Pluies d’étoiles filantes, planètes brillantes et conjonctions remarquables : coup d’œil sur les phénomène astronomiques qui retiendront notre attention en janvier et au cours des douze prochains mois.
Étoiles filantes
Une pluie de météores par une belle nuit d’hiver… L’idée vous chante? Alors, habillez-vous chaudement et sortez pour ne rien manquer des Quadrantides, qui atteignent leur maximum vers 3h20 du matin dans la nuit du 3 au 4 janvier 2020. Cette pluie est l’une des deux plus fortes de l’année, plus intense encore que les fameuses Perséides du mois d’août; par contre, son activité maximale ne dure que quelques heures. La Lune gibbeuse croissante se couchera vers minuit et laissera ensuite le champ entièrement libre pour l’observation visuelle des météores : en fait, on s’attend à une excellente année pour les Quadrantides, puisque l’heure prévue du maximum favorise les observateurs de l’est de l’Amérique du Nord. La pluie des Quadrantides est reconnue pour ses météores brillants, de vélocité moyenne; son radiant, situé dans la partie nord de la constellation du Bouvier, près du Dragon, s’élève au nord-est en seconde moitié de nuit. Dans un ciel bien noir, loin de la pollution lumineuse, le spectacle pourrait être mémorable, avec une cinquantaine de météores à l’heure autour du maximum.
L’autre pluie annuelle majeure est celle des Géminides, dont le maximum est attendu vers 20 heures le 13 décembre. Le ciel sans Lune (elle sera nouvelle le 14) procurera des conditions quasi idéales pour l’observation des étoiles filantes dès la tombée de la nuit : en effet, le radiant des Géminides est visible toute la nuit et culmine vers 2 heures du matin. Là encore, les conditions seront réunies pour un grand cru des Géminides… pour autant que la météo veuille bien collaborer! On ne pourra malheureusement pas en dire autant des très populaires Perséides : le dernier quartier de Lune jouera les trouble-fête et ne laissera qu’une courte fenêtre de ciel noir, entre 22 heures et 1 heure du matin dans la nuit du 11 au 12 août, dans les heures qui précèdent le maximum.
Du côté des planètes
Vous l’avez sans doute déjà remarquée : Vénus règne déjà sur nos débuts de soirée depuis quelques semaines. L’éclatante Étoile du soir brille de mille feux, une vingtaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-ouest, où elle attire notre regard pendant le crépuscule. Au cours de l’hiver et du printemps, elle glisse graduellement vers la droite le long de l’horizon, du sud-ouest vers le nord-ouest, et gagne encore de la hauteur : en seconde moitié de mars, Vénus dominera le ciel à la tombée de la nuit, plus de 40 degrés au-dessus de l’horizon ouest au début du crépuscule; elle se couchera alors plus de 4 heures après le Soleil. Mais en avril et mai, elle replonge de plus en plus vite vers les lueurs du Soleil couchant. Après juin, Vénus passe dans le ciel du matin où elle dominera de manière tout aussi resplendissante l’horizon est en fin de nuit et à l’aube, jusqu’à la fin de l’année.
Avec un petit télescope, vous pourrez facilement suivre l’évolution de son aspect : d’ici mai prochain, à mesure que Vénus se rapproche de la Terre et nous tourne le dos, sa taille apparente grossit et la forme de sa partie éclairée par le Soleil change, passant de gibbeuse à quartier, puis à croissant de plus en plus fin. Car Vénus présente des phases, un peu comme la Lune — une observation fascinante que Galilée lui-même a réalisée il y a plus de 410 ans!
Mars est présentement visible en fin de nuit et à l’aube. On la retrouve au-dessus de l’horizon sud-est à compter de 5 heures du matin : on dirait une simple étoile orangée, pas particulièrement brillante à cause de son éloignement actuel. Le matin du 20 janvier, la Lune décroissante s’approche à 4 degrés au-dessus et à droite de Mars et vous aidera à la reconnaître. Mais en dépit de sa discrétion présente, la planète rouge fera beaucoup parler d’elle dans quelques mois, car 2020 est une année d’opposition martienne : de septembre à novembre, elle sera proche de nous, grande au télescope et brillante dans le ciel. Ce sera elle la grande vedette!
