Les bonsaïs du Japon
Le mot chinois pun-sai, qui deviendra bonsai en japonais, signifie « arbre en pot ».
L'art du bonsaï fut introduit de la Chine vers le 10e siècle. Les premiers bonsaïs étaient cultivés suivant les formes chinoises.
Après l'arrivée de la secte zen au Japon au 12e siècle, les bonsaïs ont graduellement évolué pour refléter les préceptes de simplicité et de sobriété.
Aujourd'hui, il existe cinq formes de base et plusieurs variantes :
- verticale
- quasi-verticale
- inclinée
- en cascade
- en semi-cascade.
Pour réaliser ces styles, les Japonais utilisent un fil de métal qui sert à donner une forme particulière à chaque arbre, à le sculpter, tout comme un matériau ordinaire servant à créer une oeuvre d'art.
Les azalées Satsuki (Rhododendron x obtusum) sont aussi des pièces exceptionnelles à cause de leur floraison remarquable; ce groupe de plantes est cultivé depuis longtemps et a été l'objet de nombreuses hybridations.
Le mot japonais Satsuki veut dire « qui fleurit au cinquième mois ». Ces azalées fleurissent effectivement au cinquième mois de l'ancien calendrier lunaire.
Leur abondante floraison est spectaculaire, allant jusqu'à couvrir totalement la plante, ne laissant paraître aucune feuille. Les fleurs vont du blanc au rose ou pourpre selon les variétés. Une seule plante peut porter des fleurs bigarrées ou de tonalités diverses, tout un amalgame de couleurs!
Les penjings du nord de la Chine
Les arbres miniatures, ou penjings, du nord de la Chine sont caractérisés par des troncs courbés en lignes élégantes, parfois exagérées ou anthropomorphiques. Le feuillage est souvent arrangé en forme de paliers ou de nuages.
Les penjings, généralement moins connus que les bonsaïs japonais, se veulent une réplique de l'arbre dans son milieu naturel reconstitué à une échelle très réduite.
À la différence du bonsaï, qui est un arbre solitaire ou une forêt en pot, le penjing évoque un paysage grâce aux éléments auxquels il est associé : pièces d'eau, pierres, figurines.
La collection de penjings du nord de la Chine provient d'un don du Jardin botanique de Shanghaï au Jardin botanique de Montréal en 1980.
Les horticulteurs de Shanghaï ont d'ailleurs perfectionné des techniques ancestrales afin de modifier l'apparence des penjings. La greffe et la sculpture des troncs, par exemple, sont parmi celles qu'ils utilisent fréquemment. Ils font aussi usage du fil de cuivre contrairement aux horticulteurs du sud de la Chine. L'usage du fil de métal remonte d'ailleurs au 18e siècle en Chine. Les Japonais utilisent maintenant couramment cette technique pour modeler les bonsaïs.
Les penjings peuvent mesurer de quelques pouces jusqu'à sept mètres de hauteur. On dit qu'un penjing est miniature lorsqu'il peut être porté dans une main. Les penjings offerts par le Jardin botanique de Shanghaï sont surtout exposés à la Cour du printemps du Jardin de Chine. Les spécimens miniatures sont quelquefois exposés au Jardin Céleste des serres d'exposition.
Les penjings du sud de la Chine
Le style Lingnan des penjings du sud de la Chine se démarque par des troncs épais et robustes. La méthode de formation privilégie la taille sévère, laissant des cicatrices apparentes, et des formes parfois très anguleuses. Les arbres de Hong-Kong appartiennent à cette école.
Cette méthode a été mise au point à la fin du 19e siècle par quatre experts de la culture en pot d'arbres miniatures, en s'inspirant d'œuvres de l'école de peinture Sung, originaire du sud de la Chine.
La collection des penjings du sud de la Chine du Jardin botanique de Montréal provient en grande partie de la collection Man Lung Penjing, collection personnelle de M. Wu Yee-sun, un expert de renommée internationale de Hong-Kong.
Les penjings reçus de M. Wu ont été cultivés et modelés selon les techniques mises au point par le maître lui-même à partir de traditions héritées de ses ancêtres.
Récoltés en Chine continentale et choisis avec grand soin pour leurs qualités exceptionnelles, ces arbres évoquent les paysages grandioses d'où ils sont issus, et il s'en dégage une impression de robustesse et de maturité.
La technique Lingnan consiste essentiellement à laisser croître puis à tailler (« grow and clip »). Il s'agit de tailler un tronc ou une branche de façon à favoriser la croissance d'un rameau ou d'un bourgeon. L'orientation que prennent les nouvelles pousses ainsi que la dimension qu'on leur permet d'atteindre se conjuguent pour donner aux arbres l'effet désiré. Cette technique est favorisée par la longue saison de croissance dans le sud de la Chine et par la croissance vigoureuse d'une grande variété d'arbres tropicaux ou semi-tropicaux.
M. Wu recherche le naturel avant tout, accordant une extrême importance à chaque détail. La nature demeure la première source d'inspiration, et la pureté du style le critère de l'excellence visée.
Les bonsaïs du Vietnam
L'art du bonsaï est fort populaire au Vietnam. Les arbres tropicaux utilisés sont généralement des espèces indigènes ou naturalisées prélevées dans leur milieu naturel. Leurs formes, notamment l'élégance et les courbes des troncs, témoignent de l'influence chinoise. Cependant, les proportions des troncs ainsi que les branches lisses et fluides tendent davantage vers l'esthétisme japonais.
Les bonsaïs exposés occasionnellement dans le complexe d'accueil ont été offerts au Jardin botanique de Montréal en 1999 par le Dr Quoc Kiet Tang. Cette collection est la plus importante et la plus diversifiée en Amérique du Nord.
Les bonsaïs nord-américains
L'art du bonsaï a connu un engouement auprès du public nord-américain depuis les années 1950.
D'abord influencés par l'esthétisme japonais, les « bonsaïstes » d'ici ont rapidement développé des formes reflétant celles des arbres de notre environnement.
Cette collection est présentée de la fin de mai à la mi-octobre dans la cour de la Maison de l'arbre Frédéric-Back.