En plus de se spécialiser dans la vulgarisation de l’astronomie et la diffusion des sciences auprès du public, le Planétarium a développé des axes de recherche et de collection. Les météorites constituent la collection phare du Planétarium. Composée de plus de 458 fragments provenant de 200 météorites différentes, la collection de météorites du Planétarium est la plus importante au Québec. Deux pièces de notre collection sont uniques au monde : les météorites Penouille et Chibougamau, qui ont été trouvées ici-même, au Québec. D’autres spécimens notables proviennent de la Lune ou de Mars, alors que d’autres ont marqué l’histoire de la science météoritique.
La collection de météorites du Planétarium est utilisée à la fois pour des fins de muséologie, d’éducation et de recherche. Il est important de souligner que le Planétarium est le seul musée au Québec dont les météorites constituent le principal thème de collection.
Qu’est-ce qu’une météorite?
Comme il est impossible de collecter ou de conserver des planètes, des étoiles ou d’autres corps célestes dans des réserves muséales, le Planétarium a choisi de se concentrer sur les seuls objets naturels extraterrestres que l’on puisse collectionner : les météorites.
Une météorite est un corps rocheux venu de l’espace qui a survécu à son passage dans l’atmosphère terrestre et qui est tombé au sol.
Le petit nombre de météorites connues, leur intérêt scientifique et la valeur marchande acquise au cours des 30 dernières années par une fraction d’entre elles confèrent à la collection de météorites un caractère unique lorsqu’on la compare aux autres collections des musées d’histoire naturelle. Il s’agit, en effet, à la fois d’un patrimoine utilisé pour la diffusion des connaissances et d’un irremplaçable support de recherches pour toute la communauté scientifique nationale et internationale.
Penouille
La météorite métallique de Penouille a été trouvée par un jeune garçon de 11 ans à l’été 1984 pendant des vacances familiales en Gaspésie. C’est le magnétisme et la densité de la pierre qui ont soulevé l’intérêt du jeune collectionneur. Les météorites trouvées au hasard sans que leur chute ne soit observée sont le plus souvent métalliques. La surface de ces objets est très différente de celle des roches terrestres.
Christian Couture a conservé la météorite pendant une dizaine d’années. Il a décidé de la faire analyser suite au battage médiatique entourant la chute de la météorite de Saint-Robert. Il s’est présenté au Planétarium de Montréal en 1994 pour obtenir un avis et connaître la marche à suivre. Les astronomes l’ont rapidement identifiée comme une météorite et elle a été envoyée à la Commission géologique du Canada pour une analyse complète. Le jeune homme de 21 ans a ensuite vendu sa météorite au Planétarium de Montréal.
Le Planétarium est la seule institution muséale au monde à détenir cette météorite québécoise.
Que nous apprennent les météorites?
L’étude des météorites nous permet de comprendre la formation des planètes du système solaire, dont la Terre. Elle permet aussi d’approfondir nos connaissances sur les processus qui ont permis l’apparition et le développement de la vie sur notre planète.
L’équipe du Planétarium a toujours souhaité que sa collection représente les diverses classes de météorites, soit les pierreuses, les métalliques et les mixtes, qui témoignent de différents moments de la formation de notre système solaire. Des météorites de tous les continents sont ainsi rassemblées. Le Planétarium collectionne autant les météorites complètes que celles coupées en tranches et les lames minces à observer au microscope. Dans la mesure du possible, pour les météorites complètes, le Planétarium tente d’acquérir des fragments d’au moins 100 grammes, étant donné que leur potentiel de mise en exposition est plus grand.
Le Planétarium s’est intéressé plus particulièrement aux chutes de météorites (par opposition aux trouvailles fortuites), car ce sont des pièces pour lesquelles la documentation et les anecdotes sont plus nombreuses. Pour les visiteurs, ce sont des spécimens plus évocateurs.
Le Planétarium collectionne également les tectites, ces fragments de verre fondu créés à partir de matériel terrestre lors de l’impact d’une météorite géante. Les météorites constituent le cœur de la collection, mais 40 tectites viennent s’y ajouter.
Pourquoi détecter les chutes de météorites?
La dernière chute de météorite observée au Québec est survenue il y a 25 ans, en juin 1994. Il s’agit de la météorite de Saint-Robert (spécimen ci-dessus), dont la plongée dans l’atmosphère terrestre avait fait grand bruit à Montréal et en Montérégie. Les spécialistes estiment pourtant qu’il y aurait une dizaine de météorites qui tombent sur le sol québécois chaque année. Malheureusement, la grandeur du territoire et le peu de témoins oculaires font en sorte qu’il est difficile d’observer adéquatement ces chutes et surtout de retrouver des fragments. L’essentiel des météorites tombant au Québec est à jamais perdu!
