- 22 Mars 2016 - Biodôme : Recherche scientifique
Un briquet qu’on jette négligemment au sol, une bouteille vide laissée en bordure de la route, un sac d’épicerie saisi par le vent, autant de gestes en apparence anodins, mais trop souvent répétés. Tout ce plastique est là pour rester, car il est éternel. Il se fragmente en morceaux de plus en plus petits, jusqu’à devenir du microplastique.
Le plastique qui se retrouve à la mer fait beaucoup de dommages. On connaît le drame des oiseaux de mer, des baleines et des tortues morts après avoir avalé par erreur des objets de plastique. Une nouvelle menace prend forme dans nos océans, celle des microplastiques.
Origine des microplastiques
Le microplastique peut avoir de nombreuses origines. Selon l’océanographe François Galgani, 90 % de celui-ci proviendraient de la fragmentation de plus gros morceaux.
Mais de nouvelles sources continuent à être identifiées. Ainsi, on a découvert ces dernières années que des microbilles de plastique de moins de 1 mm étaient ajoutées à plusieurs produits cosmétiques comme agents exfoliants. Après usage, ces microbilles se retrouvent telles quelles dans nos cours d’eau. Ainsi, en 2013, une équipe de l’Université McGill en a retrouvé par hasard un peu partout dans le fleuve Saint-Laurent. Les avis divergent sur leur origine, car ces microbilles sont aussi utilisées comme matériel de base dans l’industrie des plastiques et pourraient donc être le résultat de rejets industriels.
Est-ce que notre toilette du matin peut maintenant être considérée comme un acte de pollution? Aux Pays-Bas, le mouvement Beat the Microbead prône le remplacement des microbilles de plastique par des produits naturels (comme les dérivés de noyaux d’abricots). On pointe aussi du doigt notre lessive comme source de microfibres de plastiques (polyesters, nylon, etc.).
Des confettis qui tuent
Les petits animaux marins qui vivent dans ou près des sédiments ingurgitent naturellement de l’argile ou du sable fin, qui est ensuite rejeté avec les excréments. Qu’en est-il des microplastiques?
Une abondance de fibres synthétiques dans l’intestin peut facilement provoquer un bouchon qui ralentit, voire bloque le passage des aliments.
Encore plus inquiétant, c’est la capacité qu’ont les plastiques d’attirer et de concentrer de grandes quantités de produits toxiques (BPC, BPA, etc.) présents dans l’eau. Il a été démontré que ces produits pouvaient être transférés du microplastique aux tissus de l’animal et nuire à sa santé. Pire encore, ces contaminants peuvent alors remonter la chaîne alimentaire en se concentrant de plus en plus… jusqu’à nous.
Que contiendra notre assiette dans les prochaines années? Bien des études restent à faire à ce sujet, mais par principe de précaution, cessons d’alimenter cette soupe de plastique avant qu’elle ne soit à notre menu.
Liens intéressants
- How plastic microbeads are causing big problems
(vidéo en anglais sous-titrée en français) - Ocean Confetti!
(vidéo en anglais sous-titrée en français) - Le fleuve menacé par le plastique
(reportage de Radio-Canada)