Même si les journées sont véritablement plus longues au solstice d’été, quelque chose dans l’air de juillet, une brise des vacances, une léthargie caniculaire ou une baisse de pression sur les artères de transport, tend à détendre le temps.
Même la Terre est au ralenti. C’est au début de juillet — le 5 cette année — que la Terre atteint l’aphélie, sa distance maximale du Soleil sur son orbite elliptique, à 152 millions de kilomètres de notre étoile. Au plus loin durant l’été ? Et pourtant oui, pour l’hémisphère Nord (n’oubliez pas, c’est l’hiver dans l’hémisphère Sud). L’éloignement supplémentaire de 3,5% par rapport à la distance Terre-Soleil le 2 janvier est loin de contrecarrer l’effet de l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre qui engendre l’alternance des saisons. L’aphélie, c’est plutôt le moment où notre planète progresse le plus lentement (105 000 km/h) autour du Soleil, 4000 km/h de moins qu’au début de l’année. Comme si nous prenions une route de campagne pour mieux profiter de la vue, ce ralentissement nous permet d’apprécier, un tant soit peu plus longtemps, les belles constellations estivales.
Nuits sans Lune
Le meilleur moment pour profiter des douces soirées étoilées sera en première moitié de mois, alors que la Lune sera en phase favorable dans les jours qui entourent la nouvelle lune du 10 juillet. Loin de la pollution lumineuse des grandes agglomérations, et avec notre satellite naturel sous l’horizon, la nuit révèle beaucoup d’étoiles de faible magnitude et, surtout, le cœur de la Voie lactée qui s’élève vers le Triangle d’été depuis la constellation du Sagittaire à l’horizon sud. Parcourir cette région du ciel aux jumelles révèle de multiples amas d’étoiles et nébuleuses pouponnières, telle que la nébuleuse de la Lagune (Messier 8) doublée d’un amas de jeunes étoiles. Pour y poser votre regard, tentez de retrouver la forme de théière dans les étoiles du Sagittaire; M8 loge juste au-dessus du bec verseur, à peine plus haut que le couvercle, à une distance de quelque 5000 années-lumière. Le soir du 21 juillet, la Lune gibbeuse croissante, à seulement 1,3 seconde-lumière de la Terre, semble s’approcher à moins de 3 degrés en bas et à gauche de M8; les deux astres se prêtent ainsi à une observation simultanée aux jumelles, ce qui peut en théorie aider au repérage de la distante nébuleuse, mais qui en rend aussi l’appréciation plus difficile…
Planètes en soirée
Vénus continue de creuser l’écart qui la sépare du Soleil, et son éclat fait pâlir celui de Mars dans les lueurs du crépuscule du soir. C’est d’autant plus frappant que les deux planètes sont très basses à l’horizon ouest, 45 minutes après le coucher du Soleil : Vénus ressort nettement plus facilement que la planète rouge.
Du 1er au 3 juillet, Vénus frôle l’amas d’étoiles de la Ruche (Messier 44), offrant une belle opportunité d’observation aux instruments. Aux jumelles, on devine près de la planète les étoiles les plus brillantes de l’amas qui tentent de percer les couleurs du crépuscule. À l’oculaire d’un télescope, Vénus elle-même se présente comme un petit disque gibbeux de seulement 11 secondes d’arc de diamètre.
Vénus nous offre aussi une des dernières occasions intéressantes de retrouver la petite Mars avant que celle-ci ne glisse derrière le Soleil depuis notre perspective. En première moitié de juillet, la brillante Vénus s’approche par la droite de la faible planète rouge, qui sombre de jour en jour vers l’horizon ouest. Les deux planètes sont en conjonction le soir du 13, à seulement un demi-degré l’une de l’autre. Le très fin croissant de Lune se joint à elles et offre un défi d’observation intéressant : le 11 juillet, il repose 5 degrés à droite de Vénus, et on le retrouve 7 degrés en haut et à gauche de la planète le lendemain soir.
Planètes nocturnes
Jupiter et Saturne offrent de meilleures conditions d’observation et se font de moins en moins attendre au fil des semaines qui passent. Par exemple, Saturne se lève au sud-est deux heures après le coucher du Soleil en début de mois (vers 23 heures), mais seulement 30 minutes à la fin de juillet (vers 21 heures). La brillante Jupiter suit environ une heure plus tard, elle aussi à l’horizon est-sud-est.
Les deux planètes géantes dominent les constellations du Capricorne et du Verseau et leurs étoiles d’assez faible magnitude, sous le trio d’étoiles brillantes du fameux Triangle d’été. Une façon d’identifier Saturne dans le ciel cette année est d’ailleurs de doubler la distance entre les deux plus brillantes étoiles de cet astérisme estival, de Véga (la plus haute) vers Altaïr, qui pointent alors en direction de l’horizon vers la planète aux anneaux.
On note aussi un beau rapprochement de notre satellite naturel avec Saturne et Jupiter au cours des trois nuits suivant la pleine lune du 23 juillet.
Planètes du matin
Les lève-tôt pourront apprécier le duo de planètes géantes à l’horizon sud jusqu’à l’aube, moment où Mercure fait aussi son apparition. Mercure est en élongation maximale par rapport au Soleil le 4 juillet; elle se trouve alors tout près de l’étoile Dzéta Tauri, à l’extrémité de la corne gauche du Taureau.
Malgré son écart par rapport au Soleil, l’observation de Mercure reste un défi car la petite planète demeure basse à l’horizon pendant l’aube, à moins de 10 degrés de hauteur vers l’est-nord-est. Le meilleur moment pour la retrouver sera le matin du 8 juillet : si vous parvenez à repérer le très fin croissant lunaire dans les 45 minutes précédant le lever de Soleil, sachez que le point brillant situé à moins de 5 degrés sur sa droite est la petite planète rocheuse.
Bonnes observations !