Étendez la couverture et installez-vous confortablement ! Planètes, Lune, Voie lactée et objets exotiques : le ciel de juillet 2022 nous en offre pour tous les goûts.
Mercure en entrée
L’enfilade des cinq planètes visibles à l’œil, qu’on pouvait observer en seconde moitié de juin, est encore accessible pour un jour ou deux au tout début de juillet, avant que Mercure ne disparaisse dans l’éclat du Soleil. La petite planète ne se lève que 30 minutes avant le Soleil, et son observation sera un défi de taille même si vous profitez d’un horizon est-nord-est parfaitement dégagé. Pour vous aider à retrouver la furtive Mercure, les autres planètes seront vos meilleurs guides.
La révolution des planètes autour du Soleil se fait à peu près sur un même plan qui traverse les constellations du zodiaque. Ainsi, vues de la Terre au petit matin en début juillet, quatre planètes bien visibles — quatre des points les plus brillants dans le ciel — tracent une longue ligne qui pointe du sud vers l’est en direction de Mercure.
Brochette de planètes
Notre quatuor planétaire principal continue d’animer les nuits de juillet, de leur lever respectif jusqu’à celui du Soleil.
Saturne est la première à émerger au-dessus de l’horizon est-sud-est, vers 23 heures en début de mois puis de plus en plus tôt, jusqu’à 21 heures au tournant du mois d’août. La belle planète aux anneaux est quasi stationnaire et d’un éclat dominant parmi les étoiles de la constellation du Capricorne, près du Verseau en juillet. La Lune s’en rapproche le soir des 14 et 15 juillet (écart d’environ 6 degrés le 15), vous aidant alors à identifier la lointaine planète.
Le lever de Jupiter suit celui de sa voisine d’environ 90 minutes. Actuellement dans la constellation de la Baleine, tout juste sous les Poissons, la planète géante s’élève donc au-dessus de l’horizon est vers minuit 30 au début de juillet, et 22h30 à la fin du mois. Pour identifier Jupiter, il n’y a pas d’ambiguïté : hormis la Lune, c’est de loin l’astre le plus brillant en seconde moitié de nuit, jusqu’au lever de Vénus à l’est-nord-est au petit matin. Surveillez une belle conjonction Lune-Jupiter dans la nuit du 18 au 19 juillet, alors que notre satellite se trouve à 3 degrés sous la planète à son lever.
Mars est la suivante à faire son apparition. La planète rouge, tranquillement rattrapée par la Terre, gagne en magnitude et semble se déplacer rapidement parmi les étoiles des constellations du zodiaque. Le 1er juillet, on la trouve près de la jonction des deux segments de la constellation des Poissons, et elle se lève aux environs de 1h30 du matin. À la fin du mois, elle est au cœur du Bélier, et se lève vers minuit 15. Mars reçoit aussi la visite de la Lune, qui passe à moins de 4 degrés de la planète dans la nuit du 20 au 21 juillet.
La pièce de résistance reste la très brillante Vénus, même si elle continue de perdre graduellement en éclat. Elle se lève en direction est-nord-est entre 3h30 (1er juillet) et 4 heures du matin (30 juillet); une heure plus tard, au moment où commence l’aube civile, elle atteint une altitude de 11 degrés, avant d’être emportée par l’éclat du Soleil levant. Tentez d’observer Vénus le matin du 26 juillet, alors qu’elle semble suspendue moins de 4 degrés sous un très mince croissant lunaire.
Pleine lune extra-large
La pleine lune du 13 juillet sera la plus grosse de l’année 2022, puisqu’elle se produit seulement 9 heures après que notre satellite ait atteint le point le plus rapproché (le périgée, à 357 264 km) sur son orbite elliptique autour de la Terre. C’est ce que l’on appelle une pleine lune périgéenne, qu’on connaît aussi sous le nom de « super lune ». Cette proximité se traduit par un diamètre observable 10% plus gros que la plus lointaine pleine lune de 2022, celle de janvier. À l’œil nu, toutefois, impossible de faire la différence par manque de points de repère. L’effet sera cependant notable sur l’amplitude élevée des marées à ce moment et dans les jours suivants.
Toutes les occasions sont bonnes pour tourner notre regard vers notre acolyte céleste. En plus de cette pleine lune et des rapprochements planétaires évoqués plus tôt, notons quelques rencontres stellaires d’intérêt. Le 2 juillet en tout début de nuit, le croissant lunaire de 4 jours repose près de l’étoile Régulus dans le Lion; remarquez la lumière cendrée sur la partie de la Lune qui n’est pas directement éclairée par le Soleil. Le soir du 10 juillet, c’est le cœur du Scorpion, l’étoile rouge Antarès, qui accueille la Lune gibbeuse à moins de 2 degrés d’écart. Le matin du 23 juillet, après son lever vers une heure, le dernier croissant de Lune loge dans le Taureau, entre l’amas d’étoiles des Pléiades et l’étoile orangée Aldébaran.
Mais de toutes ces rencontres de la Lune ce mois-ci, celle du 11 juillet est la plus rapprochée et la plus mystérieuse. Serait-ce aussi la plus dangereuse ?
Beigne et trou noir en dessert
Le 12 mai 2022, une équipe internationale d’astronomes a dévoilé la première image de l’objet nommé Sagittarius A*, le trou noir supermassif au centre de notre Galaxie. Cette image radio nous montre la silhouette sombre de ce gouffre gravitationnel qui échauffe et fait briller la matière tourbillonnant autour de lui.
Ce trou noir, 4 millions de fois plus massif que le Soleil, est situé pour nous en direction de la constellation du Sagittaire. Les soirées de juillet sont sans aucun doute les plus propices pour observer cette région du ciel et le cœur de la Voie lactée.
S’il vous prenait l’envie d’observer vous-même vers ce trou noir, voici où porter votre regard. En direction sud-sud-est au crépuscule astronomique, les étoiles principales de la constellation du Sagittaire dessinent une théière. En partant de la base de la poignée de la théière (l’étoile Ascella), tracez mentalement une ligne se rendant vers le début de l’ouverture du bec de la théière (l’étoile Kaus Media). Si vous doublez la longueur de ce segment, vous atteignez l’endroit où se trouve Sagittarius A* et le cœur de la Voie lactée.
En soirée le 11 juillet, la Lune gibbeuse croissante passera à seulement 2 degrés au-dessus de ce glouton galactique; elle vous aidera ainsi à regarder dans la bonne direction. Mais soyez sans crainte pour notre satellite naturel, le trou noir se trouve en réalité à 26 000 années-lumière de nous — 660 milliards de fois plus loin que la Lune ! Ne vous surprenez donc pas de ne pas être capable de voir la même image que celle révélée en mai : vu de la Terre, ce beigne de matière entourant le trou noir apparaît aussi grand dans ciel qu’un véritable beigne… observé sur la surface de la Lune !
Sur ce, bon appétit !
Bonnes observations !