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Les jardins botaniques et la conservation

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Céanothe d'Amérique (Ceanothus americanus), une plante rare du Québec.
Photo : Jardin botanique de Montréal (Robert Mineau)
Ceanothus americanus.

Un jardin botanique

Selon la définition de Botanic Gardens Conservation International (BGCI) dans l'Agenda international pour la conservation dans les jardins botaniques (IABGC) (2000), « un jardin botanique est une institution possédant des collections documentées de plantes cultivées pour la recherche scientifique, la conservation, l'exposition et l'éducation. »

Un jardin botanique doit aussi être une institution publique ayant pris l'engagement de maintenir ses collections à long terme.

Un jardin privé, même s'il est ouvert au public, n'est généralement pas considéré comme un jardin botanique car cet engagement n'est pas certain et la vocation du jardin peut changer radicalement si le propriétaire change.

Même s'il est public, un jardin gagne à avoir une mission claire et un plan de développement précis qui guident ses administrateurs, quels qu'ils soient.

Les jardins botaniques devraient toujours posséder une documentation complète sur leurs collections, exercer un contrôle sur les plantes collectionnées et faire preuve de responsabilité dans la gestion de leurs collections.

Les collections bien documentées permettent aux jardins botaniques de supporter les botanistes et autres scientifiques en offrant la documentation et les ressources pour la recherche.

Les jardins botaniques ont trois objectifs principaux :

  • Le premier et le plus connu est un objectif récréatif. Exposition, vente de plantes, pique-nique sous les arbres, observation d'oiseaux et relaxation dans un environnement naturel sont autant de possibilités qu'offrent les jardins aux citadins comme aux touristes.
  • Le second, et très important objectif des jardins botaniques, est éducatif. Il regroupe les camps d'été pour les jeunes, les visites de groupes scolaires, les sentiers d'interprétation, les cours et les séminaires mais aussi les publications et tous les moyens permettant le partage d'informations entre les jardins botaniques et les professionnels de l'horticulture et de la botanique.
  • Finalement, les jardins ont un objectif scientifique. Depuis toujours, les jardins participent à l'étude de la botanique, de la taxonomie et de la systématique. Aujourd'hui, les domaines d'étude sont de plus en plus vastes, allant des recherches moléculaires en laboratoire au travail sur le terrain en écologie. L'accent devrait également être mis sur la conservation et l'étude de la végétation locale.

Certaines institutions sont appelées jardins botaniques pour des raisons historiques et ont surtout des objectifs récréatifs, mais nombreuses sont celles qui revoient actuellement leur mission et deviennent ou redeviennent des jardins actifs dans l'éducation, la recherche et la conservation.

Nous incluons dans le terme « jardin botanique » les arboretums et tout autre jardin à thème spécialisé dans la culture d'un type précis de plantes.

Pourquoi travailler à la conservation dans les jardins botaniques?

Bien avant qu'apparaisse le terme « biodiversité », les jardins botaniques pratiquaient des activités qui y sont aujourd'hui associées.

Ils participent à la description de nouvelles espèces et aux études menées sur celles-ci afin d'en découvrir les utilités possibles en agriculture, dans l'industrie, en horticulture ou pour la recherche.

Les jardins ont également toujours conservé des espèces de plantes sauvages rares (soit la conservation ex situ, c'est-à-dire hors du milieu naturel de l'espèce).

Les collections de végétaux des jardins sont certainement des collections de référence par excellence pour leur diversité (plus de 80 000 espèces sont représentées dans les collections des jardins botaniques du monde, soit près du tiers des végétaux connus) et pour la documentation qui y est rattachée.

Elles sont devenues avec le temps des bases de données indispensables pour la taxonomie et l'étude de la biodiversité. La première base de donnée sur la biodiversité fut d'ailleurs publiée par un jardin botanique. Il s'agit de l'Index Kewensis, une liste de plantes vasculaires publiée pour la première fois en 1890 et basée sur l'herbier des Royal Botanical Gardens de Kew en Grande-Bretagne. Cet Index est devenu un répertoire de toutes les plantes nommées et disponible en ligne sous le nom de l'International Plant Names Index (IPNI).

La documentation présente dans les jardins botaniques ne s'intéresse pas qu'à l'information sur la diversité des espèces. On y retrouve également nombre d'informations sur l'environnement, les systèmes écologiques et leur durabilité. Toutes ces connaissances contribuent à la recherche en botanique et en horticulture et elles aident à mettre en place les conventions sur la biodiversité.

