Entre la Voie lactée estivale et les étoiles brillantes du ciel d’hiver, les longues soirées de la fin de l’automne sont l’occasion de contempler l’un des plus beaux ciels de l’année. L’absence de planète brillante en soirée sera l’occasion de tourner vos instruments vers des objets astronomiques plus distants, ou une motivation pour vous lever tôt.
Rendez-vous matinal
L’événement astronomique le plus remarquable du mois a lieu entre 6 heures et 6 h 30 le matin du 13 novembre : les brillantes planètes Vénus et Jupiter ne sont alors qu’à un quart de degré l’une de l’autre, soit environ un demi-diamètre lunaire. La conjonction permettra d’observer les deux planètes dans le même champ de vision de jumelles ou de télescope. L’utilisation d’un instrument est d’ailleurs recommandée, car l’aube sera déjà bien entamée avant que le duo n’atteigne une altitude observable au-dessus de l’horizon est-sud-est.
Les matinées entourant cette rencontre seront aussi intéressantes. Le 14 novembre, la Lune en dernier croissant, Mars et l’étoile Spica forment un bel alignement visuel surplombant le lever de Vénus et Jupiter. Ces dernières sont ensuite rejointes par la Lune dans les jours qui suivent, formant plusieurs jolies configurations jusqu’au 17 novembre.
Planètes au crépuscule
Au crépuscule, c’est au tour de Mercure d’apparaître brièvement à l’horizon sud-ouest. La petite planète s’écarte graduellement du Soleil, ce qui permet de la repérer dans les lueurs du Soleil couchant en seconde moitié de novembre; Mercure atteint son élongation maximale par rapport au Soleil le 23. Assurez-vous quand même d’avoir une vue bien dégagée si vous souhaitez observer l’évasive planète, puisque l’inclinaison de son orbite la gardera très près de l’horizon.
Novembre est aussi la dernière occasion d’observer Saturne en soirée, alors que de notre perspective, la géante glisse tranquillement derrière le Soleil. Inspectez l’horizon sud-sud-ouest lorsque les premières étoiles commencent à apparaitre : Saturne est l’astre le plus brillant dans cette direction avant d’y être rejoint par Mercure à la fin du mois.
Les soirées des 19, 20 et 21 novembre seront particulièrement invitantes pour dire au revoir à la géante aux anneaux. Le fin croissant de Lune se joindra alors à la rencontre de Mercure et Saturne, ce qui donnera lieu à de jolies scènes à la brunante.
L’œil du Taureau éclipsé
Le soir du 5 novembre, entre 20h07 et 21h04 HNE à Montréal [entre 20h09 et 21h07 HNE à Québec], la Lune passe devant l’étoile Aldébaran. (Attention : l’instant exact du phénomène dépend de votre position géographique précise. Il faut donc être prêt quelques minutes avant le phénomène pour voir l’étoile disparaître soudainement, puis pour assister à sa réapparition moins d’une heure plus tard.) Cette occultation de la magnifique étoile rouge dans la constellation du Taureau est aussi l’occasion de constater le mouvement de la Lune devant un groupe d’étoiles brillantes : les Hyades.
Moins connues que le célèbre amas des Pléiades, les Hyades sont aussi un amas ouvert d’étoiles, c’est-à-dire un groupe d’étoiles relativement jeunes encore liées gravitationnellement à la suite de leur naissance commune dans une nébuleuse.
Les Hyades ont la particularité d’être l’amas ouvert le plus proche de nous dans l’espace, ce qui leur confère une grande étendue dans le ciel. Depuis notre perspective terrestre, les étoiles les plus brillantes de l’amas se joignent à Aldébaran pour dessiner la tête du Taureau céleste, en forme de « V ».
Les étoiles brillantes de l’amas forment un bel arrière-plan pour nous permettre d’observer le déplacement de notre satellite naturel. Mais les nuits sans Lune du milieu du mois seront plus propices pour apprécier toute l’étendue de la lueur que créent les étoiles plus faibles qui peuplent l’amas.
Une pléiade d’amas
Les Hyades ne sont d’ailleurs pas le seul amas ouvert facile à observer à l’œil nu ou avec des jumelles. Le double amas de Persée, situé dans la constellation du même nom, est spectaculaire sous un léger grossissement. Pour le localiser, cherchez d’abord le « W » de la constellation de Cassiopée, bien haut près du zénith durant les soirées d’automne. Vous retrouverez le double amas en prolongeant une fois et demie vers le bas le deuxième segment du « W », formé des étoiles Gamma Cassiopeiae et Ruchbah.
Armé d’une bonne paire de jumelles ou d’un petit télescope, laissez-vous guider vers M52, un autre amas ouvert facile à repérer dans la constellation de Cassiopée. Il suffit de prolonger le segment entre Schedar et Caph, les deux étoiles qui forment le dernier segment du « W », une fois plus loin vers le haut : vous noterez une légère étendue lumineuse de ciel, deux fois plus petite que la pleine lune. Les 200 étoiles du 52e objet au catalogue de Messier se révèleront même sous un ciel de banlieue urbaine.
Finalement, ne gâchons pas notre plaisir en omettant de tourner notre regard vers M45, mieux connu sous le nom des Pléiades. Le riche amas, icône du ciel hivernal, attire déjà l’attention en soirée au-dessus de l’horizon est, atteignant 30° d’élévation dès 21 heures en début de mois. Le 4 novembre, la pleine Lune rejoindra les Hyades et les Pléiades dans la constellation du Taureau, promettant une belle scène pour les photographes. Bien que parfaitement adapté pour l’observation aux jumelles, c’est malgré tout grâce à la longue exposition de la photographie que l’amas prend toute sa profondeur, dévoilant de délicat rémanents de la nébuleuse à l’origine de ces centaines d’étoiles.
Voilà donc de belles cibles pour ceux qui aimeraient s’initier à l’astrophotographie. Il ne vous faudra qu’un trépied, des réglages permettant quelques secondes d’exposition, un bon zoom, et idéalement un ciel dégagé.
Bonnes observations!