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Comment nourrir plus d’humains de manière saine et durable

Quelques récoltes des Jardins Lakou.
Credit: Sonia Charles
Quelques récoltes des Jardins Lakou.
  • Quelques récoltes des Jardins Lakou.
  • Jean-Philippe Vézina, maraîcher, entrepreneur social et propriétaire des Jardins Lakou.
  • Paniers bio offerts aux Jardins Lakou.
Comment nourrir plus d’humains de manière saine et durable

Jean-Philippe Vézina et les Jardins Lakou, Dunham

S’alimenter sainement sans épuiser les ressources terrestres : le grand défi auquel l’humanité est aujourd’hui confrontée. Avec son projet de ferme maraîchère, Jean-Philippe Vézina a décidé de mettre la main à la «houe» pour devenir artisan de la transition écologique. Faire pousser localement et de manière bio des légumes d’ici, des Antilles et de l’Afrique, voilà la mission originale des Jardins Lakou, où l’okra et le malanga côtoient les carottes et le chou.

Pour le jeune fermier, le changement durable débute dans l’assiette. Il souhaite éduquer les Québécois et Québécoises sur la provenance de leur nourriture : «Transformer nos habitudes de consommation s’impose face au défi climatique. Une de mes motivations est de faire une agriculture plus durable, qui respecte les écosystèmes». Pour lui, il est possible à la fois de repenser notre système alimentaire en incluant des variétés habituellement importées dans nos champs, de nourrir la population sainement et de restaurer les écosystèmes.

La transition écologique en cours doit toutefois être adaptée aux aléas du climat, de nouveaux défis dans la culture maraîchère. Jean-Philippe Vézina voit dans les champs l’impact des changements climatiques : «De plus anciens fermiers m’en parlent, c’est du jamais vu, des 30 degrés en mars, des pluies intenses suivies de sécheresses, des gels tardifs, une migration de nouveaux insectes nuisibles… Il va falloir s’adapter au manque de prévisibilité.»

Outre l’adaptation à la météo, la transition écologique passe aussi selon lui par la réduction des importations, en diversifiant la production maraîchère au Québec et en redéfinissant l’approvisionnement local pour inclure de nouveaux cultivars : «Les produits qui parcourent 3000 km et sont cueillis avant maturité ont un lourd poids environnemental au plan de l’empreinte carbone, sans compter la perte de fraîcheur et la perte nutritionnelle.»

Prendre soin de la terre et des communautés

L’autre volet des Jardins Lakou - «jardins de la cour», en créole, une pratique antillaise de culture d’un lopin de terre par plusieurs familles - est de prendre soin des communautés à travers la sensibilisation aux enjeux de santé en lien avec l’alimentation et à l’importance vitale de la biodiversité à travers des cultures agricoles respectueuses de la terre : «Il faut se rappeler que ce n’est pas pour rien que la nature a fait des milliers de variétés d’espèces, dont d’autres espèces dépendent!» La biodiversité est en effet à la source de la fertilité des sols, de la pollinisation et de la lutte contre les parasites, selon le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique des Nations-Unies.

La diversité biologique renforce les fonctions naturelles de contrôle et de régulation qui aident à gérer les ravageurs, les mauvaises herbes et les maladies. Aux Jardins Lakou, on cultive selon un mode de production bio-intensif : perturber le moins possible les micro-organismes présents dans le sol en travaillant de petites surfaces cultivables, des cultures très serrées, avec le moins de labour possible. «On cherche à conserver, voire améliorer la qualité des sols. On limite le besoin d’équipement et on utilise des engrais naturels, du compost, des filets anti-insectes et le système de compagnonnage pour éviter les insecticides nocifs.»

Respecter le cycle de la nature

À travers la distribution de ses paniers bio, il souhaite aussi éduquer à la saisonnalité des produits, au respect du cycle de la nature et à l’impact de nos choix, ici au Québec, «où l’on veut souvent tout, tout le temps et tout de suite. Il y a un coût à manger des fraises en janvier. Un coût environnemental, avec le transport et l’eau, un coût pour la santé, avec les modifications génétiques, et un coût au plan éthique, avec l’exploitation de certains travailleurs.»

Afin de participer à la préservation de la biodiversité, il travaille avec l’organisme Sème l’avenir, qui œuvre à la sauvegarde des semences patrimoniales. «Tout légume débute avec une semence! Mais c’est un défi d’en trouver certaines, qui doivent être importées.» La main mise des grands industriels semenciers, détenteurs de brevets, rend difficile l’autonomie de production. C’est pourquoi, conclut-il, encourager en particulier les petites et moyennes fermes du Québec et acheter le plus possible ce qui pousse ici est un pas de plus dans la transition écologique.

Espace pour la vie et l'Université de Montréal vous invitent à vous questionner sur comment s'alimenter sainement sans épuiser les ressources terrestres dans le contexte des changements climatiques: apprenez-en davantage grâce à Chemins de Transition et ses ateliers citoyens.

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