Une éclipse de Soleil et de belles rencontres planétaires retiennent notre attention dans le ciel de juin.
C’est le matin du 10 juin qu’a lieu le phénomène astronomique le plus spectaculaire de l’année au Québec. Ce jour-là, la Lune vient s’interposer directement entre la Terre et le Soleil, donnant lieu à une éclipse solaire. Mais parce que la Lune se trouve alors sur la partie la plus éloignée de son orbite elliptique, sa taille apparente ne sera pas assez grande pour recouvrir complètement le disque du Soleil : il restera donc un anneau de lumière brillant autour de la silhouette sombre de la Lune.
Ce phénomène, appelé éclipse annulaire, sera visible uniquement si on se trouve à l’intérieur d’une bande de quelques centaines de kilomètres de largeur, s’étirant du nord de l’Ontario jusqu’en Sibérie, en passant par le nord-ouest du Québec, les îles de l’Arctique canadien et le pôle Nord. Hors de cette bande d’annularité, ailleurs au Québec et dans une grande partie du Canada, ainsi que dans le nord de l’Europe et de l’Asie, on assiste plutôt à une éclipse partielle de Soleil.
Au Québec, la grande difficulté de cette éclipse réside dans le fait qu’elle se produit très tôt le matin, au lever du Soleil ou dans les minutes qui suivent. À bien des endroits, l’éclipse est même déjà commencée lorsque le Soleil se lève; à Montréal, par exemple, il apparaît au-dessus de l’horizon à 5h06 avec un bout en moins ! Comme l’éclipse se déroule très bas à l’horizon, choisissez judicieusement votre site d’observation pour ne rien rater du phénomène : assurez-vous d’avoir un point de vue libre de toute obstruction en direction de l’horizon est-nord-est.
Éclipse ou pas, l’observation du Soleil exige des précautions particulières pour ne pas endommager sa vue : il suffit en effet de quelques instants pour que l’intense rayonnement solaire provoque des dommages permanents à la rétine de l’œil. L’observation directe à l’œil nu du phénomène doit se faire au moyen de filtres homologués, comme les fameuses « lunettes d’éclipses ». C’est encore plus important pour l’observation visuelle à travers un instrument d’optique, qui concentre davantage la lumière du Soleil : les filtres solaires sécuritaires pour jumelles et télescopes sont disponibles chez les revendeurs de matériel d’observation astronomique. À défaut de filtre approprié, on peut recourir à des méthodes indirectes pour observer l’éclipse : quelques-unes sont décrites sur notre site officiel de l’éclipse (espacepourlavie.ca/eclipse2021), où vous trouverez également tous les détails sur le phénomène, y compris les heures précises pour une centaine de localités à travers le Québec et le Canada.
Il y aura une autre éclipse annulaire de Soleil (partielle au Canada) le 14 octobre 2023, quelques mois avant la très attendue éclipse totale de Soleil du 8 avril 2024 qui passera notamment sur le sud du Québec.
Les journées les plus longues
Décidément, il est beaucoup question de Soleil ce mois-ci : en effet, juin, c’est aussi l’arrivée du solstice et avec lui le début officiel de l’été astronomique. Le 20 juin 2021, à 23h32 HAE, le Soleil atteint le point le plus septentrional de sa course annuelle sur la voûte céleste. Dans l’hémisphère Nord, c’est par le fait même la journée où les heures de clarté sont les plus longues. À Montréal, par exemple, il y aura ce jour-là 15 heures et 41 minutes d’ensoleillement théorique.
Par contre, cela ne signifie pas que le Soleil se lève le plus tôt ou se couche le plus tard le jour même du solstice. Il y a en effet un décalage de quelques jours qui vient de l’équation du temps, la différence entre l’heure rigoureusement régulière de nos montres et l’heure quelque peu « élastique » donnée par les cadrans solaires. L’équation du temps change de plusieurs minutes au cours des semaines entourant le solstice, ce qui décale les heures d’ensoleillement du matin vers le soir. Sous nos latitudes, le lever de Soleil le plus hâtif survient en fait le 15 juin (à 5h05 à Montréal), tandis que son coucher le plus tardif a lieu le 26 (à 20h47). Le 21 juin, le Soleil se lève à 5h06 et se couche à 20h47.
Pour trouver ces dates, on doit calculer à la seconde près les heures théoriques de lever et coucher du Soleil, tout en omettant les paramètres non-astronomiques comme les conditions météo ou le relief. Or, dans le monde réel, ces facteurs sont difficiles à prévoir et ils varient d’une journée à l’autre, mais ils modifient de manière significative (jusqu’à plusieurs dizaines de secondes) le moment précis où le Soleil émerge et disparaît à l’horizon. Pour cette raison, les heures de lever et coucher du Soleil sont généralement arrondies à la minute près; il n’est pas utile de les donner à la seconde précise. Dans les tables, vous constaterez que ces heures arrondies changent peu pendant plusieurs jours autour du solstice.
Du coté des planètes
Deux planètes se disputent présentement notre attention en direction ouest-nord-ouest à la tombée de la nuit. La très brillante Vénus perce la clarté du crépuscule : c’est la première que vous repèrerez, 30 minutes après le coucher du Soleil, une dizaine de degrés seulement au-dessus de l’horizon. La belle Étoile du soir descend lentement vers l’horizon, où elle disparaît moins d’une heure plus tard.
Un peu plus haut sur la gauche de Vénus, mais environ 200 fois plus faible, on retrouve Mars à gauche des étoiles Pollux et Castor de la constellation des Gémeaux. Pour bien voir la planète rouge, il faut cependant attendre que le ciel s’obscurcisse davantage : 45 minutes après le coucher du Soleil, elle se trouve à une douzaine de degrés de hauteur, et elle disparaît sous l’horizon ouest-nord-ouest vers 23 heures. De soir en soir, Mars se déplace en direction est parmi les étoiles et file. À la mi-juin, scrutez le ciel aux jumelles près de la planète rouge; à sa gauche, vous remarquerez une concentration de petites étoiles au centre de la constellation du Cancer : il s’agit de l’amas de la Ruche (Messier 44), situé à 577 années-lumière du système solaire. Le soir du 23 juin, Mars passe directement devant l’amas, comme un petit rubis déposé sur de la poussière de diamants. Pour bien apprécier la scène, il faut trouver le bon compromis : le ciel doit être suffisamment sombre, sans que Mars et l’amas ne soient trop bas à l’horizon. Tentez cette observation entre 45 et 60 minutes après le coucher du Soleil, en espérant que l’horizon soit parfaitement dégagé ce soir-là. Cette rencontre est éphémère et ne dure qu’un soir : dès le lendemain, Mars n’est plus devant la Ruche; ce sera au tour de Vénus de s’en approcher le soir du 2 juillet.
En seconde moitié de nuit, ce sont les planètes Saturne et Jupiter qui assurent le spectacle. Saturne, présentement dans le Capricorne, se lève la première vers minuit, au-dessus de l’horizon est-sud-est; au fil des heures, la planète grimpe lentement au sud-est puis culmine au sud à 27 degrés de hauteur aux premières lueurs de l’aube. La Lune gibbeuse décroissante passe à 5 degrés sous Saturne dans la nuit du 26 au 27 juin.
Jupiter se trouve une vingtaine de degrés à l’est (à gauche) de Saturne, dans la constellation voisine du Verseau. La planète géante se lève presque une heure après Saturne, et brille intensément au sud-est aux petites heures du matin; à l’aube, on la retrouve une trentaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-sud-est. La Lune gibbeuse décroissante s’approche de Jupiter le matin du 1er et du 29 juin.
Bonnes observations !