L’année 2020 s’achève. Avec elle, les planètes qui nous ont offert de si belles observations ces derniers mois exécutent leur dernier tour de piste avant de se montrer plus discrètes, voire absentes. Jupiter et Saturne nous gratifient de la plus belle des révérences en se tenant par la main, tandis que Vénus et Mars s’accrochent pour rester en scène... le tout saupoudré d’une pluie d’étoiles filantes.
Une proximité inégalée
L’événement marquant de ce mois de décembre est sans conteste la Grande conjonction de Jupiter et Saturne. Les deux planètes géantes ayant des périodes de révolution de respectivement 12 et 30 ans, elles ne semblent, de notre point de vue, se rapprocher dans le ciel que tous les 20 ans environ. L’écart minimal est cependant variable d’une conjonction à l’autre, en fonction de la position des planètes par rapport aux nœuds de leurs orbites légèrement inclinées. Ce 21 décembre 2020, Jupiter et Saturne ne se trouveront qu’à 6 minutes d’arc de distance, soit 1/10 de degré ! Pour rappel, la pleine Lune mesure ½ degré. La dernière Grande conjonction aussi favorable s’est produite en 1623, et il faudra attendre 2080 pour voir de nouveau Jupiter et Saturne s’approcher autant l’une de l’autre.
Pour admirer ce spectacle unique, il vous faudra mettre toutes les chances de votre côté. Le duo de planètes se trouve très bas au-dessus de l’horizon alors que le Soleil se couche. Seule une courte fenêtre d’observation s’offre à nous avant que les planètes ne disparaissent à leur tour derrière l’horizon, tout juste deux heures après le Soleil. Tentez votre chance dès le crépuscule, au-dessus d’un horizon sud-ouest bien dégagé, pour repérer ces deux points de lumière à l’éclat remarquable et persistant. À l’œil nu, ils sembleront presque confondus. L’éclat de Jupiter étant dix fois supérieur à celui de Saturne, le duo semble « déséquilibré ». Mais à travers un instrument, vous pourrez admirer la scène avec plus de nuances. Un télescope à moyen grossissement (150X) vous permettra même d’embrasser dans le même champ les deux planètes géantes accompagnées de certaines de leurs lunes. Les quatre satellites galiléens se distribuent harmonieusement de part et d’autre de Jupiter, alors que Titan semble surplomber toute la scène, au nord de Saturne.
Le 21 décembre marque l’apothéose de cette Grande conjonction, mais les deux planètes se côtoient de proche tout au long du mois. Elles se trouvent à moins d’un degré d’écart du 12 au 29 décembre. Prenez le temps d’admirer leur progression avant et après la date clef du 21, sachant que la fenêtre d’observation avant leur coucher s’amenuise de soir en soir. Le 16 décembre, un très fin croissant de Lune vient se glisser 3 degrés sous le duo de planètes; une scène similaire se répète le lendemain, alors que la Lune dont le croissant s’épaissit se situe cette fois légèrement au-dessus du couple.
Vénus, phare palissant du matin
Depuis sa plus grande élongation du 12 août, Vénus glissait lentement vers le Soleil. En décembre, son déclin s’accélère et la planète prépare assurément son changement de garde. Elle quitte progressivement le ciel du matin, et ira illuminer les ciels de soirée à partir du printemps 2021. On l’observe encore confortablement en début de mois à l’ouest de la Balance, de deux heures avant le lever du Soleil jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Cependant, elle parcourt toute la constellation en direction du Soleil en tout juste deux semaines. Après un bref passage au-dessus des pinces du Scorpion, elle s’aventure dans le Serpentaire à partir du 21 décembre. Dès lors, il faut un horizon dégagé au sud-est pour distinguer son éclat s’élever dans la dernière heure qui précède le lever du Soleil. Un très fin croissant de Lune vient se placer proche de Vénus le 12 et le 13, offrant une scène très délicate. Favorisez son observation le 12, alors que le croissant sera légèrement plus épais et haut que le lendemain, et situé seulement à 4 ½˚ en haut à droite de l’étoile du berger.
Mars, écarlate et splendide malgré tout
Depuis son opposition le 13 octobre, la planète rouge perd lentement de sa superbe, mais reste aisément observable en décembre. Elle trône dans la constellation des Poissons, où aucun astre ne vient lui faire concurrence, à l’exception bien entendu d’une belle Lune gibbeuse croissante qui passe la saluer le 23. On voit encore Mars perchée bien haut plein sud en début de soirée, et sa plongée vers l’ouest s’étend sur toute la première partie de la nuit. Au cours du mois, vous constaterez que son éclat diminue de moitié après avoir franchi la barre symbolique de la magnitude –1 le 5 décembre.
Une année exceptionnelle pour les Géminides
Les Géminides constituent la pluie d’étoiles filantes la plus stable et la plus fiable d’année en année. 2020 s’annonce un excellent millésime puisque le maximum de cette pluie de météores plutôt lents et brillants est attendu lors d’une nuit sans Lune, le 13 décembre. Le radiant, situé tout proche de l’étoile Castor, est visible toute la nuit et culmine vers 2 heures du matin à moins de 15 degrés du zénith. Il est alors possible d’espérer voir près de 70 étoiles filantes à l’heure sous un ciel bien dégagé et loin des sources de pollution lumineuse ! Une merveilleuse façon de profiter des belles et froides nuits d’hiver.
Bonnes observations !