À la suite des lancements des rapports des Défis numérique et alimentaire, Chemins de transition a dévoilé hier son troisième rapport qui portait celui-là sur le Défi territoire, dans le cadre d’un événement tenu à la Maison de l’Arbre Frédéric-Back du Jardin botanique.
C’est en réponse à la question « comment habiter le territoire québécois de façon sobre et résiliente d’ici 2042? » que l’équipe de Chemins de transition a pu construire une trajectoire crédible pour les territoires québécois. Il apparaît comme évident que pour entamer notre transition, nous devons transformer nos façons de nous déplacer, d'aménager nos milieux de vie, de produire et de consommer afin d'être plus résilient et de respecter les limites planétaires. Si l’on souhaite que cette transition ne soit pas entièrement subie, mais qu’elle soit au moins partiellement choisie, nous devons opérer des changements profonds et systémiques, le plus tôt possible.
Pour entamer cette transition rapide et complexe, ce projet a rassemblé une diversité de savoirs et d’expertises du milieu académique, de la recherche et de la société civile. Grâce à la méthode prospective, Chemins de transition et les forces mobilisées ont pu dessiner une vision commune d’un futur souhaitable pour l’avenir du Québec sur un horizon de 20 ans.
« On estime que 80% du cadre bâti du Québec en 2050 est celui qui existe déjà aujourd’hui sur le territoire. Même s’il est important de construire des quartiers neufs plus durables ou de nouvelles lignes de transport en commun d’ici 2050, la différence va se faire en utilisant mieux le stock de bâtiments, d’infrastructures et d’aménagements dont nous avons hérités » explique Franck Scherrer, directeur académique de Chemins de transition. Les municipalités québécoises à elles seules auraient besoin de 2 milliards de dollars supplémentaires par année pour adapter leurs infrastructures aux changements climatiques. Subvenir à ses besoins de base, au Québec, se traduit par une empreinte matérielle annuelle de 16 à 19 tonnes par personne, et dépasse donc largement le seuil maximal de 8 tonnes par personne par année recommandé par des scientifiques. Nos modes de vie actuels doivent donc être repensés en embrassant l’ensemble du système socio-économique, au-delà de l’environnement naturel et bâti. Ces défis dans le défi sont loin d’avoir découragé le demi-millier de personnes qui ont participé à l’élaboration de la vision commune d’un futur souhaitable pour l’avenir du territoire québécois.
« Nous savons tous et toutes que la survie de l’espèce humaine dépend des gestes que nous poserons pour résoudre les enjeux inhérents à la perte de la biodiversité, aux changements climatiques et à l’occupation du territoire, a déclaré Julie Jodoin, directrice d'Espace pour la vie. Par leurs vocations de conservation, de recherche et d’éducation, les musées scientifiques d’Espace pour la vie ont un rôle important à jouer. Ils mettent en œuvre des initiatives pour développer l’autonomie d’agir de la population envers la protection de la nature et de l’environnement, comme la recherche sur les phytotechnologies, qui démontre le grand potentiel des plantes pour la résolution de problèmes environnementaux liés au territoire. Le rapport sur le Défi territoire du projet Chemins de transition offre non seulement plusieurs pistes de solutions sur la façon d’habiter le territoire québécois de façon sobre et résiliente, mais explore aussi comment il serait possible d’assurer la compatibilité entre les activités humaines et le bon fonctionnement des écosystèmes. »
À la suite du dévoilement de ce rapport détaillant les rôles et implications de chaque partie prenante d’ici les vingt prochaines années, Chemins de transition amorce la phase de partage des connaissances avec les organismes œuvrant à la transition des territoires québécois, les établissements d'enseignement et les professionnels du milieu, pour transformer ensemble nos modes d’habiter à l’horizon 2042.
Faits en bref
- En 2022, le transport représentait plus de 43 % des émissions de GES du Québec.
- Plusieurs études ont confirmé que des publics fragilisés, comme les personnes à faible revenu, les personnes aînées et marginalisées, sont plus nombreux à vivre dans des logements insalubres et donc plus sensibles aux aléas climatiques.
- Les Québécois et Québécoises sont parmi les plus grands consommateurs d’eau et les plus grands producteurs de déchets de la planète.
- Selon une étude récente de l’IRIS, au Québec, subvenir à ses besoins de base se traduit par une empreinte matérielle annuelle de 16 à 19 tonnes par personne, et dépasse donc largement le seuil maximal de 8 tonnes par personne par année recommandé par des scientifiques.
Voici 3 des 10 jalons pivots présentés dans le rapport qu’il serait capital de mener à bien avant 2027 pour réaliser la vision du chemin souhaitable en 2042 :
- La gouvernance climatique du Québec est renforcée en intégrant des cibles ambitieuses, contraignantes et régulièrement réajustées de réduction d’émissions de GES et des budgets carbone sectoriels (jalon 1);
- Il faut, au plus tôt, que des savoirs, savoir-faire et savoir-être nécessaires pour la transition socio-écologique soient enseignés de l’école primaire à l’université (jalon 9);
- Chaque territoire organise en continu le partage des savoirs et le dialogue collectif sur les besoins essentiels, l'utilisation du territoire et la résilience des communautés (jalon 6).
À PROPOS DE CHEMINS DE TRANSITION
Les bouleversements écologiques nous conduisent vers une société profondément différente. Cette transformation sociétale interpelle tous ceux et celles qui agissent dans différents secteurs de la société. Chemins de transition, une initiative de l’Université de Montréal et Espace pour la vie, vise à rassembler la communauté universitaire et les forces vives de la société québécoise pour relever ensemble les défis les plus complexes de cette transition.
Une démarche en deux temps est menée :
2020 à 2022 : Des chemins de transition tracés sur trois grands défis
Les savoirs de plus de 1000 intervenants et intervenantes (scientifiques, professionnels comme citoyens, sans compter celui extrait d’un nombre impressionnant de publications !) ont été mobilisés autour de trois défis clés de la transition pour le Québec : le Défi numérique, le Défi alimentaire et le Défi territoire.
Leur mission ? Choisir collectivement le futur le plus souhaitable possible sur chacun de ces défis, et tracer au moins un chemin de transition pour s’y rendre. Ces chemins identifient les étapes principales à franchir pour bâtir le futur imaginé, ainsi que les nœuds qu’il faudra démêler sur la route. En les développant, ces pionniers et pionnières ont expérimenté une méthode inédite, basée sur une approche à la fois prospective et participative.
À compter de 2023 : Un partage des savoirs au plus grand nombre
L’équipe a déjà commencé à sillonner le Québec pour partager au plus grand nombre les fruits de ces réflexions collectives, en partenariat avec d’autres réseaux de la transition.
À PROPOS D’ESPACE POUR LA VIE
Espace pour la vie regroupe le Biodôme, la Biosphère, l’Insectarium, le Jardin botanique et le Planétarium. Ensemble, ils forment le plus grand complexe en sciences de la nature au Canada. Par leurs missions de diffusion, de recherche, de conservation et d’éducation, les musées d’Espace pour la vie accompagnent l’humain pour vivre en harmonie avec la nature, dans le but de contribuer au développement de l’autonomie d’agir de la population en faveur de la protection de la biodiversité et de l’environnement, dans une perspective de transition écologique.
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