- 20 Mai 2011 - Biodôme : Portrait d'animal
L’après-midi s’achève. La nuit tombe. Il se réveille.
Il dormait, roulé sur lui-même dans la fourche la plus élevée d’un arbre. La faim le tenaille, il lève la tête, tend le bras lentement pour atteindre une branche qu’il tire vers lui. Avec ses lèvres rugueuses, il en arrache une feuille qu’il commence aussitôt à mastiquer. Il se décide finalement à se déplacer. Il allonge ses longs bras pour atteindre une branche qui semble bien fragile, mais il prend le temps de s’assurer de la solidité de ce support. Il a maintenant les quatre membres étirés dans des directions différentes, puis, comme un maître de Tai-chi, il fait preuve d’une grande force «tranquille» pour se mouvoir à l’horizontale supporté par deux membres en complète extension. Il passe d’un arbre à l’autre avec une évidente facilité.
Les astuces du camouflage
Comme à son habitude, il se balade suspendu sous les branches des arbres, le dos vers le bas. Il pleut? Sa fourrure est séparée sur le ventre et orientée vers le dos ce qui permet un bon égouttement de l’eau. Un ocelot, un gros félin, passe par le même arbre, mais ne le remarque pas, car il le prend pour un nid de termites contre le tronc de l’arbre. Des algues vertes croissent dans sa fourrure ce qui accentue son camouflage. Une myriade de petits invertébrés vivent dans cette toison dont plusieurs se nourrissent de ces algues. Il devra descendre au pied de l’arbre cette nuit pour libérer ses intestins comme il doit le faire environ une fois par semaine.
Merveilleusement adapté à la vie dans les arbres
Le paresseux à deux doigts (Choloepus didactylus), tout comme les cinq autres espèces de paresseux, est une merveille d’adaptation à la vie dans les arbres. De longues griffes pour se suspendre et se défendre; une agilité et une force surprenante et un camouflage presque parfait. Il ne voit ni n’entend très bien. Il se fie plutôt à son flair pour détecter les arbres dont les feuilles, les fleurs et les fruits lui conviennent le mieux. Il ne dédaignera pas avaler un insecte, un œuf ou un oisillon à l’occasion.
Son alimentation ne lui procurant pas beaucoup d’énergie, il est expert en économie : la température de son corps varie entre 30 et 34 degrés 0C selon la température extérieure. Les autres mammifères ont tous une température interne stable et plus élevée. Autour de 37 degrés comme nous. Il ne se déplace que pour ses besoins essentiels et se repose souvent. Parfaitement intégré à la vie nocturne de la forêt tropicale d’Amérique latine, sa destinée dépend de l’état de celle-ci. Alors paresseux, le paresseux?