Les conjonctions de planètes ne sont pas rares, et la possibilité de voir plusieurs astres errants dans une même région du ciel le long de l’écliptique ne l’est pas non plus. Mais en juin cette année, les conditions sont réunies pour observer toutes les planètes visibles à l’œil nu en même temps, et de plus dans l’ordre, s’il vous plaît!
Cette enfilade planétaire sera plus facile à observer en seconde partie de mois, et la Lune s’invitera même dans la photo de famille lors de la dernière semaine de juin.
Le mouvement des planètes sur leur orbite donnera un effet saisissant si vous les observez de façon régulière : de nuit en nuit, vous verrez la ligne s’étirer de plus en plus, en raison du mouvement apparent rapide de Mercure, Vénus et Mars. Les planètes, qui semblent disposées aléatoirement en début de mois, se répartiront de manière plus harmonieuse en seconde partie de juin.
Mercure, défi délicat
La période de visibilité de Mercure en ce début d’été s’étend du 9 juin au 7 juillet, mais elle n’est que moyennement favorable. Pour compléter notre cortège, il faudra débusquer la petite planète qui apparaît avec un faible éclat cuivré dans des conditions délicates. En effet, vous devrez patienter jusqu’aux petites heures du matin, idéalement à partir du 16 juin, pour que Mercure, noyée dans les lueurs de l’aube, s’extirpe assez haut au-dessus d’un horizon est-nord-est bien dégagé, en bas et à gauche de l’éclatante Vénus. Favorisez le court créneau entre 30 et 45 minutes avant le lever du Soleil pour maximiser vos chances. Si vous parvenez à repérer Mercure, le défi de l’observation de l’enfilade sera accompli, les autres planètes étant bien plus faciles à identifier.
Vénus, un repère évident
Astre le plus brillant du ciel (hormis la Lune et le Soleil), Vénus continue sa présence dans le ciel du matin. En revanche, la faible inclinaison de l’écliptique par rapport à l’horizon, combinée au mouvement de la planète le long de son orbite, ne donnent pas la chance à Vénus de se placer bien haut dans le ciel en ce moment : ce mois-ci, elle est condamnée à glisser le long de l’horizon est-nord-est, matin après matin, entre 4 heures et le lever du Soleil. Heureusement, elle reste évidente si l’horizon est bien dégagé. Entre le 22 et le 30 juin, remarquez que Vénus se balade juste en-dessous des Pléiades (distance angulaire de 6 degrés le 22) avant de s’aventurer au-dessus des Hyades.
Mars, une arrivée discrète
Déjà présente dans le ciel du matin où on la retrouve à l’est après 3 heures, Mars progresse vers son opposition qui aura lieu dans 6 mois, en décembre. Son mouvement apparent est assez rapide, puisque le mois de juin lui sera suffisant pour traverser intégralement la constellation des Poissons, avec une brève incursion dans la Baleine. Cette région du ciel ne contenant pas d’étoile très brillante, l’éclat rougeâtre de Mars, bien qu’encore relativement discret (magnitude +1 environ), se distingue facilement. Au tout début du mois, Mars est encore voisine de Jupiter, mais elle s’en distancie rapidement. Le 22 juin, la Lune décroissante se placera légèrement sous la ligne qui sépare ces deux astres.
Jupiter et Saturne, un changement de garde
Au cours des derniers étés, Jupiter et Saturne nous accompagnaient presque toute la nuit en duo rapproché, mais 2022 marque un changement important sur ce plan. Comme les deux planètes ne se déplacent par sur leur orbite à la même vitesse, Jupiter s’est considérablement éloignée de sa consœur, et 40 degrés les séparent maintenant. Elles ne se côtoieront de nouveau dans le ciel qu’en 2040.
Ce mois-ci, il faudra attendre la dernière partie de la nuit pour voir Jupiter se lever à la suite de Saturne (après 3 heures du matin en début de mois, et 1 heure du matin dans les derniers jours de juin). À pareille date, dans les dernières années, elles savaient tenir en haleine les couche-tard, alors qu’elles étaient encore accessibles sans privation de sommeil importante. En juin 2022, Jupiter et Saturne sont clairement des planètes de fin de nuit, voire de matin.
Une autre différence importante distingue les deux planètes géantes, surtout pour l’observation au télescope : leur position parmi les constellations. L’inclinaison de l’écliptique par rapport à l’équateur céleste favorise l’observation des planètes lorsqu’elles se trouvent dans certaines constellations, plus hautes au-dessus de l’horizon que d’autres. En 2022, Jupiter brille dans la constellation des Poissons, ce qui l’avantagera lors de son opposition du mois de septembre puisqu’elle nous apparaîtra 13 degrés plus haut dans le ciel qu’en 2021. Cette position bénéfique n’a encore que peu d’impact sur les observations télescopiques réalisées en juin, mais on profitera plus tard cet été de ses effets positifs. La planète aux anneaux, en revanche, est cantonnée dans le Capricorne et ne s’élèvera pas aussi haut que sa consœur. Au télescope, on remarque surtout que Saturne progresse vers son équinoxe, car l’inclinaison de ses anneaux nous apparaît plus faible cette année : leur ouverture est d’environ 14 degrés, en forte décroissance par rapport à 2021, et bien loin des 27 degrés d’ouverture maximale dont on peut être témoins lors des solstices saturniens.
La Lune, compagne vagabonde
Au gré de la disposition particulière des planètes en ce mois de juin, la Lune viendra agrémenter le ciel de différentes façons : de rapprochements en conjonctions, elle saura toujours embellir les tableaux célestes.
La nuit du 14 au 15 juin, la pleine lune traverse l’astérisme de la théière du Sagittaire. Si cette constellation proche du cœur de la Voie lactée vous est familière, vous pourrez l’utiliser pour constater le mouvement propre de la Lune au courant d’une même nuit.
Le matin du 21 juin, le dernier quartier rend visite à Jupiter, en se plaçant 5 degrés sous la planète géante. Le lendemain matin, 22 juin, c’est au tour de Mars de se voir accompagnée de cette Lune qui perd lentement en éclat.
Du 23 au 25 juin, la Lune s’insère parfaitement dans notre ligne de planètes, entre Mars et Vénus.
Le 26 et le 27 juin, guettez le très mince croissant lunaire qui s’approche de Vénus et Mercure : Vénus n’est qu’à 2 degrés à sa droite le matin du 26, et Mercure à 3 degrés à sa droite le 27. Cette dernière observation constituera un bon défi car il faudra disposer d’un horizon est-nord-est bien dégagé, 30 minutes avant le lever du Soleil.
Bonnes observations !