Parmi les cinq planètes du Système solaire visibles à l’œil nu, Mercure est sans aucun doute la plus difficile à observer. Elle ne montre pas souvent le bout de son nez, et lorsqu’elle fait son apparition, la petite planète reste près de l’horizon. En effet, que ce soit au petit matin avant le lever du jour ou peu après le coucher du Soleil, elle ne s’éloigne jamais bien loin de notre étoile. Le mois de mai nous offre toutefois une excellente occasion de repérer Mercure en soirée.
Géométrie céleste
Tout comme Vénus, Mercure est une planète dite « inférieure » car son orbite est contenue à l’intérieur de celle de la Terre. Pour ces dernières, l’angle apparent qui sépare la planète du Soleil, aussi appelé élongation, dicte leur observabilité. Lorsque cet angle est à son minimum et que la planète nous apparaît vis-à-vis le Soleil, on parle de conjonction; il peut s’agir d’une conjonction inférieure si la planète passe devant le Soleil ou d’une conjonction supérieure si la planète passe derrière.
Lorsque l’élongation est à son maximum, que ce soit à l’est (la gauche) ou à l’ouest (la droite) du Soleil, l’écart entre la planète et l’astre du jour la rend plus facile à observer dans le ciel. Ainsi, ce n’est qu’au cours des quelques jours ou semaines entourant une élongation maximale que Mercure devient visible pendant le crépuscule du matin ou du soir, et ce pour quelques minutes seulement, tout au plus une heure environ.
Or, toutes les élongations ne sont pas égales. À cause de l’excentricité de son orbite, la valeur de l’élongation maximale de Mercure varie entre 18 et 28 degrés selon le moment de l’année où elle survient. De plus, selon qu’il s’agisse d’une élongation est ou ouest, la planète sera plus brillante avant ou après son élongation maximale; ce mois-ci, par exemple, Mercure brille beaucoup plus intensément au début de son apparition et devient de plus en plus faible au fur et à mesure que les jours passent.
Un dernier facteur influence la visibilité d’une planète lorsqu’elle est proche du Soleil : l’angle que fait l’orbite de cette planète avec l’horizon, au crépuscule ou à l’aube. Sous nos latitudes nordiques, après le coucher du Soleil, cet angle s’approche davantage de la verticale en hiver et au printemps, mais se fait en revanche plus fermé sur l’horizon en été et en automne. Pour un même angle d’élongation, la visibilité d’une planète au crépuscule est nettement meilleure en première moitié d’année, car elle sera plus haute par rapport à l’horizon. L’inverse se produit en seconde moitié d’année, alors que la géométrie favorise plutôt la visibilité des planètes à l’aube.
Planètes et occultation lunaire
En ce mois de mai, toutes les conditions favorables sont réunies pour Mercure : au cours des premiers soirs du mois, elle est particulièrement brillante à l’horizon ouest-nord-ouest, où elle fait son apparition 30 minutes après le coucher du Soleil. Le 3 mai, au début de la nuit, on remarquera aux jumelles la présence du bel amas d’étoiles des Pléiades, juste au-dessus de la petite planète. Lorsqu’elle atteint son élongation maximale le 17 mai, Mercure est visible pendant un peu plus d’une heure à la tombée de la nuit. Vers la fin du mois, la brillance de Mercure diminue considérablement et la planète passe de moins de moins de temps au-dessus de l’horizon; la meilleure période pour l’observer s’étend donc du début de mai jusqu’au 21.
Ne confondez pas Mercure avec l’éclatante Vénus, qui fait aussi son apparition peu après le coucher du Soleil, bien plus brillante mais plus basse à l’horizon ouest-nord-ouest. Le croissant de Lune visite le duo de planètes le soir des 12 et 13 mai. Le 28, Mercure et Vénus sont en conjonction : elles passent à moins d’un demi-degré l’une de l’autre, soit environ le diamètre apparent de la Lune dans le ciel. Comme Mercure aura beaucoup faibli à ce moment, utilisez des jumelles pour la repérer.
Un peu plus haut dans le ciel, dans la constellation des Gémeaux, on retrouve la planète rouge. Mars s’allume avec les premières étoiles, dès que la noirceur s’installe, et reste visible au cours de la première moitié de la nuit. Le soir du 15 mai, le croissant de Lune vient se positionner à côté de la planète rouge, la rendant plus facile à identifier.
Le lendemain soir, 16 mai, on pourra observer une belle occultation lunaire : à 21h29 (heure approximative à Montréal, le moment exact dépend des coordonnées géographiques précises), notre satellite naturel passera directement devant Kappa Geminorum, une étoile de magnitude +3,4 située près de Pollux, bloquant momentanément sa lumière. La Lune poursuit sa course dans le ciel et l’étoile fera sa réapparition dans le ciel nocturne un peu plus d’une heure plus tard, à 22h30.
À la fin de la nuit, on peut apercevoir les deux géantes gazeuses qui se lèvent à l’horizon sud-est. La magnifique Saturne se pointe la première, suivie de près par la brillante Jupiter. Ces deux planètes sont visibles jusqu’à l’aube. Elles recevront la visite d’un quartier de Lune le matin des 3, 4 et 5 mai, puis à nouveau le matin du 31.
Pluie de météores
Au fil de ses passages répétés autour du Soleil, la fameuse comète de Halley laisse derrière elle une trainée de poussière. À chaque mois de mai, notre planète croise l’orbite de la comète; quelques-uns de ces petits grains de comète plongent alors dans l’atmosphère terrestre où ils se désintègrent en laissant une brève trace lumineuse. Cela donne lieu à une pluie de météores, les Êta Aquarides, dont le maximum est attendu cette année dans la nuit du 5 au 6. Si la météo coopère et que votre ciel est assez sombre, cela pourrait valoir la peine de sortir les observer entre 3 heures du matin et l’aube. Au cours des deux ou trois nuits autour de ce maximum, vous pourriez apercevoir quelques météores appartenant à cette pluie particulière.
Bonnes observations !