Résumé de l'épisode
En pleine Guerre froide, une étudiante irlandaise, Jocelyn Bell, a capté un signal étrange dans le ciel, les pulsars. Sa découverte a révolutionné l’astronomie. Pourtant, ce n’est pas elle, mais son professeur, qui a récolté la gloire. De par sa condition de femme dans un milieu masculin, elle a dû apprendre à contrôler de près ses émotions. D’après Natalie-Ann Roy et Geneviève Morand, co-directrices littéraires, n’est-il pas le temps de libérer la colère?
Transcription de l'épisode 2 - Jocelyn Bell
Texte de l'exposition
En 1967, l’étudiante au doctorat Jocelyn Bell détecte un signal radio récurrent dans des données qu’elle doit analyser. Une anomalie qui, selon elle, vaut la peine d’être étudiée, malgré ce qu’en dit Anthony Hewish, son directeur de thèse, qui est convaincu que le signal provient simplement d’une interférence humaine. Le pulsar était découvert.
Pulsar : étoile à neutrons tournant très rapidement sur elle-même, et qui émet un très fort rayonnement électromagnétique.
En 1968, un article publié dans la revue Nature (où Bell est citée comme deuxième autrice) relate la découverte des pulsars suite à l’analyse des données de Jocelyn. En 1974, Anthony Hewish et leur collègue Martin Ryle obtiennent le prix Nobel de physique. Le premier « pour son rôle décisif dans la découverte des pulsars » et l’autre « pour ses observations et inventions sur les techniques d’observations ».
Il est souvent beaucoup plus facile d’excuser un comportement ou une action sexiste que de le nommer et le souligner. Jocelyn Bell dira elle-même que pratiquement aucun étudiant ou étudiante ne reçoit de prix Nobel : ce sont toujours les directeurs de thèse qui portent la responsabilité des projets, quand ils fonctionnent, mais aussi quand ils échouent. « Normal » que les récompenses leur reviennent…
Peut-être. Après tout, Jocelyn Bell a reçu plusieurs autres distinctions qui soulignent ses découvertes scientifiques au cours de sa carrière. Sauf que si l’étudiante en question avait été un homme, est-ce qu’on lui aurait demandé de parler de ses amours ou de la couleur de ses cheveux en entrevue? De détacher des boutons de chemise pour les photographes? Est-ce qu’à l’époque une femme aurait réellement pu clamer haut et fort sa déception d’être ignorée?
« Une des choses que les femmes apportent dans un projet de recherche — en fait, dans n’importe quel projet — c'est qu’elles viennent d’ailleurs, que leurs antécédents sont différents. La science est nommée, développée, interprétée par des hommes blancs depuis des décennies. Or, les femmes considèrent les idées reçues sous un angle légèrement différent, ce qui leur permet parfois de déceler les failles dans la logique, les défauts dans le raisonnement; elles amènent une perspective différente sur ce qu'est la science. »