Les oppositions martiennes reviennent aux 26 mois environ. Pendant deux ou trois mois, la planète rouge s’approche suffisamment de la Terre pour révéler des détails de sa surface dans nos télescopes d’amateurs. Le reste du temps, elle est tout simplement trop éloignée de nous et trop petite pour montrer quoi que ce soit d’intéressant. Pas étonnant que les années d’opposition revêtent une si grande importance et fassent rêver les observateurs! Et l’opposition martienne de 2020 promet d’être exceptionnelle : bien que la planète rouge sera légèrement moins proche et moins grande qu’à sa dernière opposition en 2018, ou que lors de son opposition record de 2003, elle passera en revanche beaucoup plus haut dans le ciel. C’est ce dernier facteur qui aura un effet primordial sur la qualité des observations qu’on pourra réaliser. Rendez-vous l’automne prochain!
Cette année, Jupiter et Saturne sont voisines dans le ciel, près de la frontière entre les constellations du Sagittaire et du Capricorne. Cette portion de la voûte céleste ne s’élève jamais très haut sur l’horizon, ce qui nuit à l’observation des deux planètes au télescope. Elles seront néanmoins à leur meilleur dans les semaines qui entourent leur opposition, en juillet prochain. Comme Jupiter est plus rapide que Saturne dans sa course autour du Soleil (période de révolution de 12 ans contre plus de 29 ans), vous pourrez constater que la planète géante rattrape peu à peu la planète aux anneaux. Leur grande rencontre aura lieu en décembre : du 17 au 25, les deux planètes seront à moins d’un demi-degré l’une de l’autre, bas au sud-ouest au crépuscule, une heure après le coucher du Soleil. Jupiter et Saturne seront en conjonction le 21 décembre : l’écart ne sera alors que de 6 minutes d’arc, ou 1/10e de degré (cinq fois plus petit que le diamètre apparent de la pleine Lune). On pourra même les admirer en même temps dans l’oculaire d’un télescope : spectaculaire!
La petite Mercure, la planète la plus rapprochée du Soleil, ne s’écarte jamais beaucoup de notre étoile, et les périodes pendant lesquelles elle est aisément visible se limitent à quelques semaines par année. Mercure effectue une première bonne apparition dans le ciel du soir entre le 23 janvier et le 18 février : on la retrouve au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest, 30 à 45 minutes après le coucher du Soleil. Attention : Mercure est nettement plus brillante au début de cette période de visibilité, et elle faiblit rapidement après le 15 février, en même temps qu’elle replonge vers l’horizon; la fenêtre optimale d’observation s’étend du 25 janvier au 15 février. On aura droit à d’autres excellentes apparitions de Mercure plus tard en 2020, notamment en mai-juin (à nouveau dans le ciel du soir) et en novembre prochain (dans le ciel du matin).
Éclipses et occultations
Des six éclipses solaires ou lunaires de 2020, seules deux éclipses lunaires par la pénombre, à peine détectables à l’œil et peu spectaculaires, seront observables du Québec : la première dans la nuit du 4 au 5 juillet, l’autre tôt le matin du 30 novembre. (Une autre éclipse similaire aura lieu en toute fin de nuit le 10 janvier, mais ne sera visible que de l’Est du Québec.)
En revanche, les amateurs aguerris pourront tenter de relever deux défis d’observation liés à de rares occultations planétaires; il s’agit en quelque sorte d’éclipses qui se produisent lorsque la Lune passe devant des planètes du système solaire. Par exemple, le matin du 18 février, la Lune décroissante occultera Mars. Le phénomène se déroulera en plein jour (d’où un certain degré de difficulté technique), une vingtaine de degrés au-dessus de l’horizon sud. Puis, tôt le matin du 19 juin, la Lune rencontre Vénus : environ une heure avant le lever du Soleil, la brillante planète émergera graduellement (en environ 1min 40s) derrière le bord sombre du croissant lunaire. Cette fois, le phénomène se déroulera très bas dans le ciel, moins de 2 degrés au-dessus de l’horizon est-nord-est, peu après le lever de la Lune.
Rappelons en terminant une réalité qui semble aller à l’encontre de notre intuition : c’est pendant notre hiver boréal que la Terre se trouve le plus près du Soleil! En effet, notre planète atteint son périhélie le 4 janvier 2020 à 21h48 HNE. À ce moment, la distance Terre-Soleil sera de 147 091 144 km, environ 5 millions de kilomètres de moins qu’à l’aphélie le 4 juillet prochain. L’explication des saisons et des variations de température qu’elles engendrent tient principalement à l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre.
Bonne année astronomique 2020, et bonnes observations !