Arc-en-ciel

J'aime les fleurs et les plantes en général, probablement à cause de mes parents et grands-parents. Mon jardin change à environ toutes les 2 à 3 semaines.
Voici des extraits d'un texte plus complet sur mon jardin.

Je suis si bien dans notre jardin. Je parle surtout de celui qui se trouve dans la cour. Plusieurs espèces de fleurs et de plantes y ont pris racine. Elles s’y sont multipliées et étendues à tel point qu’elles forment maintenant des familles reconstituées.

Je passe de longs moments à contempler ce paysage. Le temps du repas se prolonge. J’ai plaisir à m’y accroupir pour l’entretenir, qu’importent les douleurs. Je me laisse envahir par la paix, la beauté et la douceur qui s’en dégagent. La musique de la fontaine et le chant des oiseaux ajoutent une note enjouée dont je me régale.

Ce jardin n’est ni monotone ni ennuyeux, au contraire. Presque à chaque deux semaines, il se renouvelle, il se transforme. Au printemps, ses créations sont plutôt timides avec de blancs crocus et perce-neige à peine teintés de mauve et de jaune. Puis des tulipes curieuses, ignorant le froid persistant, viennent prendre l’air tout en s’habillant de rouge ou de jaune, suivies de près par des jacinthes roses et mauves se parfumant exagérément pour attirer mon attention. Les charitables jonquilles blanches ou jaunes font leur apparition, ne demandant qu’à décorer ma cuisine.

Écureuils, marmottes et lièvres profitent un peu trop à mon goût de ce festin printanier. Ils y sont si bien qu'il est difficile de les faire déguerpir. L'appât du gain semble plus fort que la peur. Heureusement, maman moufette a enfin décidé d’aller parfumer d’autres jardins que le nôtre.
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Les dicentras spectabilis ou cœurs saignants bien installés près de la cascade espèrent accueillir les rares colibris qui osent s’y aventurer...
. Le couvre-sol s’étend et soutient de petites fleurs délicates mauves, jaunes ou blanches sur lesquelles se penchent les lilas qui me souhaitent la bienvenue en m’offrant leur parfum, laissant des traces jusqu’à l’intérieur de la maison et rivalisant avec les muguets qui se plaisent en cette compagnie. Je retrouve de vieux amis que l'hiver avait éloignés. Monsieur et dame cardinal ramassent des brindilles pour construire leur nid...

Vient alors la période fauve juste un peu avant la Saint-Jean. Les différentes variétés d’iris, dont l’iris versicolore emblème du Québec, s’élancent, elles rejoignent ainsi les aliums, une sorte de boule de neige mauve, semblable au coronavirus...

Je laisse volontairement pousser ici et là quelques brindilles de foin, symbole de liberté...
Des couvre-sol jusqu’ici modestes deviennent plus voyants en pointant vers le ciel des tiges fleuries de jaune ou de mauve...

Rapidement, les oenothera fruticosa camel (onagre en français) remplacent un espace de tiges vertes par des grappes de délicates fleurs jaunes qui s’intègrent au décor en y ajoutant plus d’éclat et de rires. Pour ne pas être en reste, les chèvrefeuilles peignent en orangé de grands pans de la clôture. En face, les vignes commencent à nous offrir leurs feuilles et à produire leurs raisins...

Au fond, une tache colorée, plus vive, attire mon œil, c’est un bouquet de fleurs annuelles ... la menthe, le basilic, la coriandre vietnamienne, le thym et l’origan de même que le bok choy, la laitue et les épinards me saluent... Je laisse monter en fleurs quelques fines herbes pour attirer les abeilles. Les plants de framboises et de légumes à proximité en sont ravis. etc.(Monuit Gautier)

Pourquoi suis-je si bien dans ce jardin?
C’est le seul endroit en été, où je peux rester plus de dix minutes en ne faisant rien d’autre que laisser aller mes pensées sans les retenir, une sorte de méditation. Je suis envahie d’instants heureux, simplement à être là, à contempler cette belle végétation et ses habitants qui vont et viennent en toute liberté.
Pourquoi suis-je si bien et en harmonie avec cette nature? Très probablement parce qu’elle me ressemble : douce, tendre, sensible, sensuelle, colorée et créative, parfois raisonnable, résiliente et libre. Aussi hélas! Vivant des deuils à l’occasion…