Le quotidien des plongeurs et plongeuses au Biodôme est loin d’être banal. En plongeant dans les bassins, ils et elles prennent soin de la vie marine.
Passionné de plongée sous-marine, Jonathan Allaire, technicien en soins animaliers - plongeur, a le bonheur d’allier plusieurs champs d’intérêt dans son travail. Pour assurer la santé des écosystèmes marins du Biodôme, il doit nettoyer les bassins, veiller sur la santé des poissons, homards et autres organismes marins. Il n’accomplit jamais ces tâches seul, car ici, le travail d’équipe est essentiel à la sécurité des plongeurs.
Transcription
Jonathan Allaire - Alors bonjour, mon nom est Jonathan Allaire, je suis technicien en soins animaliers et plongeur au Biodôme de Montréal. Je m'occupe du Saint-Laurent marin pour les poissons. (À la radio) Jon, pour le 20-80.
Radio - J'écoute.
Jonathan Allaire - (À la radio) Bon matin, juste pour vous aviser qu'on va avoir une plongée au St-Laurent marin qui va débuter dans quelques minutes.
Radio - 10-4.
Jonathan Allaire - Merci. Mon rôle, en tant que chef de plongée, va être de s'assurer que la plongée se passe bien et se déroule bien. On a nos sécurités qui sont alertées, on a le secouriste qui est prêt à intervenir si jamais il arrive n'importe quoi. C'est ça! Là, on va aller voir nos plongeurs: où est-ce qu'ils en sont pour 10 h 30. Donc techniquement, on devrait être sur le point de commencer.
Musique
Cylia Civelek - Mon nom est Cylia Civelek, je suis technicienne en soins animaliers et plongeuse. Le plan de match aujourd'hui, c'est de nettoyer les vitres à l'intérieur avec l'utilisation d'une succion pour nous aider à garder notre position. Je vais aussi faire un décompte des homards et finir par nourrir les animaux. On a un esturgeon qui prend une vitamine, alors je vais essayer de le localiser et de lui donner sa vitamine à la main. Lui, en particulier, il a deux barbillons et c'est le seul. Il est aussi plus petit que les autres.
Jonathan Alix - Mon nom est Jonathan Alix, je suis aquariste et technicien en soins animaliers et plongeur. Aujourd'hui, le plan match est d'aller nettoyer principalement les algues, les fèces des poissons et des oiseaux. Faire en sorte que ces résidus ne retournent pas dans le bassin, dans la circulation. Donc à la fin, on passe un râteau, carrément, dans le fond du bassin. Lorsqu'on plonge, on va toujours avoir un oeil quand même sur tous les animaux - s'il y a des maladies, bien pas des maladies, mais plutôt des plaies, la santé générale des animaux. C'est ça, grosso modo, le plan de la journée. On va aussi les nourrir, vers la fin.
Jonathan Allaire - Lorsque les plongeurs sont prêts à aller à l'eau, préalablement, ils vont tout faire: ils vont monter leur équipement eux-mêmes, tout le monde est certifié et tout le monde est prêt pour monter son équipement. En tant que chef de plongée, avec l'autre plongeur: plongeur un ou plongeur deux, on va s'auto-vérifier en même temps.
Jonathan Allaire - Par ici tout est beau, ta ceinture de poids, tout est beau.
Jonathan Allaire - Je dois constamment vérifier: est-ce que son lestage - dans le fond, ses poids, sont bien attachés? Tout est bien arrimé au plongeur?
Jonathan Allaire - Toi Jo, tout est beau de ton côté?
Jonathan Alix - Yeah!
Jonathan Allaire - Donc, pendant qu'ils se setup, chaque personne qui est chef de plongée doit toujours tout vérifier avant qu'ils se mettent à l'eau. On fait un dernier checkup avant qu'ils aillent dans l'eau. Donc, on fait un visuel: voir si toutes les courroies sont bien attachées. Est-ce que les plombs sont tous présents aussi? On a des plombs intégrés dans notre veste et il y a des quick releases, qu'on peut appeler des petites pochettes, à côté des petites poignées sur lesquelles ils peuvent tirer si jamais il arrive une urgence ou autre chose. Par la suite, on teste la communication justement pour s'assurer que le plongeur nous reçoit 10 sur 10. Puis on demande la pression d'air immédiatement, pour s'assurer qu'il n'y a pas eu de fuite d'air. On s'assure vraiment de l'état général du plongeur, pour s'assurer qu'il est prêt à plonger.
