Après un hiver long et froid, le mois de mars arrive enfin et avec lui l’équinoxe du printemps. Ce mois-ci, on pourra également voir quatre planètes brillantes : Vénus, Mars, Jupiter et Saturne… en plus d’une cinquième, presque visible à l’œil nu, mais qu’il vaut la peine de tenter d’observer : Uranus!
Une saison de changement
L’hiver n’est pas encore tout à fait terminé, mais le mois de mars signale une transition graduelle vers le printemps : le Soleil franchit l’équateur céleste et entre dans l’hémisphère Nord; les jours s’allongent et les températures s’élèvent; et les constellations printanières occupent maintenant le centre de la scène céleste. Mars est également le moment où on avance l’heure.
Le passage à l’heure d’été, ou heure avancée, nous donne l’impression que les journées ont soudainement allongé : au lieu de se coucher vers 18 heures, du jour au lendemain, le Soleil disparaît sous l’horizon à 19 heures! Bien sûr, il se lève aussi une heure plus tard, ce qui annule l’effet du changement d’heure. Mais une observation attentive permettra de constater que les journées allongent réellement à cette époque de l’année, et très rapidement d’ailleurs. Au cours du mois, le Soleil se lève et se couche à chaque jour environ un demi-degré plus au nord le long de l’horizon, l’équivalent du diamètre apparent de notre étoile. Ce glissement vers le nord fait en sorte que le Soleil emprunte une trajectoire un peu plus haute et surtout plus longue à travers le ciel, ce qui entraine un gain significatif d’environ une heure et quarante minutes d’ensoleillement entre le début et la fin du mois de mars.
Voici quelques autres considérations astronomiques en lien avec le printemps. Cette année, le Soleil croisera l’équateur céleste, qui n’est autre que la projection du plan de l’équateur terrestre dans l’espace, le 20 mars à 18 h 45, heure avancée de l’Est. Autour de l’équinoxe, le Soleil se lève franc est et se couche franc ouest, et le jour et la nuit sont approximativement d’égale durée (d’où le nom « équinoxe »). Au printemps toujours, pendant le crépuscule aux latitudes moyennes nord, l’écliptique — le plan orbital des planètes du système solaire — rencontre l’horizon ouest avec un angle beaucoup plus prononcé (environ 68 degrés) que celui qu’elle fait à l’aube avec l’horizon est (environ 22 degrés). Les planètes situées à proximité du Soleil et visibles le soir s’empilent donc presque verticalement sur l’horizon ouest, ce qui les rend plus facile à repérer et à observer au crépuscule. Prenez Uranus, par exemple…
Une géante bleu-vert
La planète Uranus n’est habituellement pas considérée comme visible à l’œil nu, et pourtant elle l’est. La géante de glace se trouve à mi-distance entre le Soleil et la planète naine Pluton, à environ 3 milliards de kilomètres de la Terre. Bien que son diamètre soit environ quatre fois plus grand que celui de la Terre, son grand éloignement fait qu’elle ne brille qu’à magnitude 5,8. On considère généralement qu’on peut détecter à l’œil nu des objets célestes jusqu’à la magnitude 7, tout dépendant de la noirceur du ciel, de la sensibilité de l’œil et de la hauteur de l’objet par rapport à l’horizon. Mais peu importe ces facteurs limitatifs : une simple paire de jumelles mettra la planète à votre portée. Et si vous n’avez encore jamais vu Uranus, Vénus vous servira de guide ce mois-ci.
Le 1er mars, impossible de manquer l’éclatante Vénus, qui brille de mille feux au-dessus de l’horizon ouest. Environ une heure après le coucher du Soleil, pointez vos jumelles dans sa direction et vous verrez également Mars, la planète rouge, environ trois degrés et demi plus bas et sur sa droite. Regardez maintenant plus haut et un peu à la gauche de Vénus, à peu près à la même distance qui la sépare de Mars, et vous trouverez un petit point de lumière de teinte bleu-vert : c’est Uranus. Les trois objets sont répartis également dans le champ d’une paire de jumelles ordinaire. Au cours des soirs suivants, Vénus monte à la rencontre d’Uranus, jusqu’au 4 mars, alors que la brillante planète ne repose qu’à un quart de degré au-dessus de la faible géante verdâtre. C’est ensuite au tour de Mars de s’approcher et de dépasser Uranus : le 11 mars, la planète rouge reposera un tiers de degré au-dessus de la géante. Le contraste de couleur entre la teinte orangée de Mars et le bleu-vert d’Uranus promet d’être particulièrement intéressant.
Un mince croissant lunaire reposera en bas et à la gauche de Mars le soir du 21, et près de Vénus le soir du 22. Mais Uranus sera alors trop près de l’horizon pour être repérée facilement, même à l’aide de jumelles. Si vous souhaitez voir la géante bleu-vert, saisissez votre chance au cours de la première moitié du mois — le plus tôt sera le mieux!
Jupiter et Saturne
Deux autres planètes géantes sont visibles en mars. Jupiter est déjà bien haute au sud-est au crépuscule, et se trouve actuellement en mouvement rétrograde parmi les étoiles de la constellation du Cancer. La géante gazeuse culmine au sud en milieu de soirée : voilà le meilleur moment pour observer ses bandes nuageuses claires et sombres et ses quatre lunes galiléennes. Saturne se lève quant à elle vers 2 heures du matin au début de mars, puis vers minuit à la fin du mois. À la mi-mars, la planète aux anneaux culmine bas au sud juste avant l’aube. Bien que sa position actuelle ne soit pas idéale pour l’observation, ses anneaux sont actuellement inclinés de 25 degrés en direction de la Terre et en font tout de même une cible fascinante.
La Lune gibbeuse croissante reposera près de Jupiter le soir du 2 mars, puis à nouveau le soir du 29 mars. La Lune gibbeuse décroissante apparaîtra juste au-dessus de Saturne au cours des heures qui précèdent l’aube le 12 mars.
Bonnes observations !
Voir aussi
Planètes visibles à l'oeil nu