- 20 Mai 2020 - Insectarium : Éducation, Actualités entomologiques, Expérience
Les pollinisateurs sont essentiels pour nos potagers, favorisant significativement la production de plusieurs de nos fruits et légumes favoris. Les nichoirs à pollinisateurs peuvent contribuer à augmenter la population locale de certaines espèces utiles et sont un bon moyen pour faire découvrir à la famille ces alliés méconnus!
Une communauté diversifiée
Plusieurs groupes d’abeilles solitaires sont d’excellents pollinisateurs et peuvent être attirés au potager. Ces insectes recherchent essentiellement deux éléments : une source de nourriture, soit des fleurs, et un endroit approprié pour faire leur nid. Beaucoup espèces d’abeilles solitaires utilisent des tiges creuses ou des galeries creusées dans le bois par des larves de coléoptères pour pondre leurs œufs. La femelle construit une série de niches au long de la galerie. Dans chacune de ces niches, elle pondra un œuf et accumulera des réserves qui serviront de nourriture pour la larve. Les différents groupes d’abeilles solitaires se distinguent entre autres par les substrats utilisés pour faire leur nid et pour construire ces niches. Dans les nichoirs à pollinisateurs, on retrouvera surtout les abeilles maçonnes (Osmia), les découpeuses de feuille (Megachile), les charpentières (Xylocopa) et les cotonnières (Anthidium).
Des matériaux faciles à trouver autour de la maison
Les matériaux pouvant servir à construire son nichoir à pollinisateur sont faciles à trouver autour de la maison. De nombreuses plantes produisent des tiges creuses qui, une fois séchées, peuvent être coupées en segments d’une quinzaine de centimètres de longueur. C’est le cas de beaucoup de graminées, dont les phragmites, de même que les hampes florales d’hémérocalles ou les bambous utilisés parfois comme tuteurs. Des tiges de framboisiers, qui ne sont pas creuses, mais dont le centre est constitué d’une moelle de faible densité, peuvent également être utilisées. D’autres espèces d’abeilles feront plutôt leur nid dans le bois. On peut donc couper des branches ou des troncs en segments et y percer des trous. Le diamètre des tiges ou des trous a une influence directe sur le type d’abeille s’en servira. Des diamètres variant de 3 à 12 mm couvrent la grande majorité des espèces qui visitent nos potagers. Ces tiges peuvent être réunies dans une structure faite en bois ou, par exemple, dans une boîte de conserve qui protégera le tout des intempéries.
Des précautions à prendre
Quelques études ont été réalisées sur l’utilisation de ces structures par les abeilles solitaires et sur leur impact sur les populations. Les nichoirs à pollinisateurs peuvent permettre une augmentation de la population locale d’abeilles solitaires qui est bénéfique pour le jardin. Cependant, un regroupement de nids présente une densité bien plus élevée que ce qu’on observe en nature, ce qui augmente les risques d’infection ou de parasitisme. Pour maximiser l’effet bénéfique du nichoir, il est important de remplacer les vieilles tiges par de nouvelles à chaque année, qu’elles aient été utilisées ou non. Il faut aussi bien nettoyer la structure qui reçoit les tiges. Finalement, le choix de l’emplacement du nichoir est primordial; on privilégiera les endroits ensoleillés et à l’abri des vents dominants.
Bien que les impacts bénéfiques de nichoirs à pollinisateurs pour le jardin soient bien documentés, leurs impacts sur la biodiversité locale et régionale restent à être déterminés. Certaines études suggèrent que les espèces introduites, plus généralistes, sont les premières à bénéficier de ces installations. L’Insectarium de Montréal lancera au cours de l’été 2020 un projet visant à mieux connaître les espèces bénéficiant de ces structures.