Jonathan Allaire - On fait un dernier petit visuel, tout est beau ici. Ton masque alentour. C'est beau. On fait un visuel en arrière du plongeur pour être sûr qu'il n'y ait rien. On lui fait un signe, le OK pour plonger. Le plongeur est à l'eau.
Jonathan Allaire - Pendant la plongée, on va avoir un système de communication qui va être très important, donc si jamais la communication ne fonctionne pas, on doit annuler littéralement la plongée. On a toujours un secouriste sur la fréquence unique numéro 5 de notre radio. Le chef de plongée doit s'occuper en même temps du système de pompage, pour vérifier que la filtration fonctionne, pour les aspirateurs sous l'eau. Puis faire un suivi à chaque 5 à 15 minutes. Des checks à 5 minutes. Puis à 15 minutes, on doit vérifier la quantité d'air qui reste dans les bouteilles des plongeurs.
Jonathan Allaire - Là, on a un petit problème de communication qu'il faut qu'on règle avant la plongée, pour sûr.
Musique
Jonathan Allaire - Éric, toi serais-tu au courant où serait le chargeur pour notre communication?
Éric - Non.
Jonathan Allaire - Le fil était… en expédition. L'avez-vous utilisé en expédition la dernière fois?
Éric - Pas celui-là. C'était l'autre système de communication qu'on a utilisé.
Jonathan Allaire - Celui-ci ou l'autre?
Éric - C'est celui-là. Oui.
Jonathan Allaire - Bien c'est ça, la batterie est morte dedans. Jo, sais-tu où est le chargeur pour le... Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. (Bruit de radio)
Jonathan Allaire - C'est un petit moment de panique pour savoir: qu'est-ce qui se passe? Pourquoi est-ce que c'est la communication des plongeurs, des fois le transpondeur, qui ne fonctionne pas? Donc, je suis vraiment content d'attraper cette problématique en même temps qu'on faisait des tests d'entrée à l'eau.
Jonathan Allaire - On va chercher vraiment le bon fil pour faire une recharge de notre système de communication. Qu'on puisse communiquer correctement avec nos plongeurs.
Jonathan Allaire - En fait, on a fait une plongée avec les castors ce matin. Ça se pourrait qu'il soit avec les équipements de sécurité.
Jonathan Allaire - (À la radio)Jon, pour Jacques.
Jacques - (radio) À l'écoute.
Jonathan Allaire - (À la radio)Jacques, par hasard, serais-tu au courant où il serait, le fil pour charger notre système de communication?
Jacques - (radio) Aucune idée. Je pourrais peut-être regarder dans la trousse de secours, celle avec une croix rouge dessus. Ça se peut qu'ils l'aient apporté pour la plongée des castors, mais je ne me souviens pas de l'avoir vu là.
Jonathan Allaire - (À la radio)Parfait oui, je viens juste de regarder. Je ne le trouve pas.
Jacques - (radio) Essaie de prendre l'autre système de câble. Il y en a un deuxième, avec un autre micro. Au moins, ça sera ça. L'autre, probablement qu'il va fonctionner.
Jonathan Allaire - Arrivé dans la salle de plongée, on vérifie dans les armoires, on vérifie… Il y a des câbles un peu partout. Malheureusement, on ne trouve pas le câble. Alors que je cherche pour le système de communication, ce qui me passe dans la tête constamment, c'est: est-ce que je dois annuler la plongée?
Jonathan Allaire - (À la radio) Jon pour Jo Alix, tu me reçois?
Jonathan Alix (radio) Oui, c'est 5 sur 5 Mister Jo, mon 10/10, c'est 210 bars.
Jonathan Allaire - (à la radio) 210 bars. Parfait. De ton côté Célia, ton 10/10 svp.
Cylia Civelek - (radio.) 3 4 0 0
Jonathan Allaire - (à la radio)3 4 0 0, merci beaucoup.
