Décembre, c’est le solstice [d’hiver] et les nuits les plus longues, Noël et les fêtes de fin d’année. Et c’est aussi la saison des Géminides.
Bien moins connues et appréciées du public que les Perséides (essentiellement pour des raisons climatiques, on s’en doute bien), les Géminides constituent pourtant la pluie de météores la plus stable et la plus fiable d’année en année. C’est aussi l’une des deux plus fortes avec les Quadrantides qui se produisent au début de janvier.
Rappelons ici qu’un météore, c’est la trace lumineuse éphémère produite par une petite particule interplanétaire (dont la taille est généralement inférieure à celle d’un grain de sable) lorsqu’elle plonge à très grande vitesse dans l’atmosphère terrestre. L’énergie dissipée par l’intense freinage se transforme en chaleur et rend l’air incandescent au passage de la poussière. Une pluie de météores se produit lorsque la Terre, en parcourant son orbite, rencontre un essaim de poussières. La plupart des pluies de météores sont associées à des comètes périodiques qui les alimentent en poussières à mesure qu’elles se désintègrent au fil de leurs passages répétés près du Soleil. Or, le cas de Géminides est un peu différent : leur source est plutôt un astéroïde hors de l’ordinaire, 3200 Phaeton, qu’on croit être un ancien noyau de comète qui aurait perdu pratiquement toutes ses substances volatiles, ne laissant plus qu’un amas de matériau pierreux.
En 2023, le maximum des Géminides est prévu le 14 décembre vers 14 heures (heure de l’Est) — en plein jour dans nos régions. Puisque le radiant des Géminides est visible toute la nuit et qu’il culmine vers 2 heures du matin, les nuits du 13 au 14 et du 14 au 15 décembre sont donc équivalentes en 2023 pour les astronomes du Québec. Vers minuit ces deux soirs, lorsque le radiant (près des étoiles Castor et Pollux, les jumeaux de la constellation des Gémeaux) est très haut dans le ciel, on pourrait compter une bonne trentaine de Géminides à l’heure sous un ciel bien noir et limpide. Avec une vitesse d’entrée dans l’atmosphère de la Terre d’environ 36 kilomètres par seconde (environ 130 000 km/h), les spécialistes considèrent que les météores des Géminides sont plutôt lents; en revanche, ils sont souvent très brillants car la taille des poussières mises en cause est relativement grande.
Puisque la nouvelle lune a lieu le 12 décembre, la lumière habituellement gênante de notre satellite naturel n’est pas un facteur limitant en 2023. Alors, compte tenu de ces conditions plutôt favorables, pourquoi ne pas tenter d’observer les Géminides cette année ? Si vous en avez la possibilité, fuyez la pollution lumineuse, habillez-vous très chaudement et préparez votre liste de vœux !
Du côté des planètes géantes
Il est encore temps de jeter un coup d’œil sur Saturne et d’admirer ses magnifiques anneaux au télescope, avant que la planète ne soit trop basse. Ce mois-ci, Saturne est à son plus haut dans le ciel, 32 degrés au-dessus de l’horizon sud, dès que le ciel s’assombrit, peu après le coucher du Soleil. N’attendez pas trop, car plus la soirée avance, plus elle descend à l’horizon ouest-sud-ouest. À l’œil nu, Saturne est facile à reconnaître, car c’est l’astre le plus brillant dans cette partie du ciel à la tombée de la nuit. Le soir du 17 décembre, le croissant de Lune repose 3 degrés sous la planète aux anneaux.
La situation est autrement plus avantageuse pour Jupiter. La plus grosse planète du Système solaire était à l’opposition au début de novembre, et elle est maintenant merveilleusement bien placée pour l’observation dès le début de soirée. En effet, à la tombée de la nuit, Jupiter brille déjà bien haut dans le ciel, à une cinquantaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-est. Quand les conditions d’observation sont favorables, cette élévation assure une meilleure stabilité des images lorsqu’on pointe un télescope dans sa direction : les fins détails qu’on peut distinguer dans les bandes nuageuses de Jupiter seront plus nets que lorsque la géante gazeuse est plus basse à l’horizon.
Le 30 décembre, alors que la nuit s’installe après le coucher du Soleil, les propriétaires de télescope de 150 mm et plus pourront assister à un intéressant phénomène alors que les lunes galiléennes Europe et Ganymède projetteront simultanément leur ombre sur les nuages de Jupiter. La séquence s’amorce peu avant 17 heures (heure de l’Est) : Europe, qui se trouvait depuis quelques heures devant le disque de Jupiter, quitte alors la face de la planète et apparaît pendant quelques minutes comme une petite bosse sur son rebord, du côté ouest. Au même moment, la petite tache noire de son ombre commence à entrer sur les nuages de Jupiter : on dirait une petite encoche sombre sur le bord opposé. Au bout de quelques minutes, Europe se détache complètement de Jupiter et se profile distinctement devant le fond du ciel, tandis que son ombre apparaît maintenant de manière isolée sur les nuages de la planète.
Le double passage d’ombre commence véritablement vers 17 h 17, lorsque l’ombre de Ganymède entre à son tour sur les nuages joviens. On remarquera la taille de cette ombre, nettement plus étendue que celle d’Europe, et son allure quelque peu étirée, puisqu’elle se projette aux hautes latitudes de l’hémisphère Sud de Jupiter.
Vers 18 heures, les deux ombres sont bien visibles une au-dessus de l’autre, presque sur le méridien central du disque jovien. Les deux lunes impliquées brillent quant à elles tout juste à l’ouest de la planète. L’ombre de Ganymède est la première à quitter la face de Jupiter, vers 18 h 55; celle d’Europe suit une vingtaine de minutes plus tard, vers 19 h 19.
Vénus brille encore à l’aube
Les dernières heures de la nuit sont encore l’affaire de Vénus, qui brille de mille feux au-dessus de l’horizon sud-est à compter de 4 h 30 du matin et jusqu’à l’aube. La belle Étoile du matin a cependant perdu quelques degrés de hauteur depuis son sommet d’octobre dernier, et elle en perdra encore une bonne dizaine rien qu’au cours du mois de décembre : le 1er, on la retrouve à environ 30 degrés d’élévation au début de l’aube civile; le 31, elle n’est plus qu’à 20 degrés de hauteur au même moment de la journée. Son déclin graduel se poursuivra au cours des prochains mois.
Au télescope, Vénus nous apparaît présentement sous la forme d’un disque gibbeux, éclairé à environ 75 %, qui ne fait plus que 15 secondes d’arc de diamètre à la mi-décembre. Le matin du 9 décembre, remarquez la mince Lune décroissante qui repose à moins de 4 degrés à droite de Vénus, légèrement plus bas que la planète.
Le solstice
Le solstice de décembre est prévu le 21 à 22 h 28, heure de l’Est. Pour nous qui vivons dans l’hémisphère Nord, c’est officiellement le début de l’hiver astronomique, qui ne durera « que » 88 jours 23 heures et 38 minutes. Même si la durée de chaque saison varie lentement sur des périodes de plusieurs millénaires, notre hiver boréal est actuellement la plus courte, et il en sera ainsi pour encore quelques siècles.
Bonnes observations !