Il ne faut pas oublier que dans certains pays, les jardins botaniques sont les premières, et parfois les seules, institutions impliquées dans la recherche, la collecte, la gestion et la conservation des espèces végétales rares de leur région, ainsi que celles présentant un intérêt pour l'alimentation, l'agriculture ou toute autre applicabilité économique.

Les jardins botaniques furent donc parmi les premières institutions à étudier la biodiversité. Par la somme des connaissances et de l'expertise qu'ils ont aujourd'hui accumulées, ils sont des leaders dans la recherche sur les plantes tant sauvages que cultivées, et dans la conservation. Beaucoup des nouveaux jardins qui sont ouverts le sont aujourd'hui avec comme objectif d'agir en tant que centres pour l'éducation ainsi que pour la conservation et l'étude de la flore, particulièrement les espèces indigènes de leur région.

De quelle façon un jardin botanique peut-il travailler à la conservation de la biodiversité?

Un des rôles les plus important des jardins botaniques pour la conservation est certainement l'éducation environnementale. Chaque année, plus de 150 millions de personnes visitent les jardins du monde et ont ainsi l'occasion d'entrer en contact avec la nature. Les jardins botaniques sont un milieu unique pour sensibiliser et faire comprendre au grand public l'importance de la biodiversité, pour les aider à prendre conscience des menaces qui pèsent actuellement sur elle et pour réaliser que la conservation de la nature, c'est l'affaire de chacun d'entre nous. De là l'importance, pour les jardins, de maintenir des programmes d'interprétation, d'accueillir des groupes scolaires, de présenter des expositions, etc.

Le second rôle évident des jardins botanique pour la conservation de la biodiversité est la conservation ex situ. La conservation ex situ, c'est-à-dire la culture de plantes sauvages hors de leur milieu, a plusieurs avantages, mais elle ne doit pas être vue comme un objectif en soi. Il s'agit plutôt d'un des éléments d'une stratégie globale de conservation des espèces dans leur milieu. La conservation ex situ permet d'atteindre cet objectif en fournissant du matériel pour la réintroduction d'une plante dans un milieu dégradé ou pour renforcer une population existante.

Elle permet également de soustraire les populations sauvages aux pressions des scientifiques, des horticulteurs ou des collectionneurs. En effet, la présence d'une espèce rare dans un jardin botanique la rend disponible pour la recherche scientifique, l'éducation et une possible exploitation horticole ou commerciale sans affecter les populations sauvages. La conservation ex situ peut également servir de « police d'assurance » pour les espèces en danger en créant une réserve protégée de plants d'espèces ou de populations particulièrement vulnérables. Elle peut même être la seule solution si l'habitat naturel à été détruit ou si une espèces disparaît. Les jardins botaniques sont l'endroit idéal pour pratiquer la conservation ex situ à cause de leurs installations appropriées et de leur personnel compétant en botanique et en horticulture. La conservation ex situ comprend bien sûr la culture de plante en serre ou en jardin, mais elle inclut aussi le maintien d'échantillon de graines, de pollens ou de propagules et les cultures cellulaire et tissulaire in vitro.

Un des principaux objectifs d'un jardin botanique pour la conservation peut être de travailler à la conservation de sa flore locale. Les actions dans ce sens vont de la recherche scientifique à la collaboration avec les municipalités et les organismes locaux pour la conservation ou la restauration d'habitats. Cette collaboration des jardins avec d'autres organisations joue un rôle important dans la mise en place des plans de conservation nationaux ou régionaux. Les jardins peuvent fournir les conseils d'experts, l'assistance pratique et les bases de données et de renseignements nécessaires à une bonne gestion de la flore en vue de sa conservation et de son utilisation durable.

Pour atteindre ces objectifs, il faut avant tout bien connaître la biodiversité. Les jardins botaniques sont depuis leur création impliqués dans la documentation des plantes sauvages et horticoles de partout dans le monde. Ce rôle est aujourd'hui de plus en plus élargi vers la recherche en vue de connaître non seulement les espèces végétales mais aussi les écosystèmes dans lesquels elles vivent. Les jardins botaniques sont un milieu idéal pour la recherche puisque leurs collections et leurs bibliothèques fournissent les ressources documentaires et que les installations nécessaires, tels laboratoires, serres, chambres de culture, herbier et système de gestion de données, sont présentes sur place.