Jonathan Allaire - Bon, je vais te donner les tuyaux tout de suite pour aller aspirer dans le fond de l'eau. On l'a échappé belle, avec le microphone. On aurait pu annuler la plongée totalement, question de sécurité, si on n'avait aucune communication. Pour être honnête, c'est vraiment la première fois que ça m'arrive. Habituellement, c'est toujours bien chargé. Il va falloir qu'on trouve… Une chance qu'on a toujours un deuxième système de communication d'urgence, d'extra.
Musique
Jonathan Allaire - Aussitôt qu'on a une communication de la part d'un plongeur, on doit lâcher tout ce qu'on fait en ce moment, même si on est en train de laver. On communique avec les plongeurs, on s'assure que la sécurité est primordiale. Si je vois un plongeur à la surface qui s'en vient et qui vient me voir, je n'ai pas de communication. Il y a un problème, on doit le régler immédiatement ou on annule la plongée. Les plongeurs reviennent à la surface. C'est la règle numéro un.
Musique
Jonathan Allaire - Je suis en train d'indiquer le temps d'entrée dans l'eau, qui avait commencé, et environ à chaque 15 minutes, on reprend leur 10/10. Pour vérifier leur air dans leur bonbonne de plongée. Donc à chaque 15 minutes, on va faire un suivi avec les plongeurs pour s'assurer de leur consommation d'air, si jamais il y avait une fuite.
Jonathan Allaire - On va faire un autre petit check avec les plongeurs. On va leur demander en même temps leur consommation d'air, donc leur 10/10. On va commencer avec Célia en premier. (À la radio) Jon pour Célia, je pourrais prendre ton 10/10, s'il vous plaît?
Jonathan Allaire - Donc là, on vient d'appeler Célia. Célia ne m'a pas répondu. Mon coeur commence à battre un petit peu, puisque ça fait 10 secondes qu'elle n'a pas répondu comme tel. Ce qui peut arriver. C'est souvent quand la personne est en train de nettoyer, par exemple, la vitre. Donc tu es avec la ventouse dans la vitre. C'est ce que j'imagine dans ma tête, en ce moment. Elle a la ventouse dans la vitre et elle doit vérifier son manomètre. Donc des fois, c'est de s'assurer que tout est sécurisé, tout son équipement alentour d'elle.
Jonathan Allaire - (À la radio.) Jon pour Célia. Je pourrais prendre ton 10/10, s'il te plaît. Je le demande trois fois et après trois fois, je demande à l'autre plongeur.
Cylia Civelek - (radio). 2-6-0-0
Jonathan Allaire - 2 6 0 0, tu m'as bien dit ça?
Cylia Civelek - (radio). Oui.
Jonathan Allaire - Ça me stressait un peu, de pas entendre Celia pendant un bon vingt secondes. C'est quoi ton air? Des fois tu veux… OK, est-ce qu'elle m'a entendu? Tu peux répéter, mais ça peut aller jusqu'à trois fois. La troisième fois, je vais appeler l'autre plongeur, s'il m'entend. S'il ne m'entend pas, je demande immédiatement à mon secouriste de se dépêcher sur les lieux et on va aller voir devant la vitre si tout le monde va bien. Parce qu'ici, justement, on n'a aucun visuel sur nos plongeurs. On est derrière la grotte, on est derrière un mur. La seule communication, c'est vraiment avec notre système de communication, qu'on peut communiquer avec eux sous l'eau.
Musique et bruits de radio
Jonathan Allaire - Ce que Celia vient de nous confirmer, dans le fond, c'est qu'elle a localisé deux homards. La dernière plongée, moi j'en avais vu quatre. On en a un vraiment gigantesque, à la dernière plongée, qui m'a fait faire un petit saut sous l'eau, pendant que j'étais en train de nettoyer en dessous. L'autre homard est arrivé avec ses deux pinces complètement dans les airs, près de moi. Puis, tu as toujours la crainte qu'il pourrait coincer un de tes tuyaux d'air, qu'il pourrait les pincer et les couper. Mais on a toujours notre source d'air d'appoint, si jamais il arrivait quelque chose comme ça. Il y a quand même une petite crainte que tu peux avoir, même s'ils ne sont pas très dangereux.
Cylia Civelek - (Radio) Je suis rendue à cinq.
