Entre pluies de météores, éclipses de Soleil et de Lune et autres ballets planétaires, le ciel a beaucoup à offrir en 2021. Tour d’horizon des phénomènes astronomiques les plus remarquables de janvier et de la prochaine année.
Pluies de météores
2021 sera une année en demi-teintes pour les mordus d’étoiles filantes. Elle s’amorce sous une Lune gibbeuse décroissante qui réduira presque à néant vos chances d’observer les Quadrantides, dont le maximum se produit le matin du 3 janvier. Dommage, car cette pluie de météores mal connue est à certains égards la plus intense de l’année. Vous aurez cependant l’occasion de vous reprendre avec les Êta Aquarides, après 3 heures du matin les 5 et 6 mai, ainsi qu’avec les fameuses Perséides, au cours des nuits du 11 au 12 et du 12 au 13 août : absente du ciel en seconde moitié de nuit, la Lune laissera alors le champ libre pour ces deux pluies. Les Géminides de décembre bénéficieront aussi d’un ciel sans Lune au cours des dernières heures de la nuit.
Deux éclipses à surveiller
Parmi les quatre éclipses qui auront lieu quelque part sur Terre au cours de l’année, deux seront visibles à divers degrés depuis le sud du Québec. Celle qui fera sans aucun doute le plus parler d’elle est l’éclipse annulaire de Soleil du 10 juin. Ce type d’éclipse solaire se produit lorsque la Lune se trouve un peu trop loin de la Terre pour masquer complètement la brillante surface du Soleil : au maximum de l’éclipse, il subsiste alors un anneau de lumière entourant la silhouette noire de la Lune. La zone où cette éclipse sera annulaire prend la forme d’une bande de quelques centaines de kilomètres de largeur qui traversera les régions voisines du pôle Nord de la Terre, notamment les îles de l’Arctique canadien au Nunavut, ainsi que le nord et l’ouest du Nunavik au Québec, le long de la baie d’Hudson et de la baie de James. Ailleurs au Québec, nous assisterons à une éclipse partielle à divers degrés, le tout se déroulant peu après le lever du Soleil. Nous aurons l’occasion de revenir plus en détails sur ce phénomène au cours du printemps.
Le 19 novembre, aux petites heures du matin, ce sera au tour de la Lune d’être éclipsée. En principe, on aura affaire à une éclipse partielle puisque la Lune ne s’enfoncera pas complètement dans l’ombre de la Terre, mais elle y sera quand même plongée très profondément : au maximum de l’éclipse, vers 4h04 du matin, heure de l’Est, seule une petite fraction de la surface lunaire sera encore éclairée directement par le Soleil. En fait, on pourrait qualifier cette éclipse lunaire de « presque totale », car le reste de la Lune prendra la teinte rougeâtre caractéristique des éclipses lunaires. À voir !
Du côté des planètes
Trois planètes qui ont accompagné nos nuits au cours des derniers mois tirent leur révérence tour à tour en janvier et resteront hors de vue pendant quelques semaines. En début d’année, on peut encore apercevoir au crépuscule le duo que constitue la très brillante Jupiter avec Saturne, un peu plus bas à sa droite. Après leur conjonction exceptionnellement rapprochée au premier jour de l’hiver, les deux planètes s’écartent maintenant l’une de l’autre; mais elles se font inexorablement rattraper par le Soleil et nous apparaissent de plus en plus bas à l’horizon à la tombée de la nuit. Saturne est la première à disparaître dans l’éclat du Soleil couchant au cours de la deuxième semaine de janvier et se retrouve en conjonction solaire le 23. Nettement plus brillante que Saturne et quelques degrés plus à l’est, Jupiter demeure visible une bonne semaine de plus, mais on la perd de vue à son tour au cours de la troisième semaine de janvier. La planète géante est en conjonction avec le Soleil le 28. La planète aux anneaux sera la première à réapparaître après la mi-février, très bas à l’est-sud-est à l’aube, tandis que Jupiter émerge à l’aube vers la fin de février. Avec leur opposition qui survient respectivement le 2 et le 19 août, Saturne et Jupiter seront à leur meilleur au cours de l’été. Jupiter, à la frontière entre le Capricorne et le Verseau, gagnera presque une dizaine de degrés de hauteur dans le ciel par rapport à l’année dernière — une position qui sera bénéfique pour l’observation au télescope.
À l’autre bout de la nuit, Vénus s’apprête aussi à quitter le ciel du matin où elle brille depuis plus de sept mois. En première moitié de janvier, on peut encore voir l’éclatante planète au-dessus de l’horizon sud-est pendant l’aube, 30 minutes avant le lever du Soleil. Mais Vénus perd de la hauteur de jour en jour et devient de plus en plus difficile à repérer; au cours de la dernière semaine de janvier, elle disparaît complètement dans la clarté du jour qui approche. Pour les prochains mois, Vénus sera trop près du Soleil et restera noyée dans l’éclat de notre étoile. Elle passe derrière le Soleil le 26 mars mais ce n’est que vers la troisième semaine d’avril qu’on commencera à la voir très bas au-dessus de l’horizon ouest-nord-ouest, une quinzaine de minutes après le coucher du Soleil. Il s’agit d’une mauvaise présence dans le ciel du soir pour Vénus, qui plafonnera à moins de 10 degrés au-dessus de l’horizon au crépuscule pratiquement jusqu’à la fin de l’année.
Le lent au-revoir de Mars
Depuis l’opposition d’octobre dernier, Mars s’est beaucoup éloignée de la Terre. La planète rouge est significativement moins brillante dans le ciel et a bien rapetissé dans nos télescopes, mais elle n’a pas dit son dernier mot! Son déplacement rapide à travers les constellations fait qu’elle échappe pour le moment à la clarté du Soleil. En janvier, on retrouve Mars très haut au sud en début de soirée, et la planète se couche à l’ouest-nord-ouest après une heure du matin. La Lune gibbeuse croissante sera voisine de la planète rouge le soir des 20 et 21 janvier. L’été prochain, le Soleil finira bien par rattraper Mars, qui se fera de plus en plus basse à l’horizon ouest au crépuscule. On la perdra de vue dans les lueurs du Soleil couchant vers la mi-août. La planète sera en conjonction solaire le 8 octobre, mais il faudra attendre la mi-novembre pour commencer à la distinguer au-dessus de l’horizon est-sud-est pendant l’aube.
Le clin d’œil de Mercure
Mercure, enfin, ne s’écarte jamais beaucoup du Soleil : les périodes de visibilité de la petite planète alternent entre l’aube et le crépuscule. Les fenêtres de visibilité en soirée sont meilleures en hiver et au printemps, tandis que l’été et l’automne favorisent celles du matin. Dès le début de 2021, Mercure émerge graduellement dans le ciel du soir où elle effectue une très bonne apparition entre le 10 et le 31 janvier. Cherchez un petit point de lumière quelques degrés au-dessus de l’horizon sud-ouest, 30 à 45 minutes après le coucher du Soleil. La petite planète est beaucoup plus brillante au début de cette apparition, et elle faiblit très rapidement après le 1er février, alors qu’elle replonge vers l’horizon. La fenêtre optimale d’observation a lieu entre le 15 et le 25 janvier. Une autre excellente période de visibilité dans le ciel du soir aura lieu du 24 avril au 28 mai. Pour les lève-tôt, Mercure effectuera entre la mi-octobre et le 10 novembre une apparition dans le ciel du matin qui sera, à bien des égards, la meilleure de l’année.
Bonne année astronomique 2021, et bonnes observations !