les principales structures. Titan, la plus grande lune de Saturne, est également accessible aux petits instruments d’amateurs : elle apparaît comme une petite étoile qui accompagne Saturne dans ses déplacements sur la voûte céleste.
Mars : en route vers l’opposition
Au moment où Jupiter et Saturne culminent au sud, une autre planète fait son apparition au-dessus de l’horizon est. Seul astre très brillant dans la constellation des Poissons, sa teinte orangée est un autre indice qui vous permettra de reconnaître la fameuse planète rouge. Au télescope, Mars dépasse maintenant les 15 secondes d’arc de diamètre, et il est temps de débuter votre campagne d’observation : exercez votre œil à reconnaître les zones plus claires et plus sombres de la surface martienne visibles au télescope. Attendez toutefois que Mars gagne suffisamment de hauteur dans le ciel avant d’y pointer votre instrument, disons vers une heure du matin à la mi-août. Les conditions d’observation continueront de s’améliorer au cours des prochaines semaines, et la planète atteindra une hauteur convenable de plus en plus tôt, jusqu’à l’opposition de Mars en octobre prochain. Pendant quelques semaines, de septembre à novembre, la planète rouge se présentera à nous dans des conditions inégalées en 15 ans, et il vaut mieux se préparer à cette rare opportunité d’en débusquer les plus subtils détails. Dans la nuit du 8 au 9 août, le Lune gibbeuse décroissante s’approche à seulement 1 degré sous la planète rouge : spectaculaire!
Vénus et Mercure à l’aube
Une autre planète émerge au-dessus de l’horizon est-nord-est après 2 h 30 du matin : il s’agit de la brillantissime Vénus, qui arrive à sa plus grande élongation le 12 août, 46 degrés à l’ouest (c’est-à-dire à droite) du Soleil. À l’aube, une trentaine de minutes avant le lever du Soleil, l’Étoile du matin trône majestueusement une trentaine de degrés au-dessus de l’horizon est. Le matin du 15 août, on retrouve la Lune décroissante seulement 3 ½ degrés au-dessus de Vénus.
La dernière planète à se montrer est Mercure, qui conclut au cours de la première semaine d’août une très bonne apparition matinale amorcée en juillet. On pourra apercevoir la petite planète 30 minutes avant le lever du Soleil, bas à l’horizon est-nord-est : Mercure est relativement brillante en ce moment, mais des jumelles vous aideront tout de même à distinguer ce petit point de lumière dans les lueurs du jour qui approche.
Bonnes observations !