Jonathan Allaire - Pour chaque espèce de nos animaux, on va essayer de faire le plus de décomptes possibles pour se rassurer. Des fois, il peut y avoir de la prédation ou il peut y avoir une attaque par un autre homard, par exemple, qui pourrait arriver. Donc, on veut s'assurer qu'on a toujours le même nombre de homards. Puis, que tout le monde est en santé, que tout le monde va bien, qu'il n'y a pas de problématique. Des fois aussi, on peut remarquer une mue, par exemple. La mue des homards, ça va être le temps où ils vont être les plus vulnérables dans le bassin. Donc, ils vont vraiment se cacher en dessous d'un rocher beaucoup plus longtemps. Puis on va essayer justement d'aller peut-être les nourrir plus en dessous du rocher pendant qu'ils sont vraiment vulnérables.
Musique
Jonathan Allaire - Veux-tu me dire à peu près dans quelle zone tu les as localisés?
Cylia Civelek - (Paroles incompréhensibles dans la radio)
Jonathan Allaire - Parfait, merci. Elle pense qu'on aurait peut-être six homards, donc on va voir, lorsqu'elle va revenir à la surface. On va juste se faire une petite note pour les prochaines plongées, qu'on aurait six homards. À vérifier: cinq ou six. Juste à côté, on a un petit plat qu'on va mettre à part, avec un petit capelan dedans. À l'intérieur du capelan, on va mettre une vitamine pour un de nos esturgeons qu'on appelle Deux barbillons, parce que c'est le seul à qui il reste deux barbillons.
Cylia Civelek - (radio) J'ai localisé Deux barbillons. Je vais lui donner son médicament.
Jonathan Allaire - (À la radio) Parfait, j'ai bien compris. Tu as localisé le Deux barbillons, notre esturgeon pour la vitamine. Merci.
Musique
Cylia Civelek - (radio) Tout va bien, on peut monter?
Jonathan Alix - (radio) Oui, tout est beau de mon côté.
Jonathan Allaire - Parfait.
Cylia Civelek - (radio) OK. 10-4.
Jonathan Allaire - (À la radio) Jon pour Jo Alix. Plongée terminée, c'est bien ça?
Jonathan Alix - (radio) Oui, on va rentrer tranquillement Jo.
Jonathan Allaire - Parfait. Prenez votre temps. On remonte et on se revoit à la surface. Donc, s'ils s'approchent du 500 PSI, pour moi c'est une indication de: tu remontes parce que les derniers 500 PSI vont se consommer beaucoup plus rapidement dans la pression de la bouteille. On veut s'assurer que les plongeurs n'aient pas leur dernière bouffée d'air d'urgence en remontant. (À la radio) Jon pour Jacques, plongée terminée.
Jacques - (radio)10-4.
Jonathan Allaire - (À la radio) 20-80. Jon pour le 20-80. Plongée terminée au St-Laurent marin, merci. Célia, ça a bien été?
Cylia Civelek - Oui, super!
Jonathan Allaire - Pas d'étourdissement, rien de ça?
Cylia Civelek - Non, tout va bien.
Jonathan Allaire - Parfait. Tu as fait un bon décompte de cinq ou six homards, Célia?
Cylia Civelek - Oui, j'en ai confirmé six.
Jonathan Allaire - Six de confirmés, super. On va noter ça. Puis la cloche, toi Jo? Ça a bien été de ramasser toute la nourriture?
Jonathan Alix - Oui.
Jonathan Allaire - Parfait. Super. Numéro un. Belle plongée.
Musique
Jonathan Allaire - Mon travail, c'est ma passion. Ça fait très longtemps que j'avais hâte d'être technicien au Biodôme de Montréal. Tous les jours, tu dois pratiquement te pincer pour le réaliser. Oui, c'est une chance énorme qu'on a de travailler au Biodôme de Montréal.
Ce balado est une production d'Espace pour la vie, un service de la Ville de Montréal.
Avec la participation de Jonathan Allaire, Technicien en soins animaliers - plongeur et de l'équipe du Biodôme.
- Recherche, scénarisation et réalisation : Amarilys Proulx.
- Recherche musicale : Marine Fleury.
- Prise de son: Antonin Wyss.
- Montage : Mériol Lehmann
- Mixage : Simon Gauthier
Espace pour la vie, le plus important complexe en sciences de la nature au Canada, a pour mission de rapprocher l'humain de la nature et de favoriser une prise de conscience sur la nécessité de s'engager dans sa protection.