- 10 Février 2021 - Espace pour la vie : Gestes verts, Développement durable
Et si l’on se projetait en 2040, quels chemins devrions-nous emprunter pour que la société se porte bien ?
C’est ce genre de réflexion qui est à la base du projet Chemins de transition, une démarche à laquelle Espace pour la vie et l’Université de Montréal invitent les citoyens et citoyennes à évaluer des recommandations d’expert.e.s sur des sujets liés à la transition écologique au Québec. Le projet mobilise les savoirs de plusieurs disciplines, et de multiples acteur.rice.s, afin d’identifier collectivement les chemins qui ont le potentiel de mener la société québécoise dans une trajectoire plus souhaitable vers cette transition. Le projet Chemins de transition est structuré autour de trois grands défis: la transition numérique, s’alimenter sans épuiser les ressources terrestres et le défi d’occuper le territoire de façon sobre et résiliente.
À l’automne dernier, des ateliers citoyens virtuels ont réuni une cinquantaine de participant.e.s à qui l’on présentait les résultats des travaux et consultations effectuées auprès d’expert.e.s sur la convergence de la transition numérique et écologique. Ces ateliers ont été une occasion de prendre connaissance des enjeux à venir et des choix à faire pour arriver à un futur qui serait à la fois favorable et équitable pour tous et toutes.
Le numérique, pollution invisible
« Notre consommation numérique produit deux fois plus de gaz à effet de serre que le secteur aérien », précisait Mélanie McDonald, responsable du projet pour l’Université de Montréal, au cours de ces ateliers. Non seulement les données internet sont consommées comme jamais auparavant, mais nous multiplions sans cesse l’acquisition d’équipements numériques. Saviez-vous que selon Les Shifters Montréal, chaque Canadien.ne utiliserait trois fois plus de données par année que la moyenne mondiale ? Le groupe s'appuie sur les chiffres d'un rapport de l'entreprise Cisco, qui prévoit qu'en 2021, la consommation annuelle individuelle au Canada monterait même à 1711 Go/an, contre 426 Go/an pour la moyenne mondiale, et 1065 Go/an en Europe de l'Ouest. Pour les Canadiens, cela représenterait jusqu'à 71 journées entières passées sur Netflix! Cette utilisation grandissante des outils technologiques a des conséquences environnementales majeures. Ces statistiques mettaient donc la table pour de fructueux échanges. Premier constat : difficile d’ignorer l’empreinte écologique du numérique.
Le numérique, un enjeu collectif
Tout aussi préoccupante, la question de l’accessibilité au numérique a été soulevée. Les participant.e.s ont été invité.e.s à évaluer certaines pistes de solution proposées telles que :
- la mise en commun des ressources (au sein des bibliothèques, des condos et des entreprises par exemple) ;
- la création d’un conseil québécois du numérique ;
- la mise en place d’un système d’écotaxe basé selon la consommation et les besoins au profit d’un fond vert numérique ;
- sensibilisation et éducation en lien avec les opportunités et les défis de la transition numérique.
Les discussions ont fait ressortir que chaque choix aura une incidence sur un groupe ou un secteur de la société et qu’il sera difficile de faire valoir les droits des un.e.s sur ceux des autres. Une chose est certaine, si l’on veut continuer à utiliser les outils numériques dans un contexte de crise écologique, il faut commencer à agir dès maintenant et tenter de diminuer, entre autres, la consommation inutile. Mais ce qui est inutile pour une personne peut s’avérer essentiel pour l’autre ! Quel est le bon usage du numérique versus un mauvais usage? Pas si simple...
Choix responsables
Il est clairement ressorti que la réussite de faire converger transition écologique et numérique repose en partie sur les choix de chaque citoyen.ne. Et les comportements préconisés pour réduire la consommation à la source ont aussi été rappelés comme constituant une partie de la solution : faire réparer au lieu de remplacer, et acheter des appareils reconditionnés ou, au minimum, qui respectent les 3RV (réduction à la source, réemploi, recyclage, valorisation). Il y a des classiques indélogeables !
Il faudra définitivement faire plus que changer nos habitudes, et plus tôt que tard. Les échanges ont été riches et les solutions existent. Mélanie McDonald soulignait l’importance d’engager les forces de toute la société québécoise sur le débat de la transition écologique. D’où l’importance de créer des lieux d’échange avec les citoyens. Ces ateliers constituent une bonne façon de le faire !
La société sera profondément transformée par la crise écologique et nous avons la possibilité de choisir au moins en partie plutôt que de subir les conséquences de cette transformation. Prenons les devants !
L’équipe de Chemins de transition travaille actuellement sur les défis écologiques reliés à l’alimentation et à la gestion du territoire. Espace pour la vie vous proposera d’ailleurs deux séries d’Ateliers citoyens correspondantes dès ce printemps. Restez informé.e.s.