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Les monarques et les asclépiades, une relation complexe

Chenille de monarque sur des feuilles d'asclépiades.
Credit: Espace pour la vie (André Sarrazin)
Chenille de monarque sur des feuilles d'asclépiades.
  • Chenille de monarque sur des feuilles d'asclépiades.
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Les monarques et les asclépiades, une relation complexe

Le papillon monarque dépend de l'asclépiade pour survivre, car cette plante constitue la seule source de nourriture des chenilles. Voilà un système qui semble bien simple... mais il n'en est rien! Plusieurs études ont démontré que les interactions entre ces deux organismes sont bien plus complexes qu'ils en ont l'air. Génération après génération, les asclépiades ont développé des stratégies défensives contre les herbivores alors que les monarques ont développé des stratégies d'exploitation pour déjouer les défenses de ces plantes coriaces! Ainsi, depuis des millions d'années, ces derniers participent à une véritable course aux armements (d'un point de vue évolutif bien entendu).

Une plante très peu appétissante

La majorité des plantes possèdent des mécanismes de défense contre les herbivores. Ne pouvant pas fuir lorsqu'elles se font manger, les plantes ont acquis d'autres stratégies intéressantes pour se protéger. Pour ce qui est de l'asclépiade, cette plante a recours à trois grands mécanismes de défense : 1) la présence de trichomes (poils) qui agissent comme une barrière physique, 2) la production de cardénolides (molécules stéroïdes) qui sont toxiques pour une grande partie des animaux et 3) la production de latex, un liquide blanchâtre épais qui est à la fois une barrière physique (le latex s'assèche et devient collant une fois exposé à l'air) et une substance toxique (car on y retrouve aussi une importante concentration de cardénolides). Ces trois mécanismes ont réussi à dissuader un bon nombre d’espèces animales de s'alimenter d'asclépiade. Les cardénolides peuvent être mortels s’ils sont consommés en grande quantité (ce qui a été le cas pour plusieurs ruminants en élevage comme les bovins, les moutons et les chevaux). Toutefois, certaines espèces sont capables de passer outre les défenses de cette plante, dont le monarque!

Une source d'alimentation essentielle pour le monarque, mais pas moins risquée!

L'asclépiade constitue l'unique source d'alimentation des chenilles de monarque, mais cela n'est pas sans risque. En effet, ce papillon est parvenu, durant son évolution, à trouver le moyen de percer les défenses de l'asclépiade, allant même jusqu’à incorporer les cardénolides dans ses propres tissus afin de bénéficier, à son tour, d'une protection grâce à ces toxines (en lire plus sur le site web de Mission monarque). Quant aux poils présents sur les feuilles, les chenilles de monarque vont commencer par « tondre la pelouse » avant de se nourrir des tissus de la plante. En effet, elles ne vont pas manger le poil, seulement les retirer pour mieux se déplacer et se nourrir. Bien que ces défenses ne tuent pas les chenilles, elles vont leur nuire et les ralentir, les exposant davantage à d'autres dangers. Le latex des plants d'asclépiades peut également être létal, surtout pour les jeunes chenilles. Sur certaines espèces d'asclépiades, 30 % des chenilles venant d'éclore meurent engluées dans le latex alors qu'elles tentent de se nourrir. Afin d'éviter ce triste sort, les chenilles ont développé quelques trucs. Elles vont créer une tranchée circulaire autour d'elles même afin de couper l'écoulement du latex. Ainsi, elles peuvent ensuite s'alimenter sans craindre de se faire engloutir dans ce liquide visqueux. Les chenilles plus âgées, quant à elles, utilisent une stratégie différente. Ces dernières coupent l'écoulement à la source en sectionnant une partie du pétiole à la base des feuilles. Impressionnant comment le monarque a réussi, au cours de son évolution, à adapter son comportement et son métabolisme pour arriver à exploiter l'asclépiade.

Une relation fascinante qui est encore étudiée à ce jour

Plusieurs scientifiques s'attellent toujours à mieux comprendre les interactions complexes qui existent entre le monarque et sa plante hôte. Plus on en découvre sur ces deux espèces, mieux on arrive à comprendre comment les herbivores et les plantes interagissent ensemble. Ceci n'est pas futile, car ces connaissances nous aident à prendre des décisions plus éclairées (et plus respectueuses de l'environnement) dans plusieurs domaines dont la foresterie, l'agriculture et même la conservation d'espèces et d'habitats. En protégeant le monarque et l'asclépiade, on protège aussi une panoplie de connaissances. Nous vous remercions de contribuer à la protection de monarque en participant au programme Mission monarque. Vous contribuez ainsi à la protection du savoir!

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