C’est pour remédier à ce problème que le Planétarium s’est récemment joint au projet FRIPON, DOMe au Québec.
DOMe (FRIPON), qu’est-ce que c’est?
DOMe est l’acronyme de Détection et Observation de Météores (Detection and Observation of Meteors en anglais). C’est le pendant canadien du réseau FRIPON. FRIPON signifie Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network (littéralement « Réseau de récupération de bolides et d’observation interplanétaire »). Derrière ce curieux acronyme se cache un programme très sérieux (www.fripon.org), dont le but principal est de retrouver un maximum de météorites. Il consiste en un réseau de caméras de type « fish-eye » qui permettent une surveillance du ciel à 360 degrés, de nuit bien sûr, mais éventuellement de jour également.
Élaboré en France par un consortium d’observatoires, de laboratoires universitaires et de musées de sciences naturelles, et financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), le projet FRIPON/DOMe compte déjà plus de 100 stations couvrant l’ensemble du territoire français et une partie des pays voisins.
Les caméras automatisées de ces stations détectent les bolides (météores exceptionnellement brillants) qui entrent dans l’atmosphère terrestre, calculent leur trajectoire et déterminent la zone de chute d’éventuelles météorites. Le cas échéant, on déploie des équipes de recherche sur le terrain afin de récupérer un maximum de fragments : c’est le volet science citoyenne, ou science participative, du projet FRIPON/DOMe. En France, cet aspect est encadré par le programme Vigie-Ciel.
Pourquoi introduire DOMe au Canada?
Grâce au soutien financier de la Fondation Espace pour la vie, le Planétarium travaille actuellement à implanter un réseau de stations DOMe au Canada. Il sera initialement constitué de 13 caméras couvrant le sud du Québec et la plaine du Saint-Laurent. Grâce à ce projet, nous souhaitons :
- découvrir de façon plus régulière (et, à terme, systématique) les météorites tombant au Québec;
- enrichir la collection de météorites du Planétarium avec des échantillons rares et non altérés (la conservation de ce patrimoine pour les générations futures et pour les recherches à venir est essentielle);
- contraindre les régions du système solaire d’où proviennent les différentes classes de météorites (évolution dynamique du système solaire, modèles de migration de planètes, lien entre météorites et astéroïdes,etc.);
- faire de la science participative en impliquant le public et en communiquant avec lui, par le biais d’une adaptation locale du programme Vigie-Ciel.
Comment sont réparties les stations DOMe?
Les stations DOMe ne sont pas disposées au hasard. Leur localisation est très importante : elle suit un maillage triangulaire d’environ 100 kilomètres de côté. Ceci permet de déterminer par triangulation la trajectoire des météores qui arrivent dans l’atmosphère terrestre au-dessus de nos régions. Pour que la triangulation fonctionne de manière optimale, la distance entre deux stations voisines doit être supérieure à 65 km, sans toutefois dépasser 120 km.
En quoi consiste une station DOMe?
Chaque station du réseau DOMe comporte une caméra munie d’une lentille « fish-eye » qui permet de voir le ciel au grand complet, sur 360 degrés; il s’agit d’une petite caméra de vidéo-surveillance insérée dans un boîtier cylindrique étanche fermé par un dôme transparent. C’est la seule composante qui est installée en plein air et exposée aux intempéries.
Un ordinateur ultra-compact, sans écran, ni clavier, ni souris, pilote l’ensemble des opérations de la station. Un logiciel analyse en continu les images fournies par la caméra et détecte les météores potentiels. En cas de détection, il communique les données pertinentes aux serveurs du réseau DOMe via Internet.
Un petit commutateur réseau sert d’interconnexion pour les divers câbles Ethernet reliés à la caméra, à l’ordinateur et à Internet. Le commutateur fournit aussi l’alimentation électrique à la caméra à travers son câble Ethernet (protocole PoE ou Power over Ethernet).
Tous ces éléments, ainsi que les blocs d’alimentation électrique et la quincaillerie nécessaire pour fixer la caméra de manière sécuritaire, sont fournis par le Planétarium.
L’équipe de recherche météorites et projet DOMe au Planétarium
- Olivier Hernandez, Ph.D., directeur, astrophysicien
- Auriane Egal, astrophysicienne
- Marc Jobin, M.Sc., astronome
- Mathieu Forcier, technicien